Le vendredi 14 juin, a été sans contestation aucune marqué par la prise de position, courageuse, du président provisoire de la République Moncef Marzouki qui, après avoir reçu à Carthage des experts en droit constitutionnel, suivis d’une délégation de députés mécontents contre le projet de Constitution élaboré par et pour Ennahdha, a déclaré qu’il allait s’abstenir de promulguer ledit texte dans sa copie actuelle. Et encore une fois, Moncef Marzouki, fait preuve d’un courage exemplaire en laissant de côté ses propres intérêts et ses convictions d’allié de choix d’ennahdha, pour oser se lever, lui faire face et lui dire tout haut : « Non ! Il n’est pas d’accord sur ce grotesque projet de constituante» !

La liberté d’expression semble décidément bien mal en point en Tunisie. Le 13 juin 2013, le rappeur Alaa Eddine Yacoubi, connu sous le nom de Weld El 15, a été condamné à deux ans de prison ferme. Sa chanson et son clip Boulicia Kleb («Les policiers sont des chiens») se sont attirés les foudres de la justice tunisienne : le chanteur était poursuivi pour «outrage à un fonctionnaire», «outrage public à la pudeur» ainsi que «complot formé pour violences sur un fonctionnaire et appel à la rébellion». D’après son avocat, qui espère l’indulgence de la cour, «les chefs d’inculpation ne tiennent pas la route (…) puisqu’il a tenu ses propos via une vidéo artistique et non pas face à un policier, en l’insultant directement». Mais le juge chargé de s’occuper de l’affaire est remplacé à la dernière minute, ce qui «ne présage rien de bon», craint l’avocat.

La veuve de Chokri Belaïd, Basma Khalfaoui, considère que le ministère de l'Intérieur traite l'affaire de l'assassinat de son mari «avec un manque de sérieux, de célérité et d'efficacité». Selon elle, «il n'y a rien de nouveau dans l'affaire de l'assassinat de l'ancien secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (Ppdu)». La veuve de Chokri Belaïd affirme «subir avec ses deux filles des pressions directes au quotidien», précisant qu'elle est constamment, poursuivie par des voitures là où elle va avec ses filles, sans savoir si ces véhicules relèvent du ministère de l'Intérieur ou d'autres partis.

Trois mois pour atteinte à la pudeur, 16 jours pour violation de bonnes moeurs et 15 jours pour troubles à l'ordre public : en total, une peine de prison de 4 mois et un jour que viennent d'écoper les trois militantes européennes du réseau de protestations féministe Femen. Les trois Femen sont de nationalités française et allemande. Elles ont été interpellées le 29 mai dernier alors qu'elles manifestaient seins nus devant le Palais de justice de Tunis réclamant la libération de la jeune Amina Sboui, la première Femen de nationalité tunisienne.