Le Brésil et l’Afrique : La découverte du Brésil par les Portugais du Cap Vert... avant la avant la découverte officielle

C’est en naviguant depuis les Iles du Cap Vert que les Portugais ont découvert le Brésil. Mais cela il le cacheront pendant longtemps, pour éviter que les Espagnols n’en profitent pour les devancer sur la route des Indes. Ceci en utilisant les courants favorables qui guident facilement du Brésil vers l’Afrique du sud et l’Océan indien.

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Les Portugais revendiquèrent la découverte du Brésil en avril 1500, lorsque Pedro Alvarez Cabral aperçut l’Amérique du Sud, au cours du deuxième voyage portugais vers les Indes. Toutefois des manuscrits du début des 15ème et 16ème siècle indiquent que les Portugais connaissaient déjà l’existence du Brésil. Pourquoi en auraient-ils alors fait un secret ? La réponse se trouve dans la compétition qui se livrait avec l’Espagne à la fin du 15ème siècle pour trouver les Indes. Pendant que les Portugais cherhaient leur route en navigant sur l’Atlantique pour contourner l’Afrique du Sud, les Espagnols et Christophe Colomb avaient choisi de regarder du côté des Caraïbes. Pour comprendre donc pourquoi les Portugais ont atteint le Brésil et l’ont tu, il est nécessaire de se plonger dans les plans secrets du Portugal visant à empêcher l’Espagne de le précéder dans la découverte des Indes.

Au début des années 1420, Prince Henri le Navigateur du Portugal a envoyé ses navires le long des côtes de l’Afrique de l’Ouest. Il ne cherchait par la voie des Indes, mais voulait découvrir la limite des territoires musulmans ainsi que la source de l’or de l’Afrique de l’Ouest et forger une alliance avec le royaume chrétien d’Ethiopie. Son but était de former une alliance militaire l’Ethiopie chrétienne, construire un barrage sur le Nil pour transformer l’Egypte en désert et sceller une alliance entre Chrétiens européens et africains pour détruire l’islam. Leurs forces traverseraient la Mer Rouge et saccageraient La Mecque. [1]. Le prince Henri n’a jamais détruit La Mecque ; il est mort en 1460, l’année même où ses marins ont découvert les îles inhabitées du Cap Vert, au large des côtes du Sénégal.

La quête portugaise des Indes a débuté en 1481, lorsque le roi João II est monté sur le trône. Qualifié en géographie, cosmologie, cartographie, mathématiques et sciences maritimes, il a dédié son règne à la découverte des Indes. Naviguer vers les Indes enrichirait son pauvre pays grâce au transport des épices, médecines, soies et pierres précieuses asiatiques, contournant ainsi les intermédiaires musulmans et italiens qui monopolisaient le commerce provenant des Indes.

Dès son accession au trône, João II a construit la forteresse d’Elmina sur la Côte de l’Or, le Ghana actuel. Elmina a fourni des tonnes d’or qui ont servi à financer la quête des Indes. Avec la colonie du Cap Vert, ils formèrent des bases maritimes pour les navires qui descendaient la côte de l’Afrique de l’Ouest. [2] En 1482, Diego Cão navigua du Portugal au Congo et en 1487 Bartholomeu Dias atteignit l’Afrique du Sud et l’Océan indien. Les deux navires s’étaient arrêtés à Elmina. [3]

En 1488, Bartholomeu Dias retourna au Portugal après avoir contourné l’Afrique du Sud et navigué sur l’Océan Indien, montrant ainsi la voie des Indes. Sauf que la route passant par la côte de l’Afrique de l’Ouest était trop lente pour être économiquement profitable. Le roi João II voulait une route plus rapide pour atteindre l’Océan Indien. C’est ainsi qu’il décida d’établir des lignes maritimes passant par l’Atlantique Sud. L’utilisation des îles du Cap Vert et de la forteresse Elmina, les bases portugaises les plus proches de l’Afrique du Sud, étaient un choix avisé.

Etablir la carte de l’Atlantique Sud représentait un extraordinaire défi maritime. En effet, les bateaux naviguant au sud de l’équateur perdaient de vue les constellation du ciel de l’hémisphère nord. De plus ils rencontraient des vents et courants Atlantiques différents de ceux du nord de l’équateur. A la différence de l’Atlantique au nord de l’équateur, l’Atlantique sud n’avait pas d’archipels et des ports sûrs où des navires pourraient jeter l’ancre, obtenir de l’eau douce et se ravitailler en victuailles et autres. Les Açores, les Canaries et le Cap Vert facilitaient le passage des bateaux parce que ces archipels étaient constitués de nombreuses îles éparpillées dans un vaste secteur de l’océan Atlantique. Ceci manquait à l’Atlantique Sud où les grands voiliers qui naviguaient suivant leurs estimations se perdaient facilement. [4] Les marins portugais qui cartographiait l’Atlantique sud devaient aussi découvrir les nouveaux courants qui allaient au sud depuis l’équateur et ensuite vers l’Est à la latitude de l’Afrique du Sud. Ces courants ne se trouvent qu’au large de la côte du Brésil.

LA PREUVE DES VOYAGES PORTUGAIS SECRETS DEPUIS LES ILES DU CAP VERT - 1491 A 1493

La première indication que les Portugais naviguaient secrètement depuis les îles du cap Vert vers le Brésil a surgi au cours de la décennie 1488-1498, après que Bartholomeu Dias soit revenu d’Afrique du Sud et que le Portugal a atteint les Indes. Au cours de cette décennie de silence, les archives portugaises ne font aucune mention d’un voyage exploratoire dans l’Atlantique sud. Il est inconcevable qu’après le retour de Bartholemeu Dias d’Afrique du Sud en 1488, le roi João II du Portugal ait change le nom de Cap des Tempêtes en Cap de Bonne Espérance pour ensuite abandonner la recherche des Indes. Pouvons-nous croire qu’en 1497-1499, Vasco da Gama a navigué du Portugal aux Indes et retour, sans faire de relevé cartographique de sa route ?

Une recherche dans les archives portugaises de cette décennie de silence (1488-1498) révèle que de nombreux manuscrits ont mystérieusement disparu.

Au début du 20ème siècle, "Braamcamp Freire a publié une liste des documents qui ont survécu à la chancellerie de D. João II (chancelaria real), contenue dans les archives des Torre do Tombo, à partir du 3 octobre 1481 (D. João a accédé au trône le 28 août de cette année). Mais tous les documents de 1485 manquent et le dernier document sur la liste est daté du 11 décembre 1492. Le roi est mort le 25 octobre 1495. Mais tous les documents de 1493, 1494 et 1495, c'est-à-dire les dernières années de son règne, alors qu’il était justement occupé avec le dernier stade de la préparation de la découverte de la route maritime des Indes, sont aussi manquants". [5]

Bien que ces documents aient disparu des archives nationales portugaises, d’autres manuscrits décrivent les voyages portugais à travers l’Atlantique. Le même chercheur, Braamcamp Freire, a découvert aux Archives nationales des Tore do Tombo, à Lisbonne, deux paquets de document de la fin du 15ème siècle, faisant référence aux biscuits fournis à de nombreux navires avant qu’ils ne lèvent l’ancre à Lisbonne, qui ont été publiés et commentés. Quatre-vingt dix-huit de ces documents sont datés de 1488 et de 1489. Cinq d’entre eux portent la date de 1490 et trois autres de 1494. Ils font référence à 80 flottes et navires individuels, le plus souvent des caravelles, qui se rendaient en divers endroits le long de la côte africaine entre le Maroc et le Congo. [6]

Les biscuits cuits dans les fours royaux au Portugal nourrissaient les marins au long court - les voyages Atlantique-, qui les trempaient dans le vin. Des documents concernant de telles flottes apparaissent dans les chroniques du roi João II (1481-1495). En 1489, un prince musulman du nom de Bemoym a renoncé à l’islam et s’est converti au christianisme après que le roi João l’eût informé qu’il ne pourrait recevoir de l’aide militaire du Portugal que s’il devenait chrétien [7] Suite à la conversion de Bemoym, João II a envoyé une flotte en Afrique de l’Ouest, manifestement pour l’aider à vaincre son frère et prendre le contrôle du royaume Wolof. Mais juste avant que la flotte n’atteigne le Sénégal, le commandant portugais tua Bemoym qu’il avait accusé de trahison. De nombreux navires de cette flotte ont pénétré l’Atlantique Sud. Du fait que le roi João II n’a pas réprimandé le commandant Vero Vaaz da Cunha, il est possible qu’il ait utilisé Bemoym comme agneau sacrificiel afin d’envoyer la flotte portugaise cartographier secrètement l’Atlantique sud. [8]

D’autres preuves de voyages portugais dans l’Atlantique sud, au cours de la décennie du silence (1488-1489), proviennent des îles portugaises du Cap Vert. Le roi João II est mort en 1495. Un an plus tard, son successeur, le roi Manuel I (1495-1521), procéda à un audit des comptes de la colonie du Cap Vert. Il s’est aperçu qu’il n’y avait pas de revenu royal pour les années 1491, 1492, et 1493. Les contrôleurs royaux déclarèrent que les fonctionnaires des douanes avaient récolté beaucoup d’argent et d’articles pour équiper et faire des provisions pour les navires, c'est-à-dire : 49 bombards et laxartixas (petites armes à feu et petits cannons), deux tonneaux de poudre, des linceuls, des barres de fer, des voiles, des ancres, des « fogareos » (torches), des chaînes métalliques, des « cabels », des rames pour les caravelles et des barques, une vielle barque et deux vieilles coques de bateaux et 29 tonneaux à eau vides. [9]

Les fonctionnaires des douanes du Cap Vert ne prélevaient pas des coques de bateaux en guise de taxe. Par conséquent, il est probable que les coques de bateau appartenaient à la couronne. De plus, le contrôleur royal rapporte "879 quintaux et demi de caisses de biscuits qui lui ont été envoyés depuis le Portugal". [10] Ce qui correspond à 52 740 kilogrammes, suffisamment pour ravitailler des flottes de navires. [11] Le contrôleur royal conclut que toutes les taxes et marchandises ont été utilisées pour des projets inconnus du roi João II. Ceci suggère que le roi João II a utilisé sa colonie du Cap Vert comme base navale ravitaillant les voyages secrets dans l’Atlantique

LE ROI JOÃO II ORIENTE SES VOYAGES SECRETS DEPUIS LE CAP VERT VERS LE BRESIL

Christophe Colomb a déclaré que le roi João II lui avait dit qu’il existait un continent au delà des îles portugaises du Cap Vert et que c’était la raison pour laquelle il a navigué jusqu’à l’atteindre, en 1798, lors de son troisième voyage aux Amériques. [12] Lorsque Colomb a atteint les îles du Cap Vert, il a écrit dans son journal de bord : « Certains habitants principaux ont dit ( à Colomb) qu’une île mystérieuse est apparue au sud ouest de Fogo, que le roi João II voulait découvrir, et vers laquelle se dirigeaient des canoës remplis de marchandises provenant de la côte de l’Afrique de l’Ouest. [13]

Ceci suggère que le roi João II a envoyé des navires depuis les îles du Cap vert vers le Brésil. Colomb communiquait grandement avec le roi portugais. Il a rencontré le roi pour la première fois en 1485, lorsqu’il lui a proposé de se rendre aux Indes pour le Portugal et de nouveau 1488, à l’invitation du roi, pour rencontrer Bartholomeu Dias à Lisbonne, alors qu’il revenait d’Espagne.[14] Et de nouveau en mars 1493, lorsque Colomb, revenant de son voyage inaugural aux Amériques, s’est arrêté au Portugal et a passé une semaine avec le roi João II.

Lorsque Colomb est finalement arrivé en Espagne, le roi Ferdinand et la reine Isabelle ont revendiqué le nouveau monde découvert dans les Caraïbes. Les monarques espagnols firent appel au pape Alexandre VI, un Espagnol corrompu, qui émit une série de bulles papales favorables à l’Espagne. [15] Mais João II défia aussi bien l’Espagne que le pape pour revendiquer, comme territoires portugais, toutes les terres découvertes par Colomb. João II cita le traité de Alcáçovas de 1479, qui disaient que tous les territoires au sud des Iles Canaries espagnoles appartiennent au Portugal. Les Caraïbes, où Colomb s’était rendu, se situaient au sud des Iles Canaries.

Le pape Alexandre VI a tiré un méridien longitudinal qui traversait les îles du Cap Vert portugais, allant de l’Arctique à l’Antarctique. Tout ce qui était situé à l’ouest de la ligne allait à l’Espagne cependant que tout ce qui était à l’Est de la ligne revenait au Portugal. João II rejeta le méridien papal pour ouvrir des négociations directes avec l’Espagne. Le roi portugais acceptait le méridien papal à la condition que l’Espagne soit d’accord de le déplacer de 960 miles nautiques vers l’ouest. L’Espagne accepta la proposition portugaise, avec la réserve que si des terres étaient découvertes à 20 jours de navigation du Cap Vert, celles-ci appartiendraient à l’Espagne. Aucune terre ne l’ayant été, le protocole de Tordesillas est devenu la frontière entre les territoires espagnoles et portugais. [16]

La frontière de Tordesillas a ainsi attribué le Brésil au Portugal, six ans avant sa découverte, par ce que la frontière courrait au milieu de l’Amérique du Sud. A 15ème siècle, les marins ne savaient pas calculer la longitude en mer. 17] Par conséquent cela n’avait aucun sens que le roi João II insiste pour que la frontière papale passe au milieu de l’Atlantique, à moins qu’il ne sache où se trouve la terre. A cette époque, le Portugal était le seul pays à naviguer au sud de l’équateur. Ainsi les Espagnols n’avaient aucune idée qu’il existait des terres à l’Est de la ligne de Tordesillas et au sud de l’équateur. De surcroît, en refaçonnant le traité par ces 960 miles nautiques à l’ouest des îles du Cap Vert, João II a empêché l’Espagne de naviguer autour de l’Afrique du Sud vers les Indes.[18]

Le Portugal n’a reconnu le Brésil qu’en 1500, un an après que Vasco da Gama soit revenu des Indes, à un moment où cette revendication ne donnait aucune indication aux Espagnols sur le fait que les Portugais contournaient l’Afrique du Sud pour se rendre aux Indes. Après son retour, Vasco da Gama a écrit les instructions de navigation pour Pero Alvarez Cabral pour s voyage vers les Indes. Ce dernier a suivi ces instructions et s’est retrouvé au Brésil. [19]

La comparaison entre le journal de bord de Gama, lors de son premier voyage aux Indes, et celui de Cabral, montre effectivement que Gama a envoyé Cabral au Brésil. Selon le journal de bord de 1497 de Vasco da Gama, celui-ci s’est dirigé tout droit sur l’île de Santiago du Cap Vert portugais ou il s’est ravitaillé en eau et en victuailles et a ajusté sa voilure. Da Gama a quitté Santiago et s’est dirigé vers le sud, en direction de la Sierra Leone en Afrique de l’Ouest, puis il est allé vers le sud ouest dans l’Atlantique sud. [20] Da Gama a ordonné à Cabral de se rendre au Cap Vert mais l’a mis en garde contre une épidémie de peste et lui a suggéré de se rendre plutôt dans une autre île du Cap Vert, São Nicholau.

Cabral a suivi ces conseils et s’est dirigé vers l’île de São Nicholau située dans la partie occidentale de l’archipel. Selon son livre de bord, il a aperçu l’île mais ne s’est pas arrêté, naviguant plein sud de São Nicholau. [21] Da Gama lui, avait jeté l’ancre sur l’île de Santiago, dans la partie orientale de l’archipel et a navigué vers le sud-est en direction de l’Afrique. Cabral, par contre, a passé l’équateur à l’ouest du point où Gama l’avait passé. Raison pour laquelle il st arrivé au Brésil pendant que Gama a manqué le continent sud américain.

Toutefois, le journal de bord de Gama montre que lui aussi était près du Brésil. Lors de son premier voyage vers les Indes, il a rapporté qu’environ un mois après son départ du Cap Vert,il a vu des oiseaux terrestres qui volaient vers l’ouest. Bien qu’il fut au large de la côte brésilienne, Da Gama n’a jamais vu la terre.

Après que Cabral eût découvert le Brésil, il a renvoyé un navire au Portugal pour informer la couronne de sa découverte. Alors que d’autres marins portugais recevaient des récompenses lorsqu’ils découvraient de nouvelles terres, lui n’a rien reçu. Ceci suggère que les Portugais savaient déjà son existence. Sinon, peut-on supposer que les Portugais ont navigué pendant trois ans (1497-1499) du Portugal aux Indes et retour, sans faire en un mois le trajet vers le Brésil depuis leur colonie du Cap Vert ? De plus, cela ne fait aucun sens marin de dire que la route de Vasco de Gama vers les Indes l’aurait amené si près du Brésil alors qu’aucun autre marin portugais n’avait navigué là-bas avant lui, en préparation de la première expédition portugaise aux Indes.

DOCUMENTS ECRITS ATTESTANT LA CONNAISSANCE PORTUGAISE DU BRESIL AVANT SA DECOUVERTE OFFICIEL EN 1500.

Il existe des comptes-rendus écrits des voyages portugais au Brésil avant 1500. Aux alentours de 1507, le cartographe portugais et administrateur royal, Duarte Pachecho Pereira écrivit qu’en 1498 le roi Manuel I du Portugal a ordonné : "Nous découvrions un continent avec de nombreuses grandes îles adjacentes s’étendant du 70ème parallèle au nord de l’équateur… à 28° ½ de l’autre côté de l’équateur en direction du pôle de l’Antarctique… Ainsi, si des rivages et côtes du Portugal ou du promontoire de finis terra ou de tout autre point en Europe, de l’Afrique ou de l’Asie, nous naviguons sur l’océan plein ouest et 36° de longitude Est, ce qui représente 18 lieues pour un degré ce qui fait 648 lieues, nous trouvons cette terre… On y trouve beaucoup d’excellents (bois appelé) Brésil". [22]

Un coup d’œil sur le livre de bord de Cabral montre qu’il a mesuré la distance du Cap Vert jusqu’au Brésil à 660-670 lieues, [23] ce qui est très proche des 648 lieues de Pereira. Ceci suggère que le langage codé de Pereira décrit une expédition du Cap Vert Portugais vers le Brésil, deux ans après sa découverte officielle.

Une deuxième auteur portugais a aussi décrit sa navigation vers le Brésil avant sa découverte officielle. En 1514, le marin Estevam Fróis naviguait le long de la côte nord de l’Amérique du Sud lorsque il a été capturé par les Espagnols. Ces derniers accusaient le Portugais de naviguer dans des territoires espagnols, c'est-à-dire sur le côté occidental de la frontière établie par le traité de Tordesillas. Les Espagnols ont emprisonné Fróis à Hispaniola. Ecrivant depuis sa cellule, Fróis affirmait avoir navigué le long de la côte brésilienne depuis vingt ans. [24] Sa chronologie place Fróis au Brésil en 1494, l’année même ou le roi João II négociait le traité de Tordesillas avec le monarque espagnol, quelque six ans avant que les Portugais découvrent le Brésil officiellement.

CONCLUSION

Les archives de la fin du 15ème siècle et du début du 16ème siècle montrent que les Portugais connaissaient l’existence du Brésil avant 1500, date de la découverte officielle du continent sud américain. Parce que les Portugais étaient les seuls Européens à naviguer au sud de l’équateur au cours du 15ème siècle, ils ne voyaient aucune raison d’admettre qu’ils avaient découvert le Brésil, situé au sud de l’équateur. Si les Portugais avaient informé les Espagnols de leur découverte, avant d’avoir rejoint les véritables Indes, alors les Espagnols auraient compris que les Portugais essayaient de contourner l’Afrique du Sud pour rejoindre les Indes.

Le roi João II du Portugal avait caché le Brésil aux Espagnols afin qu’ils cherchent, avec Colomb, les Indes aux caraïbes. Ceci lui a donné le temps de faire des relevés de la route de l’Afrique du Sud par l’Atlantique sud.

La colonie portugaise du Cap Vert était l’établissement du Vieux Monde le plus proche de l’Amérique avant 1492. La distance du Cap Vert au Brésil est de 4516 kilomètres, ou 2806 miles, ce qui représente un mois de navigation pour les navires du 15ème siècle. Le mot "Brésil" signifie bois, un bois de valeur qui sert aux teintures. Toutefois, aux yeux des Portugais, les teintures n’étaient pas aussi importantes que les courants atlantiques qui avaient leur origine sur les côtes du Brésil. Ces courants coulent dans le sens inverse aux aiguilles de la montre, ce qui propulsait les navires le long de la côte brésilienne, puis vers l’Est en direction de l’Afrique du Sud.

Si les Portugais avaient révélé aux espagnols l’existence du Brésil avant que Vasco da Gama ne navigue vers les Indes et revienne en Europe, ils auraient pris le risque de dévoiler à l’Espagne les voies maritimes qui émanaient du Brésil en direction de l’Afrique du Sud et ensuite vers l’Océan Indien et vers les Indes.

Le Portugal a tenu secret la découverte du Brésil à l’égard de l’Espagne et du monde, parce que le Brésil détenait la clé de la route maritime pour passer de l’Europe, par l’Atlantique sud, vers l’Afrique du Sud et les Indes. L’Afrique et le Brésil étaient reliés avant même la découverte officielle du Brésil

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** Trevor Hall est professeur associé en histoire africaine. Il a fait sa thèse à la John Hopkins University sur le thème du début de l’époque moderne dans les îles du Cap Vert. Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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NOTES
1] Gomes Eanes Da Azurara, Crónica De Guiné (Lisboa, 1937), 43-47.
2] J. Bato’Ora Ballong-Wen-Mewuda, São Jorge Da Mina, 1482-1637 (Lisboa, 1993), 45-77.
3]Charles Verlinden, Cristophe Colombo Et Barthélemy (Lisboa, 1970), 9-38.
4]J. H. Parry, The Discovery of the Sea (Berkeley, 1974), 139-163.
5]Armando Cortesão, The Mystery of Vasco Da Gama (Coimbra, 1973), 175.
6]Ibid., 167.
7]Ruy De Pina, Croniqua Do Muy Eycellente Rey Dom Joham O Segundo (Lisboa, 1792), 90-97.
8]A. Teixeira Da Mota, “D. João Bemoim e a Expedição Portuguesa ao Senegal em 1489” Luanda, 1971), 63-111.
9]John W. Blake, Europeans In West Africa, 1450-1560 (London, 1942), 1: 87-88.
10]Ibid.
11]One quintal = 60 kg., according to Humberto Leitão and J. Vicente Lopes, Dicionário Da Linguagem De Marinha Antiga E Actual (Lisboa, 1974), sv. “quintal”, 442.
12]Gianni Granzotto, Christopher Columbus (Norman, 1987), 231.
13]Samuel E. Morison, Admiral of the Ocean Sea, A life of Christopher Columbus (Boston, 1983), 520.
14]Pierre d’Ailly, Ymago Mundi, 1480-1483 (Paris, 1930), 1: 206-211.
15]Vander H. Lindel, “Alexander VI and the Demarcation of the Maritime and Colonial Domains of Spain and Portugal, 1493-1494” (1916).
16]Elaine Sanceau, D. João II (Porto, 1959), 389-402.
17]W. G. L. Randles, “Portuguese and Spanish Attempts to Measure Longitude in the 16th Century” (Coimbra, 1985), 5-21.
18]Rand McNally, Atlas of Columbus and the Great Discoveries (New York,1990), 35.
19]Vasco da Gama, Instruções Para A Viagem Da Armada Chefiada Por Pedro Alvares Cabral”
(Lisboa, 1983), 234-238.
20]José Pedro Machado and Viriato Campos, Vasco da Gama E A Sua Viagem De Descobrimento (Lisboa1, 1969), 112-115.
21]Pêro Vaz De Caminha, “Carta a El-Rei Dom Manuel Sobre o Achamento de Brasil, 1 de Maio 1500” (Lisboa, 1974), 31-33.
22]Duarte Pachecho Pereira, Esmeraldo De Situ Orbis, 1507-1508 (London, 1937), 12-13.
23]Caminha, “Carta a d El-Rei,” 33.
24]Alexandre G. Da Naia, “Cristbal Colón Instrumento Da Política Portuguesa De Expansão Ultramarina” (Lisboa, 1950), 59.