L’extension des guerres de l’ombre des Etats-Unis en Afrique

A l’insu de la plupart des Américains et des populations du monde, les Etats-Unis ont augmenté en continu leur emprise militaire en Afrique. Les opérations se multiplient sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, avec des vagues successives de conséquences funestes qui se chevauchent et croissent de façon exponentielle. Le Mali n’en est peut-être que le commencement et nul ne peut prédire où cela va finir.

On la dénomme la nouvelle «Route des épices», en hommage au réseau commercial du Moyen Age qui mettait en relation l’Europe, l’Afrique et l’Asie, même si la "Route des épices" d’aujourd’hui n’a rien à voir avec de la cannelle, du girofle ou de la soie. Il s’agit plutôt de la super grande route d’une super puissance, sur laquelle les camions et les bateaux font la navette avec du carburant, des denrées alimentaires et des équipements militaires, utilisant des infrastructures maritimes et terrestres en expansion, en direction d’un réseau de dépôts de matériels, de minuscules camps et d’aéroport prévus pour assurer le ravitaillement d’une présence militaire américaine en croissance rapide en Afrique.

Peu d’Américains sont au courant de cette super grande route ou de la douzaine de missions d’entraînements et d’exercices militaires conjoints qui se déroulent dans des pays que la plupart des Américains seraient incapables de situer sur une carte. Plus rare encore sont ceux qui savent que les militaires invoquent le nom de Marco Polo ou de la Reine de Saba alors que s’accélère leur emprise militaire en Afrique. Tout cela se passe dans les zones d’ombre de ce qui, au cours d’une précédente période impériale, était désigné sous le nom de "Dark Continent" (le continent sombre)

Dans les ports de l’Afrique de l’Est, d’énormes containers métalliques de transport arrivent avec les éléments nécessaires au quotidien pour une militarisation en cours. Ils sont ensuite chargés sur des camions pour les acheminer le long de routes défoncées, vers de lointains avant-postes poussiéreux.

Sur la grande route entre Djibouti et l’Ethiopie, par exemple, on peut voir l’esquisse de ces guerres de l’ombre, là où les chauffeurs autochtones font escale sur leurs longues routes. La même chose est vraie dans d’autres pays africains. Les nœuds du réseau racontent une partie de l’histoire : Manda Bay, Garissa et Mombassa au Kenya, Kampala et Entebbe en Ouganda, Bangui et Djema en République centrafricaine, Nzara au Sud Soudan, Dire Dawa en Ethiopie, et la pièce maîtresse du Pentagone en Afrique : le camp Lemonnier à Djibouti, sur la côte du golfe d’Aden, parmi d’autres.

Selon Pat Barnes, porte parole de l’US Africa Command (AFRICOM), le camp Lemonnier sert comme unique base officielle américaine sur le continent."Plus de 2000 militaires qui y sont stationnées. L’organisation première d’AFRICOM à camp Lemonnier est la Combined Joint Task Force- Horn of Africa (CJTF-HOA). Les efforts de la CJTF-HOA se concentrent sur l’Afrique de l’Est et ils travaillent avec les nations partenaires afin de renforcer leurs capacités de défense ", a-t-il confié à TomDispatch dans un e-mail récent.

Barnes notait aussi que le personnel du département de la Défense était assigné à des ambassades américaines sur tout le continent, à travers 21 bureaux de sécurité et de coopération chargés de faciliter les contacts entre militaires au niveau des "nations partenaires". Il décrivait les forces impliquées comment étant de petites équipes qui menaient à bien des missions précises. Barnes reconnaît qu’"en plusieurs endroits en Afrique, AFRICOM maintient une présence discrète et temporaire de personnels. Dans tous les cas, ce personnel militaire est intégré au sein de structures des nations hôtes et travaille avec, ou coordonne avec le personnel du pays hôte".

GUERRES DE L’OMBRE

En 2003, lorsque le CJTF-HOA s’est établi, le principal avant-poste américain en Afrique se trouvait effectivement au camp Lemonnier. Dans les années qui ont suivi, sans bruit et généralement dans le secret, le Pentagone et la CIA ont étendu leurs forces sur tout le continent. Aujourd’hui, et peu importe comment on les désigne, les Etats-Unis maintiennent un nombre surprenant de bases en Afrique. Et la désignation de "renforcement" des armées africaines apparaît comme un terme singulièrement élastique pour ce qui se passe dans la réalité.

En fait, sous la présidence d’Obama, les opérations en Afrique ont pris une envergure bien au-delà de ce qu’elles avaient sous la présidence Bush. L’an dernier, lors de la guerre en Libye, des drones partaient d’aéroports et de bases comme Djibouti, l’Ethiopie et l’archipel de l’Océan Indien, les Seychelles. Une flotte de 30 bateaux appuyaient les opérations régionales. On notait une campagne à facettes multiples avec des militaires et des agents de la CIA en Somalie menant des opérations de renseignements, l’entraînement d’agents somaliens, une prison secrète, des attaques par hélicoptères et des raids de commandos américains. Un afflux massif d’argent liquide a été noté pour les opérations de contre-terrorisme dans toute l’Afrique de l’Est, avec une possible bataille aérienne traditionnel. Le tout effectué sournoisement dans la région en utilisant des avions avec équipages et des armes pour un coût de dizaines de millions de dollars destinés aux mercenaires alliés et aux troupes africaines. Il y avait en plus une force expéditionnaire spéciale (renforcée par les experts du département d’Etat) envoyée pour capturer ou tuer le leader de la Lord’s Resistance Army, Joseph Kony et son état-major.

Tout ceci ne fait qu’à peine effleurer les plans de Washington et ses activités d’expansion rapide en Afrique. Pour appuyer ses missions qui croissent comme des champignons après la pluie, des missions presque constantes d’entraînements et de construction d’alliances par des exercices conjoints, des avant-postes en tous genres surgissent sur tout le continent, reliés par d’immenses réseaux logistiques de l’ombre. La plupart des bases américaines sont toujours petites et austères, mais croissent et prennent une apparence plus permanente. Par exemple, une photographie prise par TomDispatch l’an dernier au camp Gilbert en Ethiopie montre une base pleine de tentes avec air conditionné, des containers métalliques de transport et des fûts de 55 gallons (environ 200 litres) et d’autres équipements attachés à des palettes, ainsi que des installations récréatives complètes avec jeux vidéos et télévision et des gymnases équipés de vélos stationnaires, d’haltères et d’autres équipements.

DERIVE CONTINENTALE

Depuis le 11 septembre, les militaires américains ont investi de façon significative trois régions principales : l’Asie du sud (principalement l’Afghanistan), le Moyen Orient (principalement l’Irak) et la Corne de l’Afrique. Aujourd’hui, les Etats-Unis se désengagent de l’Afghanistan et ont largement quitté l’Irak. Toutefois, l’Afrique reste une opportunité de croissance pour le Pentagone.

Les Etats-Unis sont maintenant impliqués, directement ou par procuration, dans des opérations militaires ou de surveillance contre une liste croissante d’ennemis régionaux. Elle inclut Al Qaeda dans le Maghreb islamique en Afrique du Nord, le mouvement islamique de Boko Haram au Nigeria, des groupes de militants ayant peut-être des liens avec Al Qaeda dans la Libye post Kadhafi, la meurtrière Lord’s Resistance Army (LRA) de Joseph Kony en République centrafricaine, au Congo et au Sud Soudan, les rebelles islamistes de Ansar Dine au Mali, Al Shabaab en Somalie et des guérillas de Al Qaeda dans la péninsule arabique et le Yémen, de l’autre côté du golfe d’Aden.

Une récente enquête du Washington Post a révélé que des contractants opéraient à partir d’une base à Entebbe (Ouganda) et ont scruté le territoire utilisé par la LRA de Kony pour le compte du Pentagone et que 100 à 200 commandos partagent une base militaire avec les militaires kényans à Manda Bay. De plus, des drones américains partent de la base de l’aéroport de Arba March, en Ethiopie, et des îles Seychelles dans l’Océan Indien, pendant que des drones, des bombardiers et des avions de combat mènent des opérations à partir de la base du camp Lemonnier, participant ainsi aux guerres de l’ombre menées par les militaires américains et la CIA au Yémen et en Somalie. Des avions de surveillance sont utilisés pour des missions d’espionnage au-dessus du Mali, de la Mauritanie et du désert du Sahara. Ils partent de Ouagadougou au Burkina Faso et, apparemment, des plans sont en route pour l’implantation de bases similaires dans la nation nouvellement née du Soudan du Sud.

Les forces spéciales américaines sont stationnées dans toute une série d’avant-postes opérationnels sur le continent, encore plus obscurs, qui inclut celui de Djema en République centrafricaine, Nzara au Sud Soudan et Dungu en République démocratique du Congo. Les Etats-Unis ont aussi des troupes sur le terrain au Mali bien que les relations militaires aient été officiellement suspendues suite au coup d’Etat.

Selon les recherches menées par TomDispatch, les forces navales américaines ont aussi un poste opérationnel avancé, connu sous le nom de camp Gilbert, à Dire Dawa en Ethiopie, dont les équipages proviennent de Seabees du Bureau des affaires civiles et de troupes de protection. Des documents militaires américains indiquent qu’il y a d’autres facilités américaines dans le pays, encore plus discrètes. En plus de camp Lemonnier, les militaires américains maintiennent encore un avant-poste caché à Djibouti, un port pour les forces navales auquel il manque un nom - AFRICOM n’a pas répondu à notre demande pour davantage de renseignements avant que cet article n’aille sous presse.

A quoi s’ajoute un camp rocailleux à Obo, en République centrafricaine, qui abrite les forces spéciales américaines engagées dans des missions contre la LRA. Mais la discrétion prévaut à ce sujet." Le personnel militaire américain travaille avec les militaires de la région dans la traque de Joseph Kony. Ils sont les invités des forces de sécurité africaines impliquées dans l’effort régional contre la LRA" m’a confié Barnes. "De facçon spécifique, à Obo, les troupes vivent dans un petit camp et travaillent avec les troupes de la nation partenaire dans des installations ougandaises et opèrent à l’invitation du gouvernement de la République centrale africaine"

Et ceci n’est guère plus qu’un fragment de l’histoire. Les troupes américaines travaillent aussi dans des bases à l’intérieur de l’Ouganda. Au début de cette année, des troupes d’élite Recon Marines de la Special Marine Air Ground Task Force 12 (SPMAGTF-12) ont entraîné des soldats de l’Ouganda People’s Defense Force, qui non seulement ont conduit des missions en République centrafricaine, mais agissent aussi pour les Américains en Somalie dans le combat contre les militants islamistes connus sous le nom de Al Shabaab. Ils fournissent maintenant la majeure partie des troupes à la Mission de l’Union africaine et protègent le gouvernement soutenu par les Américains dans la capitale somalienne de Mogadiscio.

Au cours du printemps, les Marines de SPMAGTF-12 ont aussi entraîné des soldats de la force nationale de défense du Burundi, le deuxième plus important contingent en Somalie. En avril et mai, les membres de la Task Force Raptor, 3ème escadron, 124ème régiment de cavalerie de la Texas National Guard, ont participé à une mission d’entraînement avec les forces du Burundi, à Mudubugu au Burundi.

En février, SPMAGTF-12 a envoyé des instructeurs à Djibouti pour travailler avec les troupes d’élite locales, pendant que d’autres Marines se sont rendus au Liberia pour se concentrer sur la formation aux techniques anti-émeutes des militaires dans ce qui, au demeurant, est un programme dirigé par le département d’Etat dans son effort de reconstituer cette force.

De plus, les Américains font de la formation anti-terroriste et équipent les militaires en Algérie, au Burkina Faso, au Tchad, en Mauritanie, au Niger et en Tunisie. AFRICOM a au programme, pour 2012, au moins 14 exercices conjoints y compris des opérations au Maroc, au Cameroun, au Gabon, au Botswana, en Afrique du Sud, au Lesotho, au Sénégal et au Nigeria.

La dimension des forces américaines qui conduisent ces exercices conjoints et ces entraînements fluctue, mais selon Barnes " en moyenne, il y a environ 5000 soldats et personnel du département de la défense en permanence sur tout le continent". L’an prochain, il est probable que le nombre de troupes américaines sur le continent va augmenter avec l’arrivée des unités de la 2nd Brigade Combat Team, 1st Infantry Division connue sous le nom de Dagger Brigade (la brigade des poignards). Les 3000 soldats (chiffre approximatif) de la brigade seront impliqués, entre autres activités, dans des missions d’entraînement tout en acquérant une expérience régionale. "Les forces spéciales ont des compétences particulières dans ce domaine mais n’ont pas la capacité de satisfaire la demande et nous pensons que nous pourrons répondre à cette demande en utilisant des forces conventionnelles", a déclaré le colonel Andrew Dennis à un journaliste suite à ce déploiement.

AIR AFRIQUE

Le mois dernier, le Washington Post révélait que depuis 2009 "la pratique consistant à employer des compagnies privées pour espionner les immensités du territoire africain… a été la pierre angulaire des activités militaires américaines secrètes sur le continent". Nommé Tusker Sand, le projet consiste en des vols décollant de l’aéroport d’Entebbe en Ouganda et d’une poignée d’autres aéroports. Les contractants pilotent des avions turbo-prop, à l’air innocent, mais qui sont remplis de matériel de surveillance.

Toutefois, les mercenaires espions américains ne représentent qu’une partie de l’histoire. Si le Pentagone a annulé un programme analogue de surveillance par drone, connu sous le nom de Tusker Wing, il a dépensé des millions de dollars pour améliorer l’aéroport civil à Arba Minch en Ethiopie afin de permettre à des missions aériennes de partir de là. Les infrastructures destinées à soutenir de telles opérations ont été relativement bon marché et faciles à construire, mais une menace infiniment plus redoutable plane, une menace intiment liée à la nouvelle Route des Epices.

"Marco Polo n’était pas seulement un explorateur", expliquait Chris Zahner, planificateur de l’armée, lors d’une conférence à Djibouti l’an dernier. "Il était aussi un logisticien qui développait des relais logistique le long de la Route de la soie. Faisons maintenant quelque chose de similaire là où a voyagé la reine de Saba". Louanges à des lumières disparues mises à part, la raison pour laquelle des ressources sont déversées dans la mer et dans le réseau de ravitaillement terrestre a moins à voir avec l’histoire qu’avec l’infrastructure aéroportuaire de l’Afrique.

Des 3000 aéroports du continent recensés dans la revue du National Geospatial-Intelligence Agency, l’Air Force n’en a identifié que 303 et seuls 158 de ces évaluations sont actuelles. De ces aéroports qui ont été évalués, la moitié ne supporterait pas le poids d’un cargo C-130 sur lesquels les militaires américains comptent lourdement pour transporter des troupes et du matériel. Ces limitations ont été rendues évidentes au cours du Natural Fire 2010, l’un des exercices d’entraînement conjoints à l’invitation d’AFRICOM. Lorsque les C-130 se sont avérés incapables d’atterrir à Gulu en Ouganda, 3 millions de dollars supplémentaires ont été dépensés plutôt que d’utiliser les hélicoptères Chinook

De plus, l’obtention de permission diplomatiques et les restrictions imposées par les aéroports aux avions militaires américains coûtent du temps et de l’argent au Pentagone, tout en générant la colère et le soupçon au niveau local. Dans un article récent d’une publication commerciale militaire Army Sustainment, le marjor Joseph Gaddis de Air Force s’efforce de promouvoir avec insistance une solution émergente : déléguer. Le concept a été mis à l’épreuve l’an dernier au cours d’un autre exercice d’entraînement organisé par AFRICOM : Atlas Drop 2011.

"Au lieu d’utiliser des avions militaires pour déplacer de l’équipement vers un lieu d’exercice, les planificateurs ont fait usage de transporteurs de cargo commerciaux", écrit Gaddis. "Ceci a fournit aux participants à l’exercice un service de porte à porte et a éliminé le besoin en personnel supplémentaire pour la récupération du matériel et son dédouanement". Utiliser des cargos mercenaires pour éviter d’avoir à obtenir les permissions au niveau diplomatique et pour l’amener là où les aéroports ne peuvent recevoir les C-130, n’est toutefois qu’une des ouvertures que le Pentagone poursuit dans l’extension de ses opérations en Afrique. Une autre est la construction.

LE GRAND ACCROISSEMENT

Des documents contractuels militaires révèlent des plans d’investissement jusqu’à 180 millions de dollars ou même plus, pour la construction du seul camp Lemonnier. La partie essentielle de ce projet consistera en la mise en place de pistes de 54 000m² "afin de recevoir des avions moyen porteurs" et la construction de 185 000 m² pour une aire de chargement des avions de combat. De plus, les travaux sont en cours pour ériger des installations modulaires de maintenance, des hangars, un dépôt de munition, tous requis pour une extension des guerres secrètes en Afrique.

"Les combattre là-bas pour que nous n’ayons pas à les combattre ici", a été au cœur de la politique étrangère américaine depuis des décennies et plus particulièrement depuis le 11 septembre. Non moins éloquent sont les contrats qui indiquent un afflux "de logements pour des troupes d’urgence" à venir au camp Lemonnier, y compris 300 logements à air conditionné, ainsi que des latrines et des buanderies. Des documents militaires montrent aussi que des installations d’entraînements ont été mises en place à Entebbe, en Ouganda, l’an dernier, pour un coût de 540 000 dollars. Tout ceci indique que pour le Pentagone, son extension en Afrique, vient juste à peine de commencer.

LA RUEE SUR L’AFRIQUE

Dans un discours récent à Arlington, en Virginie (USA), le commandant en chef d’AFRICOM, le général Carter Ham, a expliqué le raisonnement qui sous-tend les opérations américaines sur le continent : "L’impératif absolu pour les militaires américains consiste à protéger les Etats-Unis, les Américains et les intérêts américains. Dans notre cas, dans mon cas, nous protéger des menaces qui pourraient surgir sur le continent africain". Pour illustrer son propos, Ham a cité Al Shabaab, basé en Somalie, comme menace principale. "Pourquoi nous préoccupons nous de cela ?", a-t-il demandé pour la forme. "Eh bien, Al Qaeda est une entreprise globale… Nous pensons qu’ils sont très clairement des affiliés d’Al Qaeda… Et donc une menace pour l’Amérique et les Américains"

"Les combattre là-bas pour que nous n’ayons pas à les combattre ici", a été au cœur de la politique étrangère américaine depuis des décennies et plus particulièrement depuis le 11 septembre. Mais tenter d’appliquer des solutions militaires à des problèmes sociaux et politiques complexes a régulièrement entraîné des conséquences imprévues. Par exemple, la guerre soutenue par les Etats-Unis en Libye l’an dernier a eu pour conséquence l’afflux de masses de mercenaires touaregs bien armés, qui ont combattu pour l’autocrate libyen Mouammar Kadhafi, qui sont ensuite retournés au Mali et ont contribué à déstabiliser le pays. A ce jour, le résultat a été un coup d’Etat par un officier formé par les Américains, une appropriation de certaines régions par les combattants touaregs du Mouvement national de Libération de l’AZAWAD, qui avaient auparavant pillé les dépôts d’armes en Libye, pendant que d’autres zones du pays ont été occupées par les irréguliers de Ansar Dine, le dernier des affiliés d’Al Qaeda sur le radar des Américains. En d’autres termes, une intervention militaire a provoqué des conséquences funestes majeures dans un pays voisin, en moins d’une année.

Avec l’administration Obama qui s’est clairement engagée dans une ruée sur l’Afrique au 21ème siècle, la possibilité de vagues successives de conséquence funestes qui se chevauchent croît de façon exponentielle. Le Mali n’en est peut-être que le commencement et nul ne peut prédire où cela va finir. Dans l’intervalle, il faut garder un œil sur l’Afrique. Les militaires américains vont y défrayer la chronique pour des années.

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** * Nick Turse est rédacteur adjoint de TomDispatch où cet article a d’abord été publié. Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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