Oh Guantanamo !
Deux poèmes de Pierre Depelchin pour que les fabricants de Guatano apprennent à «défabriquer Guantanamo», pour montrer que «La toute-puissance des tout-puissants? Ne maîtrisera jamais ?La liberté, mère des?Toussaint, Dessalines, infinissables»
Oh Guantanamo (1)
Qui aurait pu penser
Que tu deviendrais une des anti-chambres
De la mort de l’humanité
Destination de gens
Enchaînés, déclarés
Biens meubles
Plate-forme de lancement
Projet Manhattan
Pour mettre fin à jamais
Au vagabondage de celles/ceux
Prenant abolition pour liberté
Non
Oui, liberté de soumission totale
Au régime suivant car pour
Biens meubles n’existe point
Changement de régime
Oui, les maîtres changent
Les propriétaires des biens meubles
O Guantanamo
Destination de l’inconnu où
Fut mise à nu l’horreur
Inaugurale d’humains
Tout-puissants
O Guantanamo
Substitut de tout ce qui
A amené l’humanité
à Hiroshima
Oh Guantanamo
Geôle dictée
Bastion de la défense de la liberté
Par un segment de l’humanité
Engraissé, noyé, asphyxié
Déboussolé
Oh Guantanamo
Serais-tu devenu
Le pôle nord nouveau
Des Tout-Puissants
Réduits à l’impuissance
Par excès, abus
De charité par refus
De solidarité ?
Oh Guantanamo
J’entends
Sans internet
L’écho
Ota Benga soufflant
Molimo
Sous la lune
écho au Po
Des Dogon
Oh Guantanamo
Qui aurait pu penser
Qu’il raviverait la mémoire
De tristes mémoires
De celles et de ceux
Qui eurent le pot
D’y atterrir il y a des siècles
Suite à une chasse similaire
Aux rôles différents
Quand fut inauguré
Une terreur bien plus féroce
Oh combien durable
Aux souffrances insondables
Incommensurables
Inavouables
Car pour ces crimes il serait impossible de trouver un endroit
Suffisamment sûr pour protéger les proies des vautours
Sans soif
Massacrant l’humanité
Sous le couvert d’humanitarisme charitable
Voulant en finir
Avec les solidaires de la solidarité
Salvador, Brésil 3 mai 2011
Oh Guantanamo (2)
Pour que les fabricants
De Guantanamo
Apprennent
A défabriquer
Guantanamo
Toujours Guantanamo
Toujours maîtriser tout
Toujours maîtriser le futur
Maîtriser
l’espace, le temps, le passé, le présent,
la parole
en somme, ces liquidateurs de l’humanité
pourfendeurs déguisés
de la terreur
s’acharnent à
En finir avec l’histoire
Avec l’homme
Avec la femme
Avec les enfants
Avec les émigrés
Avec les chômeurs
Avec les travailleuses
Avec les handicapés
Avec les pygmées
Avec les violées
Avec les enfants soldats
Avec les enfants de la rue
Avec les sans domiciles fixes
Avec les sans papiers
Avec les réfugiées de l’humanité
Où qu’elle soit, agonisante, menacée d’extinction
Fukushima
Lybie
Tunisie
Egypte
Haïti
Gaza
Question :pourquoi en finir à jamais
Avec les naufragés
De la globalisation
De la crise financière
De la crise du climat
De la peur du futur, du passé, du présent,
De la peur du voisin, du frère, de la sœur
Oh les geôliers
De Guantanamo
Rappelez-vous Santo Domingo
Qui mit fin aux
Maux et aux mots
Infligés par les geôliers
d’une autre époque
à la solde de maître traitres
de l’humanité
bourrés de vanité
telle la grenouille
de la fable
se voyant toute-puissante
intouchable
liquidée par son obésité
Ainsi aussi finira
GUANTANAMO
Telle sa voisine Santo Domingo
Devenue Haïti
Gaza de l’Atlantique
Comme Gaza
Non maîtrisable
Par les fossoyeurs
De l’humanité
La toute-puissance des tout-puissants
Ne maîtrisera jamais
La liberté, mère des
Toussaint, Dessalines, infinissables
Faut-il la preuve ?
Apparaissant quand on les attend le moins
Pierre Antoine Lovinsky
Jean Bertrand Aristide
Fanmi Lavalass
Père Jean-Juste
Héritières connues et inconnues des Antonins
Et des Antoninnes
Bouazizi Mohamed
Messagères toutes et tous
De liberté insatiable de liberté
Indomptable, écrivant, ré-écrivant
Jamais lasses de faire comprendre aux fossoyeurs
Leurs erreurs, leurs errements
Pour que Guantanamo
Cesse de continuer l’histoire,
Sous l’ère nucléaire, de l’esclavage
Pour qu’advienne sans moratoire
une autre histoire
digne de l’humanité.
Salvador, Brésil 3 mai 2011
* Jacques Depelchin est Directeur exécutif de Ota Benga, Alliance internationale pour la paix en RD Congo
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