L’arrestation des leaders et militants pro-démocratie burkinabè, congolais et sénégalais condamnée

Article 19 Afrique de l’Ouest et Amnesty International/Sénégal demandent aux autorités congolaises de lever les accusations, de libérer tous les détenus congolais et étrangers et de respecter la liberté d’expression et de réunion.

Article 19 Afrique de l’Ouest et Amnesty International/Sénégal, sont préoccupés par l’arrestation des militants pro-démocratie et les accusations de subversion proférées à leur encontre par les autorités de la République Démocratique du Congo. «Il est inconcevable que des militants pro-démocratie soient arrêtés, privés de leur liberté sans être assistés par des avocats pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression», déclare Fatou Jagne Senghor, Directrice Régionale de Article19 Afrique de l’Ouest.

Le 15 mars 2015, les forces de l'ordre et les services de sécurité de la République Démocratique du Congo ont interpellé Fadel Barro, Aliou Sané, Malal Talla alias "Fou malade", du mouvement citoyen Y'en a marre du Sénégal, le reggaeman Johann Oscibi de Balai citoyen du Burkina Faso et des militants congolais Fred Bauma et Lucrèce Lopengo alias Lyke Mike de Filimbi, mouvement citoyen congolais.

Les militants pro-démocratie sénégalais et burkinabé avaient été invités par d’autres organisations citoyennes congolaises du collectif Filimbi pour un séminaire/atelier de partage d’expérience sur l’engagement civique et de mobilisation citoyenne de la jeunesse. A la fin de la rencontre des hommes en uniforme de la police militaire (Pm) et d’autres en civil ont débarqué sur les lieux et ont emmené environ 40 personnes, parmi lesquelles les trois activistes sénégalais, le burkinabé ainsi que des journalistes, un agent de sécurité, un diplomate américain, des artistes (Amos, The Best, Ax la Plume, Cize, Zubir), des cameramen et des informaticiens. Le matériel de diffusion a été saisi et les raisons de ces arrestations ne leur ont pas été signifiées.

Ce n’est que le 16 mars que le ministre porte parole du gouvernement congolais M. Lambert Mende précise que les militants pro-démocratie sont soupçonnés d'être "au cœur de cette tentative d'agression de la Rdc" et vont rester en détention jusqu’à ce que la police judiciaire décide de la suite à donner à cette affaire.

«Les militants pro-démocratie qui sont arrêtés doivent être libérés immédiatement et sans condition. Le gouvernement du président Kabila doit respecter les libertés publiques dont la liberté d’expression qui est le socle de toute société démocratique» souligne Seydi Gassama de Amnesty International Sénégal.

Les journalistes ainsi que le fonctionnaire de l’Usaid ont été libérés. Mais le ministre a durci le ton concernant les militants pro-démocratie en affirmant qu’ils ne permettront pas que «des frères africains viennent apprendre aux jeunes congolais la subversion».

«Nous déplorons les propos exagérés du ministre Mende qui qualifient de subversive et d’agression l’activité pacifique de conscientisation et d’échange entre des mouvements citoyens et militants pro-démocratie», poursuit Fatou Jagne Senghor.

Article 19 Afrique de l’Ouest et Amnesty International/Sénégal demandent aux autorités congolaises de lever ces accusations, de libérer tous les détenus congolais et étrangers et de respecter la liberté d’expression et de réunion.

BACKGROUND

En janvier 2015 le projet de loi du gouvernement modifiant la loi électorale, prévoyait une actualisation de la liste électorale en tenant compte de l'évolution des données démographiques et de l'identification de la population ; autrement dit, le recensement devient un préalable à l'organisation des prochains scrutins prévus en 2016.

Les opposants au président Kabila y ont vu une stratégie du pouvoir visant à retarder le processus électoral et à prolonger de fait le mandat du président Joseph Kabila au-delà de 2016.

L’examen du projet de loi avait commencé le 12 janvier et a été à l’origine d'une vive controverse entre la majorité au pouvoir, la société civile et plusieurs partis d'opposition qui redoutent une modification de l'article 8 de l'actuelle législation.

Pour empêcher la tenue de la plénière prévue, des opposants, parmi lesquels des étudiants, se sont réunis, mais les manifestations ont été dispersées par les forces de l’ordre qui ont tiré sur les foules avec des balles réelles, provoquant ainsi la mort de plusieurs personnes.

Sur ordre des autorités, pendant plusieurs semaines les services SMS et Internet ainsi que des sites de conversations instantanées, tout comme l’intégralité des réseaux sociaux ont été bloqués, interdits d’accès aux utilisateurs congolais pour empêcher des rassemblements dans la capitale.

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** Fatou Jagne Senghor, directrice Régionale de Article 19 Afrique de l’Ouest ; Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty International/Sénégal

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