Meles Zenawi : un héritage de "pure force et de terreur"
Le Premier Ministre Meles Zenawi est décédé en août après avoir régné sur le pays de 1995 à 2012. Contrairement aux affirmations du régime qui parle de développement économique, on se souviendra de lui pour avoir écrasé toute opposition à son régime
Discuter l’héritage de Meles n’est pas discuter d’une personne. Meles représentait son parti et son gouvernement. La discussion de son héritage n’est pas personnelle mais politique. Je n’ai rien contre la personne de Meles et la discussion ne consiste pas à lui nier ou lui accorder un quelconque crédit. Elle concerne le futur de notre pays et les difficultés de notre population.
LA REVOLUTION DE 1974 ET LE TPLF
Le TPLF a été fondé en 1975, c'est-à-dire une année après la révolution plébéienne qui a surgi en Ethiopie et a renversé un autocrate. Il est crucial de se demander quels rôles ont joué les futurs dirigeants/cadres du TPFL lors de la révolution de février. Rares sont ceux sont qui, comme Aregawi Berehe, avaient déjà été impliqués dans les mouvements estudiantins. Nous ne savons pas grand-chose de leur rôle en février 1974. Mais il est une chose que nous savons, c’est que certains des principaux dirigeants comme Birhane Gebre Kirstos et Nestanet Asfaw n’étaient guère intéressés par le mouvement jusqu’à ce que le fléau de l’ethnicité apparaisse à la fin de 1974 et que certains étudiants tigréens et de l’Oromo ont demandé à être envoyé au Tigré et dans la région de l’Oromiya pour la campagne du Derg zemtcha.
Mais ce qui est plus important est leur qualification de la révolution de février. Les dirigeants du TPLF ont nié les aspects de classe sociale de la révolution et ont estimé que la révolution a ramené à la surface les contradictions et les antagonismes ethniques en Ethiopie. Ceci était en effet l’argument qui servait à rationaliser la forme extrême de l’esprit de clocher ethnique contenu dans le Manifeste de 1976. Comme nous le verrons par la suite, c’était une qualification complètement erronée.
Les aspects sociaux de la révolution de février étaient si criants qu’il suffit de jeter un coup d’œil aux principales demandes soutenues par des nombreuses grèves et manifestations à l’époque. De plus, les exigences fondamentales de 1974 ont trait à des questions structurelles concernant la liberté et la démocratie. En plus des nombreuses grèves et exigences de tous les opprimés de tous les secteurs de la société, le coup d’éclat est survenu lorsque les jeunes Ethiopiens de la classe ouvrière ont lancé la première grève générale en Ethiopie, peut-être même en Afrique. La résolution que la Confederation of Ethiopian Labour Unions (CELU) alors adoptée lors des grèves générales, était fondamentalement politique et allait bien au-delà des demandes sectorielles de la classe ouvrière. Elle demandait démocratie et liberté, l’abolition de la monarchie, la terre à ceux qui la labourent et d’autres demandes qui concernent les pauvres et les opprimés.
Si nous résumons la nature des demandes formulées en février, les principales exigeaient la liberté et la démocratie, un terme à la monarchie (visant la classe dirigeante), la terre aux paysans (une question de classe sociale), l’égalité religieuse (l’aspect social est reflété par la demande des prêtres pauvres qui voulaient l’abolition du clergé supérieur), l’égalité des femmes (une question de classe), une République populaire et la formation d’un gouvernement provisoire, etc. Ces questions reflètent les contradictions entre les classes sociales de l’époque. Aucune demande pour des droits ethniques ou pour l’exclusivité ethnique n’a été formulée au cours de l’entière période de la révolution.
C’est dans ce contexte que les dirigeants tu TPLF ont nié complètement les revendications de justice sociale et ont induit l’éthnicisation de la politique lorsqu’ils ont pris le pouvoir. A vrai dire, dans leur Manifeste de 1976, ils ont annoncé sans ambiguïté que la solution aux problèmes de l’Ethiopie consiste en une guerre ethnique, toutes les ethnies contre Shoan Amharas, et en "une révolution nationale démocratique dans chaque ethnie" et voir si elles peuvent reconstituer l’Ethiopie. C’est cette même théorie que Meles a réintroduit lorsqu’il est parvenu au pouvoir, l’éthnicisation de la politique, aussi bien au TPLF qu’au EPRDF. L’héritage de l’éthnicisation de la politique doit être vue dans ce contexte.
La demande écrasante pour la liberté et la démocratie au cours de la révolution de février ne doit pas être vue comme seulement une demande politique pour des droits. La liberté et la démocratie sont des aspirations anciennes des Ethiopiens, l’Ethiopie étant pauvre et ayant, jusque là, toujours été gouvernée par des autocrates d’un genre ou d’un autre. La liberté et la démocratie sont une réfutation des systèmes qui ont étranglé la population et l’ont maintenue dans une pauvreté aux relents bibliques. Mais nous savons tous que le Derg n’a pas donné suite aux aspirations des Ethiopiens. Bien au contraire. Le Derg a régné sur le pays par la terreur. En rejetant les attentes de la population, le Derg a choisi de "générer le développement " à sa façon. Mais nous savons tous que ceci n’a jamais eu lieu. Au bout du compte, l’héritage du Derg est le règne par la terreur, l’abolition totale d’une participation libre et indépendante, la soumission des individus (en dépit de la rhétorique révolutionnaire, prolétaire, socialiste, etc), l’autorité suprême et sans conteste du parti et de l’Etat, les rébellions subséquentes, la défaite de la Gauche, ainsi que l’avènement de mouvements basés sur l’ethnie et d’une économie absolument centralisé et d’une misère abyssale.
L’héritage de Meles
En 1991, l’EPRDF, en la personne de Meles, est parvenu au pouvoir avec pour contexte l’héritage du DERG. Après que ses demandes de liberté et démocratie aient été ignorées en 1974, la population éthiopienne était encore plus résolue dans ses revendications lorsque l’EPRDF a pris le pouvoir. La preuve que ces exigences sont importantes réside dans la constance de la demande et surgit à chaque génération. Jetons maintenant un coup d’œil sur l’héritage de Meles et de son régime
Il est paradoxal et inattendu que Meles ait été dépeint comme un "génie", comme celui "qui apporte le développement et la croissance économique", non seulement par la machine de propagande de son régime mais aussi par les dirigeants occidentaux y compris Barack Obama et les médias dominants du monde. Quelle est la base de leurs propos ou quelle est la source de leurs informations ? Il n’est guère difficile de démolir ces affirmations du fait qu’elles sont fallacieuses. L’héritage de Meles au niveau politique ne diffère pas sensiblement de celui du DERG.
En résumé, similaire à celle du Derg, l’héritage politique de Meles se caractérise par une prévalence de la terreur [Mengitsu a eu recours à l’infâme Terreur Rouge afin de défaire la Gauche cependant que Meles a mis en œuvre une loi "contre le terrorisme" afin de faire taire ses critiques et l’opposition en général]. A l’instar du DERG, il ne permettait pas la liberté d’expression et pas d’existence indépendante en dehors de l’Etat. Mengitsu a détruit la Gauche et l’opposition en les accusant de crimes et Meles a fait de même lors des élections de 2005 et après. Le DERG s’est emparé des syndicats et a annihilé leur indépendance. Meles a fait de même. Comme le DERG qui a interdit les ONG, Meles a suivi le même chemin.
Comme le DERG, Meles est responsable de massacre dans différentes parties du pays. L’armée de Meles a commis des massacres à Gambela sous prétexte d’écraser la résistance des Anuak, en Ogaden contre l’Ogaden National Liberation Front (ONLF) et dans les rues d’Addis Ababa et d’autres villes sous prétexte d’écraser les manifestations qui ont eu lieu suite à la confiscation du résultat des urnes lors des élections de 2005. Au début de son règne, le régime de Meles a été impliqué dans trois massacres peu connus qui visaient la population Amhara au Wollega.
Une autre manifestation de force et de terreur est la pratique des arrestations de masse. Depuis l’avènement au pouvoir du EPRDF et qui a perduré tout au long des 21 ans, une de ses caractéristiques a été les arrestations massives. Le sommet a été atteint en 2005, lorsque la police et l’armée de Meles ont arrêté 11 000 personnes dans tout le pays. En particulier, il a procédé à des arrestations massives d’individus d’origine Oromo. Au jour d’aujourd’hui, les prisons, en dehors des régions du Tigray et d’Amahra, sont remplies de prisonniers politiques arrêtés dans une vaine tentative d’écraser l’Oromo Liberation Front (OLF)
A l’heure qu’il est, le monde entier sait que Meles arrêtait massivement les journalistes. Tout au long de son règne, son régime a considéré les organisations internationales des droits humains comme l’ennemi n° 1. A la fin de son règne, il a envoyé en prison des gens, les accusant de terrorisme et les condamnant à un maximum de 18 ans de prisons. Très récemment, la dernière action répressive de Meles a consisté à écraser massivement les contestataires musulmans. Son régime a introduit de force une interprétation nouvelle et de son crû de l’islam et l’a imposée à la communauté musulmane avec l’aide de ses acolytes parmi le clergé musulman. La communauté musulmane est descendue dans la rue, en particulier après la prière du vendredi mais ils ont été sévèrement réprimés et les dirigeants sont incarcérés.
INSTITUTIONS DE GOUVERNANCE
Meles a aussi été louangé pour avoir introduit une gouvernance stable et meilleure. Toutefois, du point de vue du développement durable est-ce bien vrai ? Un coup d’œil sur ce qui est requis en terme d’institutions modernes pour qu’un Etat puisse fonctionner correctement, capable de générer un développement durable, montre que tout au long de ses 21 ans de règne, Meles Zenawi a échoué dans le développement es institutions de gouvernance nécessaires à un pays comme l’Ethiopie.
Quels sont les besoins pour construire un Etat moderne capable de générer du développement durable ? En bref, il est crucial de transformer les actuelles institutions de gouvernance en un Etat moderne. Ceci signifie qu’il faut une vision claire de la séparation des pouvoirs et du rôle respectif des trois principaux éléments de l’Etat, c'est-à-dire entre l’exécutif (gouvernement), le législatif (parlement) et le judiciaire. L’exécutif doit rendre des comptes au législatif et au judiciaire, le législatif au peuple et le judiciaire au gouvernement et au parlement. Afin de réaliser cette séparation claire, il doit y avoir de la liberté et de la démocratie. Sans liberté ni démocratie il n’est pas possible de définir clairement les rôles des principales institutions de l’Etat.
Nous savons que ce que Meles a instauré est exactement le contraire. L’exécutif contrôle le législatif et le judiciaire, raison pour laquelle le législatif ne sert qu’à entériner et le judiciaire n’est qu’un pion de l’exécutif. En fait, ce que Meles a instauré est pire que cela. Dès 2001, c’est à dire après avoir éliminé ses rivaux du TPLF et d’autres organisations de l’EPRDF, il a institutionnalisé un pouvoir personnalisé qui lui a permis de décider seul des questions grandes et petites.
En résumé, Meles a, à l’instar des monarchies absolues de l’Europe médiévale, institutionnalisé une dictature personnel à la Louis XIV qui déclarait "L’Etat c’est moi et la loi mon bon plaisir". Nous pouvons même parler de "Melesization" de l’Etat. Il incarnait l’Etat dans ce qu’il a de pire. Et c’est cette situation qu’il désignait sous le nom de "Etat démocratique de développement". Ce qu’il y a de "démocratique"ou de "développement" dans un Etat ainsi personnifié, ne peut être expliqué que par lui. Hélas, il ne l’a jamais fait
De plus, si un Etat veut être considéré comme tel, il doit rendre des comptes à la société et la société doit comprendre des mécanismes qui lui permettent de demander des comptes. Deuxièmement, le constitutionnalisme et l’autorité de la loi doivent êtres des caractéristiques principales d’un Etat moderne. Encore une fois, le monde entier sait que ces caractéristiques n’ont jamais existé en Ethiopie.
LA SOCIETE CIVILE
En science politique, l’Etat et la société civile sont symbiotiques. Ce qui signifie qu’un Etat ne peut pas exister sans la société civile et vice-versa. On ne peut pas parler de l’Etat sans parler de la société civile parce que le processus évolutif est interdépendant et simultané. Les institutions de l’Etat ne peuvent se développer que grâce à la liberté et la démocratie qui sont la précondition pour l’émergence d’une société civile.
Du point de vue du développement, la société civile est une précondition pour le développement sociale dont elle est, à la fois, objet et sujet. Si le développement doit être centré sur l’humain, il doit être élaboré pour l’humain. Le développement doit être conçu pour extraire les pauvres et les marginalisés des cendres et les couronner de dignité, titre auquel tous les humains ont droit. Ceci demande que la société soit couronnée de liberté et de démocratie par lesquelles elle se transforme en société civile. Nous voyons une fois de plus que la liberté et la démocratie sont fondamentales pour l’émergence de la société civile sans laquelle le"développement" ne peut être que matériel et non centré sur l’humain. Il est de notoriété universelle que l’héritage de Meles à cet égard est effroyable. Toutefois, même ceux qui l’accusent d’être un dictateur mais lui reconnaissent d’avoir induit la croissance économique, n’ont pas compris le rôle crucial de la liberté et de la démocratie dans la période de transition.
Un élément capital dans le processus de développement social concerne la transformation de l’individu sujet en citoyen. Ce processus de transformation est historique et appartient à la période de transition entre la dictature et la démocratie et la liberté. Sans liberté et démocratie, les individus ne peuvent devenir des citoyens. C’est seulement à partir du moment où ils sont libres et indépendants qu’ils prennent conscience et qu’ils acquièrent les connaissances concernant les conditions qui gouvernent leur existence (politiques, économiques, sociales et idéologiques). La transformation du sujet en citoyen est un passage obligé dans les processus de gouvernance et de développement. De ce point de vue, l’héritage de Meles est totalement négatif, et fait obstacle à la transformation des individus. Pendant l’ère de Meles, l’Ethiopien a été réduit à un statut moindre qu’à l’époque de Hailé Sélassié.
En résumé, nous avons vu que la liberté et la démocratie sont essentielles pour que le processus des trois transformations puisse avoir lieu : du gouvernement à l’Etat, de la société à la société civile et de sujet à citoyen. Nous avons également vu que la liberté et la démocratie sont les fondements de ces transformations. Dans ces domaines, l’héritage de Meles est désastreux.
DROITS DE L’HOMME
Les droits humains comme la liberté et la démocratie font parties intégrantes de l’Etat moderne et du développement. Ce qui distingue l’homme de l’animal n’est pas la capacité de penser (nombre d’animaux ont démontré qu’ils sont capables de penser) mais bien leur capacité d’exprimer verbalement ou par écrit ce qu’il pense. Refuser aux humains le droit de s’exprimer revient à les reléguer au niveau de l’animal. En niant aux Ethiopiens leurs droits humains fondamentaux, le droit de s’exprimer et autres, Meles Zenawi les a rejetés au rang des animaux.
Nous pouvons encore ajouter ici, les violations d’autres droits humains fondamentaux comme les droits des femmes, des populations autochtones (des nomades, des chasseurs-cueilleurs), le droit de l’enfant, etc. Toutes ces violations sont des infractions du droit international comme les conventions et les déclarations des Nations Unies et l’Union africaine. Raison pour laquelle, le gouvernement de Meles Zenawi s’est attiré les critiques des différents rapporteurs du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies à Genève ainsi que de la Commission africaine pour les Droits de l’Homme et des Peuples. En fait, dans une démarche sans précédent, la Commission africaine pour les Droits de l’Homme et des Peuples a condamné les violations des droits humains en Ethiopie lors de sa dernière session en avril 2012.
DEVELOPPEMENT ET CROISSANCE ECONOMIQUE
Dans le discours contemporain sur le développement, la liberté et la démocratie sont les préconditions du développement. C’est un principe fondamental universellement accepté. Mais que dit Meles à ce sujet ? Il rejette le principe et dans un de ses derniers discours il a dit : " Je ne crois pas à ces contes de fées, ces histoires qu’on raconte aux enfants avant de dormir, à ces arguments inventés qui lient la croissance économiques à la démocratie" (avril 2012)
Une des choses pour laquelle Zenawi a reçu des louanges a été son bilan pour la génération de développement et de croissance économique. Il n’y a que la population éthiopienne, qui est toujours plongée dans une misère abjecte et dans le sous-développement, qui rejette cette affirmation. Parce qu’il n’y a eu ni développement ni croissance économique sous Meles. Maintenant scindons notre commentaire.
En matière de développement, la question est de savoir si du développement durable a eu lieu in Ethiopie sous le règne de Meles. Démocratie politique ? Non. Préservation de l’environnement ? Il s’est produit le contraire. L’égalité des genres ? Aucunement. Les femmes sont toujours traitées comme des esclaves. Le développement de l’enfance et de la jeunesse n’a pas été pris au sérieux (eux qui devront assurer le futur). Démographie : une explosion démographique a contribué à la pauvreté
Croissance économique ? La vérité sur toutes les fanfares concernant la "croissance économique" sont de la propagande mise en place par Meles lui-même suite au élection volée de 2005. La principale "leçon" que Meles a tiré des élections de 2005 que son parti a misérablement perdues, a été qu’il est nécessaire de changer la façon de gouverner. Ainsi, il a fermé les médias privés, les ONG de défense et des Droits de l’Homme ainsi que les partis d’opposition essentiels parce qu’ils étaient les principales institutions qui contestaient les affirmations du gouvernement concernant la croissance économique. Il était considéré comme impératif de réduire au silence toutes les sources d’information alternatives qui auraient pu contester la croissance économique.
Puis, soudainement, précisément après 2005, d’extraordinaires affirmations ont surgi concernant la croissance économique réalisée sous Meles. Ceux qui ont cru à ces affirmations ne se sont jamais demandés comment il se fait que cette "croissance économique" apparaît brusquement après 2005. Que s’est-il passé après 2005 ? A-t-on trouvé du pétrole, des diamants ? Qu’ont-ils donc reçu qui a pareillement augmenté leur capacité d’accumuler du capital et de l’investir ? Meles faisait des affirmations fantastiques en particulier concernant la production agricole. Les chiffres produits sont pour le moins douteux et aucune vérification indépendante n’a été permise. Il est impossible d’accepter des chiffres fournis par le gouvernement sur la question de la croissance économique sans une vérification indépendante. Tout le stratagème de Meles a consisté à se débarrasser des pressions de l’Occident qui poussait pour une libéralisation de la situation politique. A cette fin, il a mis au point une propagande qui a amené l’Occident à renoncer à ses pressions parce que, tout bien considéré, Meles a "apporté la croissance économique"
Ceci ne signifie par qu’il n’y a pas des changements économiques marginaux. Des routes ont été construites, des bâtiments ont été érigés ä Addis et les affaires foncières sont allées bon train. Mais soyons clair. Ces changements ne sont pas nécessairement indicatifs de croissance économique. Deuxièmement, il y a toujours eu des changements marginaux même dans un conteste de pauvreté et de sous-développement. Toutefois les deux questions principales demeurent :
- 1) quel devrait être le degré de changements marginaux pour pouvoir les qualifier de croissance avec, en toile de fond, la taille de la population, la prévalence de la pauvreté, etc. ?
(2) Qu’est-ce que le peuple éthiopien aurait pu réaliser s’il avait instauré un gouvernement démocratique à son goût comme il le demande depuis 1974 ?
Ce sont là les questions qu’il faudrait poser avant que de mettre les changements marginaux sur le même plan que la "croissance économique". Pour que de la croissance économique puisse avoir lieu, il doit y avoir du développement dans les principaux secteurs de l’économie comme l’agriculture, l’industrie et le commerce
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** Ce texte de Melakou Tegegn a été traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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