Walter Rodney : le prophète assassiné de l’auto-émancipation
Trente ans après le meurtre de Walter Rodney, l’intellectuel et militant né en Guyane, Wazir Mohamed examine le rôle de l’impérialisme et des grandes puissances lorsque fût réduit au silence ‘’un défenseur du droit des peuples à l’égalité’’
Le 13 juin 2010, il y aura trente ans depuis que Walter Rodney « le prophète de l’auto-émancipation » a été assassiné en Guyane. Assassiné par un dictateur brutal en collusion avec les agents du capital international. En commémorant sa vie, il nous incombe de remettre son meurtre dans son contexte et de nous souvenir du rôle de l’impérialisme et de celui, essentiel, des grandes puissances, lorsqu’il fut réduit au silence.
Ce n’était pas la première fois que dans l’histoire moderne un défenseur du droit des peuples avait été réduit au silence, ni la dernière. Le meurtre de Walter Rodney peut être comparé à celui de Patrice Lumumba, le premier Premier ministre élu du Congo en 1961. Il peut être comparé au meurtre d’Amilcar Cabral, le dirigeant du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée Bissau et du Cap Vert, en 1973, par les Portugais. Il peut être comparé au meurtre, en 1983, de Maurice Bishop, le Ppremier ministre de Free Grenada, par des contre- révolutionnaires de son parti, excessivement zélés, le New Jewel Movment. Il peut aussi être comparé au meurtre, en 1973, de Salvador Allende, Premier ministre du Chili, par Pinochet, en collusion avec des agents du capital international.
Ceux-ci, comme d’autres dirigeants, ont commis un seul crime : ils nourrissaient une passion pour un changement réel. Ils ont pris pour modèle de changement les travailleurs et ont innové des voies et créés de nouvelles approches pour gérer les relations inégales entre la classe dirigeante et les pauvres. Ils ont été les agents du changement. Ils ont identifié le problème des inégalités raciales, économiques, sociales et culturelles entre ce qui était désigné sous l’appellation de ‘’Tiers Monde ‘’ et l’Occident, et ont voué leur vie à changer le statu quo dans leur pays respectif. Ils ont dénoncé le rôle des dictateurs locaux qui ont bénéficié du statu quo et qui ont donc adopté un processus dictatorial qui perpétuait l’assujettissement des travailleurs.
Ces dirigeants, parmi de nombreux autres, ont été tués par des agents du capital étranger et local, au cours de la période de 1960-1990, afin d’envoyer un message aux travailleurs des anciennes colonies. Ce message est un avertissement : le capital international et ses agents locaux ne sont pas prêts et ne toléreront pas des exigences de changements politiques, économiques, sociaux et culturels venant des anciennes colonies. Ceci explique en partie la stagnation, la régression et la détérioration continue des conditions actuelles des gens ordinaires dans la plupart des domaines dans les anciennes colonies.
A ce jour, le rêve d’auto-émancipation et d’authentique indépendance reste non réalisé dans toutes les anciennes colonies. Les travailleurs sont plus éloignés que jamais de la réalisation du rêve d’égalité économique, politique, sociale et culturelle. Ceci est vrai pour les Caraïbes - lieu de naissance de Rodney et de Bishop- comme pour l’Afrique qui est le lieu de naissance de Cabral, Lumumba, Machel, Mandela et d’autres. Malgré l’instauration d’un gouvernement majoritaire et une soi-disantE indépendance au Zimbabwe et en Afrique du Sud, il reste à ces pays à procéder à une véritable réforme agraire. Si celle-ci était menée selon des critères démocratiques, elle pourrait apporté la solution aux structures inégalitaires historiques léguées par les colonies dans tout le continent. Comme en Guyane, la plupart des anciennes colonies en Afrique, en Asie et en Amérique latine doivent trouver des solutions pour gérer et réparer le dommage historique des divisions ethniques et raciales qui menacent de détruire ces sociétés.
L’assassinat de Walter Rodney doit être mis dans le contexte de la lutte des peuples contre la domination étrangère sur les corps et les esprits, contre la domination étrangère sur la pensée et l’action. Walter Rodney ne s’est pas réveillé un beau matin - comme de nombreux autres dirigeants - et a décidé qu’il voulait exercer le pouvoir sur son pays. Il n’avait pas de telles ambitions. Il a été poussé dans cette sphère comme dirigeant reconnu des travailleurs de Guyane, parce que dans leur estimation il était le plus à même de comprendre et de partager leur vie de douleurs. Douleurs qui dérivent en partie du rêve envolé d’une auto-émancipation démocratique, un rêve perdu suite à la dissolution des mouvements anti-coloniaux nationaux dans les années 1950.
Dans le sillage de cette dissolution ont émergé des forces représentant des intérêts ethniques qui ont entraîné la croissance de partis politiques autour desquels des secteurs de la population se sont regroupés, pensant qu’ils fourniraient la sécurité à leur ethnie. A ce jour, la Guyane continue de souffrir du cauchemar de la politique ethnique. La dissolution du mouvement national en Guyane, bien que celui-ci ait compté des acteurs importants, a eu lieu dans le cadre de l’attaque globale contre de tels mouvements, une attaque globale contre l’autodétermination qui a débuté avec le colonialisme et l’esclavage et qui a assujetti des nations indépendantes pendant les deux cents ans écoulés.
Haïti et sa pauvreté est l’exemple le plus frappant. Depuis la révolution, les grandes puissances ont non seulement refusé de reconnaître le droit du peuple haïtien à l’autodétermination, mais pendant plus de 200 ans elles se sont efforcées d’étouffer toute velléité d’auto-émancipation. En Haïti, elles - les grandes puissances menées par les Etats-Unis - ont imposé et soutenu la dictature de la famille Duvalier qui a régné avec une main de fer entre 1957 et 1986.
A ce jour, Haïti n’est pas libre de décider de son cheminement vers l’autodétermination. Son premier président élu, Bertrand Aristide, a été banni et vit maintenant en exil en Afrique du Sud pour s’être opposé, selon ses propres mots, à la privatisation prescrite aux petits pays par les grandes puissances. Il a été déposé parce qu’il voulait des lois qui réglementent le travail dans les ‘’ sweatshops’’ (atelier où les travailleurs sont gravement exploités ; ndlt) en Haïti, parce qu’il voulait imposer un salaire minimal, parce qu’il voulait protéger les producteurs locaux et les fermiers rizicoles de l’attaque des produits subventionnés que l’Occident largue sur les petits pays et aussi parce qu’il voulait créer une structure gouvernementale qui permettrait aux Haïtiens ordinaires de s’organiser afin de s’émanciper.
A l’instar de Duvalier en Haïti, de Somoza au Nicaragua, du Shah en Iran, de Gairy à Grenade et des nombreux dictateurs qui ont pourchassé et étouffé l’esprit d’auto-émancipation en Amérique latine, en Asie et en Afrique, la dictature du People National Congress (PNC) en Guyane a émergé et a connu une croissance qui lui permet de dominer, avec l’appui et le soutien des grandes puissances. Les intérêts des grandes puissances concernaient prioritairement le contrôle de l’économie, en particulier les minerais et la production agricole et deuxièmement leur allégeance au plan international pendant la Guerre Froide. Alors qu’il était un jeune intellectuel, Walter Rodney a étudié l’impact des politiques des grandes puissances sur le développement inégal et l’inégalité.
La construction des concepts de Tiers Monde en opposition à l’Occident a été perturbée par des dirigeants locaux, qu’ils soient dans les Caraïbes, en Afrique, en Asie ou aux Etats-Unis d’Amérique. Dans tous ces lieux, Rodney a pris une part active aux débats et aux discussions sur les conditions locales, cependant que de plus en plus de gens étaient attirés par son savoir. Inexorablement ces discussions et débats ont conduit à son bannissement de la Jamaïque par le gouvernement Shearer, à son déni de poste à l’université de la Guyane et finalement à son assassinat en 1980.
On ne peut séparer les activités intellectuelles de Rodney de son militantisme. Ses activités intellectuelles interpellent ceux qui attendent de voir et tous ceux qui souhaiteraient rester des spectateurs cependant que le fossé entre les riches et les pauvres se creuse et que la classe dirigeante poursuit son utilisation magistrale de la race, de l’ethnie et du genre pour imposer, à des degrés divers, la vieille formule de diviser pour régner dans des situations locales spécifiques.
Maîtrisant l’histoire de la Côte de la Haute Guinée suite à ses études doctorales, il explique que bien que les dirigeants locaux africains et les élites aient été en collusion dans la traite des esclaves, les étudiants en histoire doivent comprendre la dimension globale, c'est-à-dire la croissance du marché des esclaves alors que le commerce européen est en expansion et qu’émerge au même moment des formes diverses d’exploitation dans des endroits spécifiques. (1)
Rodney explique que ‘’les agents africains de la traite atlantique des esclaves doivent être vus dans une perspective globale’’. C’est ainsi que le motif du profit, stimulé par la croissance des plantations dans les Amériques, a créé des conditions qui ont mené à des guerres civiles dont le but premier était de capturer’’ l’ennemi’’ qui était ensuite vendu comme esclave. (2) Cet ouvrage démontre sa fascination pour la méthodologie du capital dans la création des laquais, des agents locaux au travers desquels les tentacules de l’exploitation des travailleurs sont élaborées et consolidées.
Les capacités intellectuelles de Rodney ne sont pas passives. Elles appellent à l’action. C’est un appel à l’action des travailleurs dans des situations locales, que ce soit en Afrique où il a été un combattant lors de la lutte pour l’indépendance, en Jamaïque où il a aidé des étudiants à identifier les maux de la société, aux Etats-Unis et en Europe où il a imploré la gauche d’aborder la question de la limitation des politiques avant-gardistes et de caractère hégémonique des principaux pays socialistes. En Guyane, où il était bien établi parmi les gens, il les a aidé à comprendre et à identifier les agents locaux du capital étranger dont la richesse et le pouvoir dérivent de leur travail et de leur misère.
Le savoir de Walter fait appel aux gens afin qu’ils reconnaissent que le chemin vers la résolution des injustices historiques vient de la compréhension du passé. C’est dans ce contexte qu’il a écrit ‘’ History of the Upper Guinea Coast, ‘’ How Europe undeveloped Africa’’ et ‘’History of the Guyanese working people’’. Dans l’introduction de ‘’How Europe undeveloped Africa’’, Vincent Harding, Robert Hill et William Strickland écrivent que ‘’ses travaux sont imprégnés par l’esprit, l’intellect et l’engagement de l’auteur… chez Rodney, la vie et l’œuvre ne font qu’un.’’ (3)
Nulle part son engagement passionné n’est plus manifeste que dans ‘’History of the Guyanese working people’’. Cet ouvrage, qu’il a achevé au cours des deux dernières années de sa jeune vie représente, de son point de vue, une petite contribution pour combler l’immense fossé, le vide de l’historiographie de la Guyane, ce qu’il a nommé le profond sous-développement de l’historiographie de la région. A l’instar de l’historien nationaliste des Caraïbes de grande réputation, Elsa Goveia, il nourrissait une véritable passion pour le labeur auquel étaient confrontés les intellectuels nationalistes et les nouveaux intellectuels comme lui-même et ceux qui ont suivi.
Le labeur, tel qu’il l’a identifié, consiste à créer une compréhension de la manière dont nos sociétés ont été construites, au travers d’une réel compréhension de l’histoire de la lutte des travailleurs. Il était fermement convaincu, et n’a jamais failli dans son engagement, que l’histoire doit être racontée du point de vue des gens. Cet engagement en faveur de la vérité était sa marque de fabrique intellectuelle et ses activités intellectuelles étaient étroitement imbriquées dans son militantisme.
Il croyait que la vraie histoire, correctement expliquée, aiderait les masses des travailleurs à se débarrasser des préjugés qui les opposent les uns aux autres. Il a démontré une capacité à rendre compréhensible l’histoire, que ce soit devant un auditoire où lorsqu’il était parmi les travailleurs chez eux, dans leur place de travail ou dans leur communauté. Il n’a jamais caché sa position en ce qui concerne l’inégalité et le fossé croissant entre les possédants et les démunis. Il a vécu sa vie entièrement comme un défenseur du droit des peuples à l’égalité pleine et entière et ce fut sa détermination qui a conduit à son bannissement de la Jamaïque.
En réponse à l’exil imposé par le gouvernement Shearer de la Jamaïque en 1968, il a déclaré n’avoir rien fait d’autre que de rester parmi ses frères. ‘’ J’ai essayé de faire une contribution. J’ai essayé de partager mon expérience. Je suis sorti comme je l’ai dit, j’irai à la radio si c’est que qu’ils veulent, je parlerai à la télévision s’ils me le permettent. J’ai parlé au Extra Mural Centre. Je m’enfoncerai plus avant dans Kingston West et je parlerai partout où il y a une possibilité de se rassembler. Ce peut être un club sportif ou peut-être une école, ou une église ou une ruelle. J’ai parlé dans les taudis, les dépotoirs… c’est là que le gouvernement fait vivre les gens.’’(4)
Il croyait fermement que le rôle de l’intellectuel conscient (il disait ‘’noir’’) est de sortir de l’université, que l’intellectuel conscient doit être capable de faire la connexion entre son savoir et les activités des masses des travailleurs. Inévitablement, c’est sa détermination à vouloir transcender l’université - comme il l‘a fait lors de son retour en Guyane en 1974 - qui a entraîné son expulsion de l’université de Guyane. Le gouvernement Burnham pensait que s’il le privait de son emploi à l’université de Guyane, il serait contraint de quitter le pays. Mais il ne pouvait l’expulser du pays parce qu’il était citoyen de Guyane.
Walter Rodney s’était engagé en faveur d’un avenir politique des masses multiraciales de Guyane. Il était fermement convaincu que si la masse des travailleurs comprenait les raisons historiques et contemporaines de leur misère, elles seraient capables de s’émanciper. Il a été banni de l’université, avant que d’être tué, parce qu’il a osé s’adresser aux gens ordinaires. Il a été tué parce qu’il a osé donner aux gens des outils qui menaient à l’unité et à l’action concertée. Il a été tué parce qu’il s’était engagé en faveur des masses, qu’il était bien établi parmi les gens, les mineurs de bauxite, les fonctionnaires, ceux qui travaillaient dans les plantations de cannes à sucre, les débardeurs, les fermiers, les villageois.
Il y a un contexte historique à l’assassinat final de Walter Rodney. Sans se laisser intimider par le refus de l’employeur, son travail et ses contacts avec la masse des travailleurs a décuplé et, selon ses propres termes, son enracinement dans la population a pris une nouvelle dimension, une nouvelle signification et a trouvé un nouvel objectif. Il s’était engagé à montrer aux travailleurs le chemin, celui qui mène à l’émancipation. Il s’était engagé à aider les travailleurs à résoudre les problèmes du pays, des travailleurs dont la survie politique, sociale, culturelle et économique était menacée par un gouvernement qui a saisi le pouvoir au travers d’élections truquées. Un gouvernement- qui se prétendait socialiste et qui a commencé à piétiner les droits des travailleurs à s’organiser, à la liberté d’expression, à la liberté d’association et de mobilisation, etc. Un gouvernement minoritaire qui s’est promptement engagé dans un processus de consolidation de son pouvoir. Un gouvernement minoritaire qui a entrepris et poursuivi la mise en place des fondements de la dictature et de la corruption étatique. Un gouvernement minoritaire qui, comme d’autres gouvernements manipulés de l’étranger au cours de cette période, tel Haïti, Grenade, le Nicaragua, l’Iran et ainsi de suite, a commencé à poser les bases du terrorisme d’Etat contre ses agents politiques et sa population, en réorganisant les forces de police et l’armée afin de les inclure dans un appareil de sécurité spécial, le plus célèbre à l’époque étant celui connu sous le nom ‘’d’escadron de la mort’’. Un gouvernement minoritaire qui a pris des engagements avec le Fonds Monétaire International (FMI) et qui a imposé aux travailleurs des mesures d’austérité strictes , cependant que les élites puisaient librement dans le trésor et galvaudaient les richesses du pays.
Walter Rodney a été tué en raison de son engagement sans faille à pratiquer et à enseigner ce genre de nouvelle politique, une politique qui exècre les approches avant-gardistes qui consistent à prendre des décisions au sommet sans consultation du ‘’bas’’. Il a été tué parce qu’il était fermement convaincu de l’auto-émancipation des travailleurs et que celle-ci ne pourrait avoir lieu que si les travailleurs s’unissaient et agissaient à l’unisson. Il a été tué en raison de ses efforts d’enseigner aux travailleurs l’art de l’unité qui a entraîné une mobilisation multiraciale sans précédent dans la Guyane moderne. Il a été tué parce que les ennemis des travailleurs ont compris qu’une action multiraciale entraînerait l’auto-émancipation qui, à son tour, amènerait des transformations sociales.
La recette pour la guérison ethnique et raciale en Guyane et le Tiers Monde a été le cadeau de Rodney aux travailleurs. Il croyait fermement en l’unité des travailleurs et était engagé dans la lutte afin de trouver des solutions à long terme aux problèmes des divisions ethniques et raciales qui déchiraient la Guyane et la plupart des anciennes colonies. Il n’était pas seulement engagé, mais s’est jeté corps et âme dans la lutte pour une nouvelle forme de politique populaire, en faveur d’une nouvelle culture politique et de respect. Il appartenait à une nouvelle génération d’intellectuels militants qui ont reconnu la nature des vieux jeux politiques. En voulant la libération et le développement, il ne s’est pas contenté de remplacer les dirigeants expatriés par la version locale. En tant qu’intellectuel militant, sa détermination l’a poussée à dire que la transformation et un véritable développement humain ne peuvent être réalisés qu’au travers d’une lutte commune de tous afin que tous reconnaissent la nécessité d’une humanité au singulier.
L’œuvre de sa vie d’intellectuel militant est un exemple exceptionnel pour quiconque est désireux de penser et d’agir en dehors des cadres. En tant qu’intellectuel militant, il a ouvert la voie et montré qu’il était facile d’être à la fois un intellectuel et un militant. Ceci est attesté par sa capacité à procéder à des recherches pour écrire son livre ‘’How Europe undevelopped Africa’’, concernant la dévastation causée par des forces extérieures à l’Afrique et son livre concernant l’histoire des travailleurs de Guyane, tout en participants aux mouvements panafricaniste et de libération en Afrique, le mouvement pour l’unité raciale et la démocratie en Guyane et ses travaux auprès des Rastafarians en Jamaïque.
Alors qu’il défendait, promouvait et mettait l’accent sur le droit des anciens esclaves - les Africains des Amériques, des Caraïbes et de la Guyane - de redécouvrir leur culture ancestrale, attesté par son ouvrage ‘’ Grounding with my brothers’’ il était également préoccupé par les descendants des travailleurs contractuels indiens introduits par les colons en Guyane. Il était non sectaire et ne cultivait pas d’attitude sectaire.
Son attitude et son approche non sectaire sont démontrées par ses efforts pour trouver des solutions pour tous les peuples de Guyane. Elle est particulièrement manifeste dans le dernier livre qu’il a écrit, ‘’ A history of the Guyanese working people 1881-1905’’, dans lequel les Africains et les Indiens tiennent la même place. Dans cet ouvrage, il réfute la culture et la perception de certains secteurs de la population afro guyanaise que les Indiens de Guyane sont des étrangers.
Au travers des preuves documentées de la lutte et de la souffrance des Indiens pour la survie des plantations, il démontre que leurs contributions sont équivalentes à celles des autres groupes, en particulier des Afro Guyanais, à l’histoire de la Guyane. Son éclairage et son analyse de la contribution, aussi bien des Afro Guyanais que des Indo Guyanais, à l’histoire de la Guyane, est instructive et demeure un instrument pour nous tous qui avons pour but la création d’une démocratie multiraciale en Guyane, une Guyane pour tous ses fils et ses filles. Nous tous qui sommes imprégnés de ce but commun, nous le devons à nos ancêtres, à notre génération et à la génération future de mettre la main à la pâte, par notre savoir et dans nos communautés respectives, afin de créer une telle société.
* Wazir Mohamed enseigne la sociologie à l’université d’Indiana. Il a grandi dans une petite forme rizicole dans la Guyane rurale.
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