Les enjeux des Jeux des îles de l’océan Indien, édition 2015

Déclaration du Cdiscom

En poussant les athlètes maorais à arborer le drapeau tricolore et à chanter l’hymne français pendant le défilé d’ouverture, en violation des règles de la charte des Jioi, l’administration française a cru pouvoir faire valider, par les pays de l’océan Indien, le nouveau statut de département français décidé par la France sur l’île comorienne de Mayotte.

Comme nous le savons, l’édition 2015 des Jeux des îles de l’Océan indien (Jioi) a démarré dans la crispation. Les regards se sont tournés vers la France, qui, par ses tracasseries administratives, a refusé le visa d’entrée sur l’île de la Réunion à des athlètes comoriens et malgaches invités par le Comité international des jeux (Cij).

Toujours cette manie au chantage du visa ! Nous ne sommes pas prêts d’oublier l’utilisation de cet outil de répression, imposé aux Comoriens, voici 20 ans : le « visa Pasqua – Balladur », qui entrava la libre circulation des Comoriens dans l’archipel des Comores est objectivement responsable de ces dizaines de milliers de cadavres comoriens qui jonchent la mer indianocéane !

Dès le lancement des jeux, les équipes nationales lésées se sont retirées des compétitions. Ainsi, les jeux sont gâchés, s’est–on alarmé, ce qui a amené cette question (prémonitoire ?) dans l’édition du 1er août du journal Témoignages : « Jusqu’où descendra la France ? »

La France a poursuivi son escalade de provocations, en ne se souciant que de ses intérêts géopolitiques dans la région. En poussant les athlètes maorais à arborer le drapeau tricolore et à chanter l’hymne français pendant le défilé d’ouverture, en violation des règles de la charte des Jioi, l’administration française a cru pouvoir faire valider, par les pays de l’océan Indien, le nouveau statut de département français décidé par la France sur l’île comorienne de Mayotte. Statut unilatéralement décidé par la France contre le Droit international et dénoncé par les Nation unies comme par l’Union africaine, et rejeté par l’Etat comorien !

Ce que la France n’aurait pas su prévoir, c’est la réaction de la partie comorienne à ces manipulations politiciennes ! Les athlètes comoriens ont protesté immédiatement, contre le non-respect des règles par les athlètes maorais, en se retirant des compétitions. Le gouvernement comorien a suivi ses athlètes et dénoncé formellement le manquement français !

Décidément, cette France arrogante ne sait voir que ses seuls intérêts ! A cette occasion, la réponse exprimée par l’ensemble des pays de l’océan Indien est à la hauteur ; nous pouvons nous féliciter :

- de la cohérence manifestée par le gouvernement comorien, qui a rappelé l’ambassadeur des Comores en France, a fait convoquer pour audition l’ambassadeur de France aux Comores (reçu par le ministère des Relations extérieures) ;

- de l’éveil de conscience manifesté par l’ensemble de la classe politique et la société civile comoriennes, qui ont appelé à manifester un soutien indéfectible aux héroïques athlètes comoriens ;

- des gestes de solidarité que les pays de la région ont manifestés vis-à-vis du voisin comorien, par une condamnation ferme et unanime de la violation des règles du jeu par la France…

Dans ce contexte, rappelons que la Commission de l’océan Indien (Coi) a été investie par la France, seulement 4 ans après sa création, dans l’objectif de mieux défendre ses intérêts dans une aire géopolitique convoitée, en effet, par le Royaume Uni ou des pays émergents comme l’Inde. Précisons que, lors du dernier sommet de la Coi, qui a eu lieu à Moroni en août 2014, la France du président Hollande a tenté de transformer la Commission en Communauté des Îles de l’Océan Indien. Suite au rejet d’une telle manœuvre qui visait à « diviser pour régner » dans la région, cette puissance d’occupation n’était–elle pas censée prendre en considération cette nouvelle donne diplomatique, cette capacité de résistance des pays de la Coi ?

L’expérience du Forum des îles du Pacifique (Fip), dont les pays membres ont (longtemps) résisté à l’entrisme de la France dans l’organisation régionale, doit inspirer en faveur d’une union dans la solidarité, pour barrer la route à toute tentative de manipulation venant de l’extérieur des pays de l’océan indien.

Puisse l’élite de la région indianocéane travailler de concert dans cette perspective. Par exemple, en s’appuyant sur un partenariat multiple et sur la lucidité nécessaire quant à l’expression d’une amitié de façade que l’on prétend leur témoigner. La région est sur la bonne voie. Au terme de ces jeux, nous pouvons nous réjouir que les organisateurs aient choisi les Comores pour la prochaine édition du grand rassemblement de la jeunesse de l’océan Indien.

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** Déclaration du Collectif de défense de l’intégrité et de la souveraineté des Comores. Le collectif est composé essentiellement d’associations et de personnalités de la société civile. (source : afriquesenluttes.org

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