Abderrahim Ouarghidi : le héros botaniste de la Fondation du Haut Atlas

Deux téléphones portables. Trois numéros. Trente à quarante coups de téléphone par jour. Une vie professionnelle basée sur les déplacements et coupée depuis sept ans, du luxe des horaires réguliers, des weekends et du sommeil. Il va sans dire que le Dr Abderrahim Ouarghidi, 40 ans, est un homme occupé.

Officiellement, Ouarghidi, le directeur des programmes de la Fondation du Haut Atlas (Fha) à Marrakech, qui a axé son travail de doctorat sur l’ethnobotanique et l’écologie des zones rurales du Maroc et qui a travaillé avec la Fondation Global Diversity, conseille également d’autres projets de la FHA sur certaines questions comme le jardinage et la gestion. Il rencontre fréquemment les bailleurs de fonds, les leaders communautaires et les participants aux ateliers de formation de la Fha.

Avec ces horaires de travail irréguliers et chargés, ce qui pousse Ouarghidi à continuer, c’est sa foi en la mission de la Fha qui consiste à aider les communautés rurales à se développer. En tant que scientifique et agent de développement, il a un point de vue unique sur la préservation et le développement communautaire.

“Pour un scientifique, l’objectif est toujours de préserver les ressources”, dit le Dr Ouarghidi. “En étant un agent de développement, vous pensez toujours à développer la communauté par rapport aux ressources. Si vous êtes au milieu, vous pouvez… (penser) à préserver et à conserver toutes les ressources, mais aussi (penser) à la manière de les équilibrer avec le développement de la communauté. C’est là où je veux être, au milieu, pour pouvoir rapprocher les deux.”
Pour remplir cet objectif, il sent qu’il doit être disponible à tout moment pour les contreparties locales.

“Avec le travail (de développement), vous ne pouvez pas dire après dix-heures que votre journée est finie,” explique le Dr Ouarghidi. “Les gens peuvent vous appeler à minuit. Ils peuvent vous appeler à cinq heures du matin… Vous travaillez 24 heures sur 24. Chaque fois qu’une personne est coincée ou qu’il y a un problème, elle a besoin de vous joindre. Vous ne pouvez pas prévoir les choses.”
Cette disponibilité, affirme le Dr Ouarghidi, crée plus d’un partenariat fructueux : elle jette également les bases de liens durables entre la Fha et ses partenaires ruraux.

“Nous cherchons à être près de la communauté. Nous cherchons à être participatifs, car les (contreparties locales) savent qu’elles peuvent participer. Elles savent que nous leur donnons l’occasion et un lieu pour s’exprimer, prendre leurs propres décisions, puis réaliser leurs projets.”

Pour Abderrahim Ouarghidi, cette autonomisation a également abouti à de profondes amitiés. “Les gens, lorsqu’ils vous aiment, vous aiment vraiment,” a déclaré le Dr Ouarghidi. “(Ce travail est) quelque chose que vous faites avec amour. (Les contreparties locales) vous veulent… elles savent que vous êtes la solution (à certains problèmes.)”

L’efficacité du Dr Ouarghidi vient peut-être de ses propres liens avec la vie rurale. De descendance arabe et amazigh, il a passé les étés de son enfance dans les montagnes près de Marrakech, où il a appris le tashelhit. Ces liens lui ont donné un aperçu de la vie et des luttes des Marocains qui vivent en milieu rural.

“En étant dans la montagne, en voyant les luttes et les difficultés des gens et en allant sur le terrain, vous savez à quoi les gens ont à faire face car vous avez déjà été là et que vous savez exactement ce qui s’y passe,” a affirmé le Dr Ouarghidi. “Vous savez comment établir des liens avec les gens et comment vous intéresser à leurs problèmes, à leurs priorités.”

A l’avenir, le Dr Ouarghidi espère se pencher sur la manière dont la gestion des ressources en eau touche l’autonomisation des femmes rurales.

«J’ai eu de la chance dans la vie. J’ai eu une bonne éducation, de bonnes opportunités. Mon devoir est de donner, parce que j’ai beaucoup à donner ".

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** Ida Sophie Winter est une étudiante américaine en journalisme à l’université du Missouri. Elle suit actuellement des cours à l'université Akhawayn d’Ifrane en tant que boursière Boren. ([email protected])

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