Pambazuka news sollicite vos contributions sur la question de la justice transitionnelle en Afrique, pour aider les lecteurs à comprendre le débat qui se pose à ce sujet et jouer efficacement leur rôle en tant que citoyens d'Afrique.
Dans un passé récent, beaucoup de débats au sein des espaces scientifiques ont montré que la justice transitionnelle, comme domaine d'étude et comme pratique en est encore à chercher ses repères conceptuelles et politiques. A ce propos, il est intéressant de noter qu'il y a eu une avancée dans certaines régions du monde, l'Afrique y compris, pour se pencher sur les legs des violations passées commises par la communauté internationale.
Mais la tendance en Afrique, pour la recherche de solutions aux atrocités de masse commises pendant les guerres civiles et autres formes de violences politiques dans des pays comme le Burundi, le Kenya, la Rd Congo, le Zimbabwe, le Mozambique, le Mali, la Côte d'Ivoire, la Guinée et l'Ouganda - pour n'en citer que quelques-uns - a été de faire appel à la communauté internationale dont les interventions ne se sont pas avérées des solutions efficaces.
Divers mécanismes ont été proposés, notamment la recherche de la vérité sur les violations des droits humains ou sur les violences, la poursuite d'individus portant la plus grande responsabilité dans des conflits, les réparations pour les victimes de la violence et de la réforme institutionnelle.
Nombre de critiques remettent en cause ces mécanismes de justice transitionnelle dans leur capacité à résoudre les causes profondes des violences et des conflits en Afrique, à garantir la justice pour les victimes, à assurer la réconciliation des communautés et la sécurisation de sociétés démocratiques stables. Ces débats soulèvent des questions fondamentales sur les hypothèses qui façonnent la justice transitionnelle, en rapport avec les réalités et le contexte du continent.
Les définitions de la justice transitionnelle et ses concepts opératoires sont contestés. Elle est perçue dans certains milieux comme une industrie destinée à attirer plus de financements, avec une prolifération d’Ong locales et internationales, championnes de la mise en œuvre de divers ensembles de mécanismes de règlement des abus passés.
Cette tendance montre que de nombreuses questions difficiles doivent être posées par les citoyens africains, en vue d'analyser les différentes complexités et les réalités des processus actuels de justice transitionnelle, mais aussi les pratiques pour répondre aux préoccupations des sociétés post-conflit. Il y a, sans doute, un besoin de penser une production autonome d’approches endogènes durables et prospectives pour remédier aux séquelles des violations passées et favoriser la reconstruction des sociétés affectées.
Dans cette perspective, des questions se posent :
• Quand on parle de la justice transitionnelle, de quelle transition s’agit-il et à partir de quoi ? De quelle justice s’agit-il ?
• Comment les processus de justice transitionnelle peuvent-ils s’appliquer en l'absence d'un régime ou d’un changement démocratique ?
• Pourquoi y a-t-il eu beaucoup d'accent mis sur les mécanismes et les processus purement juridiques sans tenir compte de la pertinence et di rôle important des contextes socio-économiques et politiques qui pourraient mieux expliquer les origines et d'autres facteurs dans le continuum des conflits ?
• Pourquoi y a-t-il eu tant de déséquilibre des pouvoirs à l'échelle mondiale dans les discussions sur la justice transitionnelle ?
• Le monde est témoin d'une baisse des pouvoirs politique et économique de l'Occident, en particulier des Etats-Unis. Cela pourrait-il être une opportunité, pour les pays du sud, de modéliser de nouvelles visions sur la justice transitionnelle pour l'avenir ?
• Dans quelle mesure les processus de justice transitionnelle ont-elle pu transformer le rôle des femmes au-delà des victimes de violations ?
• Comment les mécanismes de justice transitionnelle peuvent-ils être préservés d’une tendance à consolider les hiérarchies et la discrimination qui existent déjà entre les sexes ?
• Les mécanismes de justice transitionnelle prennent-ils réellement en compte les enjeux émergents en Afrique, tenant compte des violences comme celles relatives à l'exploitation des ressources naturelles?
• Pourquoi les Africains n’ont-ils pas entièrement soutenu et financé l'économie de la justice transitionnelle?
• Quel est le rôle de la communauté internationale et des bailleurs de fonds dans une perspective tendant à influencer le discours et les processus de justice transitionnelle en Afrique ?
• Peut-il exister un processus de justice transitionnel afro-centrique et autonomes?
La rédaction de Pambazuka News lance un appel à contribution sur ces sujets et sur les questions connexes qui pourraient en découler, pour les besoins d’un numéro spécial sur la justice transitionnelle en Afrique. Sa parution est prévue en novembre 2014.
DATE LIMITE DE SOUMISSION DES ARTICLES : Vendredi 31 octobre 2014.
LONGUEUR DES ARTICLES: Les articles doivent être rédigés sous Microsoft Word, police : Times, taille 12 et avoir entre 1000-3000 mots
Veuillez accompagner votre texte d’une biographie en deux lignes à la fin de votre article et l'envoyer à: [email protected]
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** Henri Makory est éditeur à Pambazuka News
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