Les universités sont des espaces de production de savoirs articulés à des technologies de pouvoir dont les féminités et les masculinités académiques sont le produit. Ce processus de production des féminités et des masculinités s’ordonne à un ordre local spécifique à l’institution universitaire. Cet ordre local assujettit les femmes dans son processus de production des savoirs. Comment une telle discrimination opère-t-elle concrètement dans les universités africaines ? A-t-il eu une évolution du statut des femmes dans les universités africaines, et si oui dans quelle direction/mesure ? Telles sont les questions centrales auxquelles cet appel à communication voudrait apporter des éléments de réponse.
« Tout système d'éducation est une manière politique de maintenir ou de modifier l'appropriation des discours, avec les savoirs et les pouvoirs qu'ils emportent avec eux » (Foucault, 1969). Les systèmes éducatifs africains, et de façon plus précise, les universités, n’échappent pas à une telle logique et font elles-aussi l’objet de nombreuses appropriations par les pouvoirs, qu’ils soient politiques ou économiques, dans des perspectives qui sont parfois une atteinte flagrante aux libertés académiques. L’épisode de la fermeture du département de Philosophie de l’Université de Yaoundé, pour des raisons « subversives », par le régime d’Amadou Ahidjo, est une illustration concrète de ce type de détournements idéologiques et rend bien compte de la conflictualité des enjeux politiques et sociaux au cœur desquels se trouvent certaines universités africaines…
Parmi celles-ci, se pose aussi avec une certaine acuité, les inégalités de genre et des injustices sociales basées sur le genre. Elles montrent que les universités sont des espaces de production de savoirs articulés à des technologies de pouvoir dont les féminités et les masculinités académiques sont le produit. Ce processus de production des féminités et des masculinités s’ordonne à un ordre local (normes locales de fonctionnement auxquelles s’astreignent les membres de la communauté universitaire) spécifique à l’institution universitaire. Cet ordre local assujettit les femmes dans son processus de production des savoirs.
Les libertés académiques constituent une des normes de l’ordre local garantissant aux membres de la communauté un environnement de travail dépouillé des interférences et contraintes autres que l’éthique et la responsabilité.
Pour l’association canadienne des professeures et professeurs du supérieur, « La liberté académique doit s'appliquer pleinement aux professeures et professeurs qui ont pour tâche l'enseignement, la recherche, la création, ainsi que la participation aux différentes instances universitaires et les services à la collectivité. Elle leur permet d'accomplir ces tâches sans être assujettis à des pressions ou censures et ce, quels que soient l'orientation de leur pensée, leur style de vie, leur origine ethnique, leur langue, leur sexe, leur orientation sexuelle, leur handicap physique, leurs opinions et actions politiques ou religieuses, leur âge, leur état civil » (FQPPU, 2001).
L’intérêt de cette approche est qu’elle permet d’identifier quelques éléments de discrimination, parmi lesquels le genre, pouvant entraver la jouissance des libertés académiques. Comment une telle discrimination opère-t-elle concrètement dans les universités africaines ? A-t-il eu une évolution du statut des femmes dans les universités africaines, et si oui dans quelle direction/mesure ? Telles sont les questions centrales auxquelles cet appel à communication voudrait apporter des éléments de réponse.
Les propositions d’article aborderont dans une perspective non exclusive les thèmes suivants :
1. Harcèlement (moral, intellectuel, etc.) dans l’espace universitaire ;
2. Masculinités hégémoniques et libertés académiques ;
3. Pratiques et logiques de la visibilisation et de l’invisibilisation des femmes dans l’enseignement supérieur ;
4. Orientations académiques, filières genrées et reproduction sociale ;
5. Corporéité, savoir et genre ;
6. Genre et stratification socio-professionnelle dans l’espace universitaire ;
7. Genre, changement de grade et libertés académiques ;
8. « Gender Studies » et universités africaines.
Ce numéro de Pax Academica est coordonné par Flora Amabiamina (Maîtresse de Conférences à l’Université de Douala, Cameroun) et Ibrahim Oanda Ogachi (Professeur à Kenyatta University, Nairobi, Kenya).
Les articles et entretiens (10 à 15 pages, Times New Roman, Taille de police : 12, Interligne 1,5) sont attendus pour le 30 octobre 2014 au plus tard. La publication, par le Codesria, est prévue pour décembre 2014.
Pax Academica est une revue électronique internationale à comité de lecture.
Veuillez envoyer votre proposition à l’adresse email de la revue Pax academica : [email][email protected] en mettant aussi en copie les personnes suivantes : Professeur Ibrahim Oanda Ogachi à l’adresse email suivante : [email][email protected] Professeur Flora Amabiamina à l’adresse email suivante : [email][email protected]
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