Macky Sall et le fiasco de Ouagadougou : Capitulation face aux putschistes-assassins
Si l’influence de Ouattara dans le « compromis » honteux posé par Macky Sall à Ouaga n’est pas à exclure, une autre explication s’impose : le fiasco porte incontestablement la marque d’une certaine médiocrité dans l’appréciation de la situation, tant dans l’analyse du contexte sous-régional que du rapport des forces à l’intérieur du Burkina.
La « médiation » au nom de la Cedeao, dont il est le président en exercice, conduite par Macky Sall, a été un fiasco total et une honte pour la diplomatie sénégalaise. Alors que les journalistes du « Soleil » et de la Rts (médias d’Etat sénégalais) aux ordres et quelques autres mercenaires de la plume au service du « Prince », saluaient le « succès diplomatique » du Sénégal, le monde entier s’est vite rendu compte que seuls les putschistes et les membres du parti de Compaoré étaient « satisfaits » du « compromis ». Il ne pouvait en être autrement, puisque Macky Sall a accepté toutes les conditions posées par le criminel Diendéré et ses hommes. Notamment « l’amnistie » pour des tueurs et la possibilité pour les hommes de Compaoré de prendre part aux élections, alors que la Cour constitutionnelle burkinabè les en a exclus !
Dans la journée du lundi 21 septembre, tous les signes venant du Burkina montraient que le « compromis » de Macky Sall était un chiffon de papier qui n’a aucune valeur aux yeux du peuple burkinabé et de son armée. Cette dernière, répondant aux appels du peuple qui a déjà payé un lourd,tribut aux actions des assassins de Diendéré, l’a sommé, lui et ses hommes, de « déposer les armes ». Des troupes loyalistes faisant mouvement vers la capitale pour désarmer les putschistes. C’est dans ces circonstances que le président de la Transition, Michel Kafando, déclara émettre des « réserves » à propos de l’accord auquel il n’a pas été associé ! Ce fait à lui seul suffit pour disqualifier le « compromis ».
Voilà pourquoi, hors du Burkina, l’opinion publique africaine, dans son écrasante majorité, rejetait le « compromis » de Macky Sall et du guignol Yayi Boni, du Bénin
A CONTRE-COURANT DE L’UNION AFRICAINE
Un tel rejet était d’autant plus légitime qu’on s’est rendu compte que Macky Sall a ramé à contre-courant de l’Union africaine, dont la Commission paix et sécurité avait condamné sans ambages le coup d’Etat et sommé les putschistes, taxés de « terroristes », de rendre le pouvoir aux civils. La fermeté de l’Union africaine est en contraste frappant avec la capitulation sans conditions et sans honneur de Macky Sall devant les terroristes et assassins du Régiment de sécurité présidentielle.
Pourquoi Macky Sall s’est-il comporté ainsi, se demandent certains ? Pourquoi a-t-il manqué de courage et de fermeté devant les putschistes, alors que l’Union africaine et les Nations Unies avaient montré la voie à suivre et la conduite à adopter à l’égard de ces derniers ?
Il se peut que Macky Sall ait reçu des consignes d’Alassane Ouattara, le président ivoirien, dont le soutien au sanguinaire Blaise Compaoré et à son parti n’est un secret pour personne. Depuis que Ouattara a « piégé » Macky Sall dans le dossier sur les Accords de partenariat économique (Ape) avec l’Union européenne, ce dernier semble obéir au doigt et à l’œil de l’homme fort d’Abidjan, un des piliers de la détestable « Françafrique »
SIGNE DE MEDIOCRITE
Si l’influence de Ouattara dans le « compromis » honteux de Macky Sall n’est pas à exclure, une autre explication s’impose. Le fiasco de Ouaga porte incontestablement la marque d’une certaine médiocrité dans l’appréciation de la situation, tant dans l’analyse du contexte sous-régional que du rapport des forces à l’intérieur du Burkina.
Voilà un coup de force désespéré de militaires félons qu’aucun pays ne peut soutenir, peut-être à l’exception de la Côte d’Ivoire, qui a été condamné par le monde entier et faisait face à une résistance populaire de plus en plus forte et organisée. Un tel coup ne pouvait pas réussir. Même le simple bon sens aurait dicté à Macky Sall un langage de fermeté à l’égard du criminel Diendéré et de ses hommes, comme l’a fait l’Union africaine.
Présenter une telle capitulation devant ces putschistes-assassins comme « un succès diplomatique », ainsi que le dit «Le Soleil» du lundi 21 septembre et les « félicitations » prématurées de BBY (Ndlr : Béchir Ben Yahmed, patron de «Jeune Afrique») relèvent tout simplement de la médiocrité intellectuelle de la « classe politique » et de certaines « élites » de ce pays. On comprend dès lors l’état lamentable de la « gouvernance » au Sénégal. Il est vrai, comme le disait si bien le regretté Professeur Joseph Ki-Zerbo, que « ceux qui ne savent qu’imiter ou obéir ne peuvent pas diriger ».
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** Economiste & Chercheur, Directeur du Forum Africain des Alternatives & Coordonnateur de l'Africaine de Recherche et de Coopération pour le développement endogène
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