La doctrine Kagame 20 ans plus tard
La doctrine Kagame est un cancer pernicieux qui s’étend de jour en jour. Les apaisements et les traitements palliatifs peuvent apporter un calme trompeur et temporaire. Ce qui est requis c’est de la chirurgie agressive pour contenir, arrêter et déposer le président Paul Kagame et sa clique
Les dirigeants africains viennent de conclure un mini sommet à Luanda, en Angola, afin de discuter le conflit en Rd Congo et l’épreuve de force entre l’Afrique du Sud et le Rwanda. Il a été rapporté, comme d’habitude, qu’une "Déclaration de Luanda " a été signée et que le président Zuma et le président Kagame ont été "d’accord" pour des discussions qui "permettent" aux deux pays de sortir de l’impasse.
La dernière querelle en date entre l’Afrique du Sud et le Rwanda est due à l’assassinat du colonel Patrick Karegeya en Afrique du Sud le 31 décembre 2013 et une tentative d’assassinat sur la personne du général Kayumba Nyamwasa, il y a une quinzaine de jours. Sommes-nous devant une situation qui permette d’espérer ou sommes-nous devant une nouvelle astuce diplomatique qui permet de repousser le problème à une date ultérieure ? L’auteur croit fermement en la deuxième option.
Un bon champion de la politique étrangère défend et protège les intérêts nationaux (lire ceux du peuple) de son pays. Il cherche à créer des alliances, à se faire des amis. Il cherche à contenir les ennemis et à éviter la guerre. Lorsque la guerre devient inévitable, un pays devrait pouvoir la gagner grâce à de bons amis fiables à ses côtés.
Un pays pauvre et enclavé comme le Rwanda ne devrait pas si facilement chercher querelle à ses voisins qui partagent son histoire, sa culture et dont il est nécessaire de traverser le territoire pour importer et exporter. Lorsqu’un tel pauvre pays dépend de l’assistance, le leadership du pays devrait faire preuve d’une humilité professionnelle pour accepter "la mendicité en vue d’un objectif", pour extraire la population de la pauvreté et de la mendicité à long terme.
Alors que le règne de la terreur de Paul Kagame célèbre ses 20 ans, celui-ci se fait sans relâche des ennemis. Sa politique intérieure est d’une exceptionnelle brutalité à l’encontre des citoyens rwandais.
Depuis qu’il est parvenu au pouvoir en 1994, le régime du Fpr de Kagame a mené un politique meurtrière à l’intérieur et à l’extérieur du Rwanda. Le dossier criminel est suffisamment long pour générer outrages et réponses. A commencer par l’abattage de l’avion d’Habyarimana qui a déclenché le génocide, les meurtres d’évêques et de prêtres (1994), le Robert Gersony Report (1994), le massacre de Kibeho (1995), le UN Mapping Report de 2010 qui documente les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité et même de possibles actes de génocide contre les Hutus et l’assassinat d’opposants au Rwanda et à l’étranger, pour ne mentionner que ceux-là.
La politique étrangère prédominante et constante de Paul Kagame est belliqueuse. En 1994, elle assassinait le président du Burundi Cyprien Ntaryamira. En 2001, elle assassinait le président Laurent Kabila, président de la République démocratique du Congo. Ceci après avoir envahit ce pays par deux fois et en maintenant toujours une présence par l’intermédiaire de groupes comme le M23. Près de 6 millions de Congolais ont péri en raison des politiques et actions de Kagame en Rdc.
Les troupes de Paul Kagame ont combattu les troupes ougandaises en Rdc en 2000. Il a cherché querelle à la Tanzanie et maintenant à l’Afrique du Sud. Il a combattu le Zimbabwe, l’Angola et la Namibie. Il a vilipendé les organisations internationales des droits humains et les gouvernements occidentaux lorsqu’ils ont critiqué ses politiques intérieures et étrangères.
COMMENT CARACTERISER LA POLITIQUE ETRANGERE DE PAUL KAGAME ?
Premièrement, elle est anti-Hutus, anti-Tutsis et anti-Twa. En bref, elle est contre le peuple, antidémocratique, c’est une politique étrangère sectaire. Son bilan dans le domaine des droits humains est désastreux. Il tue, emprisonne, fait disparaître les gens ou les exile.
Deuxièmement c’est un régime militaire qui a une façade de gouvernement civil dont les institutions formelles ont été usurpées par une petite clique, la minorité d’une minorité, c'est-à-dire les officiers militaires tutsis au sein d’un groupe ethnique minoritaire.
Troisièmement, elle est fondée sur la tromperie à grande échelle et sur l’intimidation. Le régime a falsifié l’histoire du Rwanda afin qu’elle serve son programme et cache avec constance son rôle et sa contribution aux tragédies du Rwanda et de la région des Grands Lacs dans l’histoire contemporaine.
Quatrièmement, il exploite le sentiment de culpabilité de la communauté internationale pour ses échecs durant et après le génocide. En raison de cette culpabilité, la communauté internationale a été réduite au silence ou courtisée pour des alliances contre nature avec Kagame.
Cinquièmement, il est belliqueux et agressif dans la région des Grands Lacs. Depuis 1994, le régime a combattu ou s’est fait des ennemis en République démocratique du Congo, au Zimbabwe, en Namibie, en Angola, en Afrique du Sud, en Ouganda et maintenant, regrettablement mais de façon prévisible, en Tanzanie
Sixièmement c’est une politique anti-africaine. La doctrine Kagame est fondée sur une arrogance opportuniste et bon marché, dépourvue de respect pour les véritables intérêts de la population africaine. Il insulte maintenant l’Occident parce que ses alliés de longue date le jugent comme étant un fardeau embarrassant et gênant. Il a adopté un langage panafricaniste tout en travaillant ouvertement et secrètement contre les intérêts de l’Afrique.
Septièmement, c’est une politique étrangère immorale qui est fondée sur la prémisse que ses opposants, des chefs d’Etat ou des citoyens ordinaires, doivent mourir ou être incarcérés.
La doctrine Kagame n’est pas simplement fausse. Elle est anti-Rwanda, militariste, trompeuse, prédatrice, belliqueuse, anti-africaine et immorale. En bref, c’est dangereux pour le Rwanda, la région des Grands Lacs et la communauté internationale.
La doctrine Kagame est un cancer pernicieux qui s’étend de jour en jour. Les apaisements et les traitements palliatifs peuvent apporter un calme trompeur et temporaire. Ce qui est requis c’est de la chirurgie agressive pour contenir, arrêter et déposer le président Paul Kagame et sa clique
Sur le moyen, long terme, les Rwandais vont prospérer et seront en paix avec leurs voisins seulement si la liberté et la démocratie règnent, si les institutions de sécurité sont sauvées des mains de la clique des Tutsis, et si la justice enfin prévaut pour tous les Rwandais. Ceci sera inévitablement douloureux, mais au final ceci sauvera le Rwanda et ses voisins d’une guerre civile imminente, et dans le scénario du pire, d’un autre génocide
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** Dr Théogène Rudasingwa a été le chef d’Etat major du président Paul Kagame, ambassadeur du Rwanda aux Etats-Unis et secrétaire général du Fpr, le parti au pouvoir. Actuellement, il est le coordinateur du Rwanda National Congress (RNC) et l’auteur de Healing a Nation : a testimony – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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