L’engagement des Nkrumahistes pour le changement au Ghana

Ce lundi 21 septembre marque le centième anniversaire de la naissance de Nkwame Nkrumah. Aujourd’hui encore, l’idéal panafricaniste dont il a été un des porte-étendard continue d’irriguer les pensées et les débats, même si son aboutissement tarde à franchir le pas décisif attendu au niveau des peuples et des gouvernants africains. Dans le contexte du Ghana actuel, mais aussi sur le continent et dans la diaspora, Kofi Mawuli Klu rappelle ce que devraient être la stratégie, le rôle et l’action des nkrumahistes en vue d’organiser les masses afin qu’elles soient armées pour la régénération d’un développement mondial durable et la promotion de la justice globale.

Introduction

Nous devons procéder à partir de notre point de vue de Nkrumahiste et reconnaître clairement que le Ghana d’aujourd’hui est un pays mal développé, qui continue d’être une néo-colonie sous-développée, ancrée dans le capitalisme d’une Europe impérialiste et globalisante qui le tient à la gorge. Il est important de se souvenir aussi que l’impérialisme américain, qui ne tient pas origine des peuples autochtones en Amérique ni des Africains en Amérique, ni ne sert leurs intérêts, est une création et même une partie indispensable de l’impérialisme européen. La connaissance que nous avons du peuple africain disséminé de par le monde va souligner pour nous l’aspect crucial d’une approche sérieuse de l’économie politique, progressive et centrée sur les gens afin d’induire le changement au Ghana aujourd’hui, selon le point de vue des Nkrumahiste et en suivant les exhortations de Osagyefo. Celui-ci affirmait que « la vérité doit toujours être dite. C’est une preuve de force, et même la vérité la plus dure a un aspect positif qui peut être utilisé » (voir le Handbook of revolutionary warfare, 1968)

Le président Mills et le président Rawlings : les différences en allant au FMI et à la Banque Mondiale

A ceux qui se sont interrogés sur la différence entre, d’une le président Fiifi Atta Mills et son gouvernement du National Democratic Congress (NDC), d’une part, et , d’autre part, le président Flt. Lt. Jerry John Rawlings du Provisional National Defence Council, (PNDC) se rendant auprès du FMI ou de la Banque Mondiale, ainsi que cellules de réflexions similaires ou auprès d’autres institutions de déploiement de zombies néo-libéraux et agences impérialistes, je me permets de suggérer que la différence réside dans ce qui suit :

La présidence de Mills se déroule, jusque là, sous l’égide d’un respect considérable de la loi, dans le cadre d’une gouvernance démocratique, multipartiste, bourgeoise et libérale, alors que le règne du président Rawlings et de son parti, le PNDC, avait été celui de l’arbitraire où il n’existait pas de parti, dans un cadre autocratique, de tyrannie et de bureaucratie militaire savamment manipulée au travers de mécanisme néocolonialiste, pour servir le capitalisme de la dictature bourgeoise et impérialiste. Bien qu’il mérite un certain crédit pour avoir maintenu le Ghana dans une oasis de paix relative en Afrique de l’Ouest, Rawlings, comme premier président de la IVème République du Ghana n’a procédé qu’à des réformes cosmétiques, laissant son règne bonapartiste intact dans ce cadre.

La présidence de Mills semble, jusque là, respecter l’indépendance des divers acteurs de la scène politique ghanéenne, du pro impérialiste aux anti-impérialistes, y compris ceux d’entre nous qui adhèrent au nkrumahisme panafricain révolutionnaire d’orientation socialiste. Les voix des forces progressistes peuvent toujours s’exprimer librement dans le pays, sans qu’il y ait une insistance à coopter les éléments progressistes dans le gouvernement et autres institutions, structures et mécanismes de la machine de l’Etat impérialiste et néocolonial actuel.

Bien que nous ne connaissions pas les mesures prises par les forces de sécurité et autres institutions étatiques pour réprimer les forces progressistes, nous sommes d’avis qu’il est peu probable que le président Mills se laisserait utiliser pour harceler des militants progressistes ou les pourchasserait brutalement ou les forcerait à fuir du Ghana en raison de nos activités politiques et idéologiques indépendantes.

Le président Mills ne met pas d’obstacle sur le chemin des forces progressistes dans ses efforts de sensibilisation du public, pour nous éduquer nous-mêmes, pour éduquer les masses, mais aussi énoncer la vérité concernant l’impérialisme dans l’expérience coloniale et néo-coloniale du Ghana et de l’Afrique, comme sur le fonctionnement du FMI, de la Banque Mondiale et des organisations et agences similaires tel que l’a expliqué Osagyefo Kwame Nkrumah dans son livre « Neocolonialism: the last stage of imperialism (1965) ».

En effet, les adeptes de Nkrumah ont reçu l’immense avantage, au cours des cent premiers jours de la présidence de Mills, de voir la date de l’anniversaire de Osagyefo Kwame Nkrumah décrétée ‘’Journée nationale de la fondation de la République du Ghana’’. Ce faisant le président Mills a démontré qu’il était prêt à prendre des risques et pariait sur les forces progressistes de la Révolution panafricaine pour la justice globale. Il a osé, dès le début de son mandat de chef d’Etat du Ghana, risquer sa carrière politique en s’identifiant d’entrée au partisan panafricain de la liberté le plus éminent.

Pour pleinement apprécier le courage remarquable du Président Mills, il faut se souvenir que l’héritage politique et idéologique de Osagyefo Kwame Nkrumah est encore jugé, par les forces les plus réactionnaires et les plus opportunistes de la droite, mais aussi par une pseudo gauche en Afrique et dans le reste du monde, comme étant l’arme panafricaniste révolutionnaire la plus dangereuse pour combattre l’impérialisme et gagner effectivement la justice globale pour les misérables de la terre. Aussi, quiconque revendique sérieusement et ouvertement l’héritage Nkrumah, en particulier quand on est à la tête de la machinerie néo-colonialiste de l’impérialisme en Afrique comme nous le connaissons au Ghana aujourd’hui, n’aura la vie facile dans une fonction gouvernementale.

Ce facteur, d’une importance considérable, augmente grandement la possibilité qu’une relation qualitativement différente puisse être imposée par le gouvernement et le peuple du Ghana au FMI/Banque Mondiale et à leurs patrons du capitalisme global. Nous pouvons réussir si nous travaillons durement à construire une unité qui a des principes, en renonçant au sectarisme, à l’opportunisme carriériste, aux ego enflés, dans le but de mettre nos ressources en commun et mener des campagnes au niveau local, national et international avec notre riche diversité d’organisations de masse et de réseaux.

Cette unité permettra d’établir une garde aussi formidable que vigilante, une force émergente, révolutionnaire, démocratique, qui examinera les transactions entre le gouvernement du Ghana et le FMI/ Banque Mondiale, mais aussi toutes les autres forces réactionnaires internes et externes, dans le but d’assurer une défense transparente qui serve au mieux les intérêts des masses ghanéennes dans leur pays et à l’étranger. Voilà ce que les forces progressistes pourront accomplir au Ghana, dans les circonstances présentes et à l’avenir, tenant compte de nos forces et nos faiblesses.

La modeste connaissance que nous avons acquise des théories révolutionnaires et notre engagement pratique pendant des décennies doit nous faire reconnaître clairement, en particulier à l’intention des nouvelles générations en quête de justice, de liberté et de progrès dans tout le continent et la diaspora africain, ceci : aucun gouvernement, peu importe le radicalisme du pedigree de ses dirigeants, leur rhétorique révolutionnaire et leurs programmes d’action, ne peut réussir à éloigner un pays comme le Ghana des vampires du FMI/Banque Mondiale et des diktats des néo-colonialistes impérialistes qui entraînent le pays sur les routes du capitalisme du sous-développement et du mal développement, sans une vraie sensibilisation démocratique et révolutionnaire des masses de misérables de la Terre qui volent à son secours.

Aucun gouvernement, quelle que soit sa nature, ne peut ignorer les institutions et agences de l’impérialisme aussi longtemps que les forces progressistes n’ont pas achevé leur travail de sensibilisation des masses au point où, ayant conscience de leur force, de la riche diversité de leurs différentes organisations et dans différents modes de résistance, ils se lèveront et se propulseront dans les premières lignes d’une alliance anti- impérialiste authentique afin de permettre à leurs meilleurs partisans de devenir les fers de lance de la lutte pour leur propre émancipation.

Les forces progressistes au Ghana aujourd’hui : un survol

Aujourd’hui, le Ghana compte des forces progressistes de diverses tendances qui s’efforcent de mieux s’organiser. Néanmoins, ces tendances progressistes n’existent guère sous une forme organisée que dans des petits groupes d’éléments petits bourgeois qui travaillent en cabale. Ceux-ci incluent même des socialistes et autre nom à consonance révolutionnaire, qui représentent autant de déclarations d’intention quant au but qu’ils souhaitent atteindre. Il est à noter qu’ils restent toujours désunis et parfois sans relation avec les masses des misérables de la terre, incapables de combattre sérieusement leur propre libéralisme et occupés à montrer des intrigues et des cabales, à rivaliser les uns avec les autres, en amateurs indisciplinés.

Il n’est donc pas surprenant qu’ils ne soient pas pris au sérieux comme force capable de mener une lutte anti-impérialiste au Ghana, de la nature de la révolution panafricaine de Nkrumah qui propulsera triomphalement, et avec succès, notre pays dans le socialisme du XXI ème siècle. Jusqu’à ce nous soyons organisés correctement et que nous ayons démontré, preuve à l’appui, que les masses de misérables de la terre, entraînées de la base vers la lutte révolutionnaire, transformant les idées révolutionnaires en forces matérielles, les masses en mouvement de pratique révolutionnaire, avec l’expression de leur propre créativité révolutionnaire dans une riche diversité d’organisations et de modes de résistance, au-delà même de nos idées préconçues du haut en bas, le petit groupe des militants des différentes tendances progressistes, au Ghana et à l’étranger, devront faire face aux réalités et circonstances telles qu’elles sont, ici et maintenant.

Ceci doit comprendre une reconnaissance claire, de notre part, de la nécessité d’user d’une approche multisectorielle, y compris la priorité qu’il y a à sensibiliser les masses en même temps que nous soutenons des éléments qui travaillent dans un même esprit et qui se trouvent dans un régime pro-démocratique, avec une dose considérable de ferveur patriotique et pour qui ‘’Justice’’ signifie l’autorité de la loi tel que présentement incarnée en la personne du professeur Fiifi Atta Mills et de John Mahama, heureusement à la tête du gouvernement NDC du Ghana aujourd’hui.

Ayant attiré votre attention sur ces facteurs, nous allons maintenant avancer les points positifs suivants, concernant le travail dans la sphère économique qui mène au changement au Ghana, selon une perspective Nkrumahiste. Nous faisons cela à titre de rappel, en mettant l’accent sur les exhortations d’Osagyefo Kwame Nkrumah, répétés par Amilcar Cabral : ‘’ Ne revendiquez pas de victoires faciles. Ne mentez pas’’ !

1) Reconnaître que l’économie du Ghana fait intégralement partie du domaine africain, exploité par le capitalisme colonial et néo-colonial du monde, principalement par l’impérialisme européen global afin que son capitalisme néocolonialiste étrangle encore davantage l’Afrique dans la crise croissante et multidimensionnelle actuelle

2) Un changement durable ne peut avoir lieu que si le Ghana se transforme radicalement et prend part au processus national démocratique révolutionnaire panafricain, afin de faire aboutir la libération national révolutionnaire panafricaine en lui donnant une véritable orientation socialiste et de pouvoir totalement éliminer les vestiges du colonialisme, en renversant la domination néo-coloniale impérialiste dans tout le continent africain et sa diaspora. Ceci signifie qu’il faut orienter entièrement vers le socialisme du XXIème siècle notre développement politique, idéologique, économique et socioculturel. Avec la hauteur dominante de l’économie du Ghana, la majeure partie du continent et de la diaspora africaine soumise, sous la direction du ‘’All African people’s Revolutionary Parti’’ tel qu’envisagée par Osagyefo Kwame Nkrumah, qui devra prioritairement s’efforcer d’unifier les forces progressistes africaines dans le monde entier afin de construire, de concert, l’Union des peuples des Républiques démocratiques de l’Afrique que d’aucuns choisissent d’appeler Maatubuntuman.

Ceci doit être compris à la lumière de l’axiome des Nkrumahistes qui consiste à d’abord établir une royaume politique dans le but d’assurer prioritairement au Ghana, et dans d’autres ‘’zones libérées’’ dans tout le continent et la diaspora africaine, l’authentique pouvoir du peuple à la personnalité africaine avec lequel les autres batailles pour une économie centrée sur le peuple et d’autres choses, peuvent être gagnées en une victoire irréversible de notre révolution panafricaine pour la justice globale, orientée vers le succès de la réalisation du socialisme du XXIème siècle.

3) Œuvrer en faveur du Maatubuntuman au Ghana aujourd’hui exige que les véritables Nkrumahistes accordent leur soutien authentique aux tendances pro-Nkrumah du président Fiifi Atta Mills, pas seulement en parole mais dans des actes ; agir avec stratégie et tact afin de consolider la principale unité, basée sur des principes, de toutes les tendances véritablement progressistes à l’intérieur et à l’extérieur du NDC du professeur Mills et de John Mahama. C’est la raison pour laquelle quelques-uns d’entre nous avons choisi de soutenir l’opération Ghanadikan, dont le but est de rallier les masses ghanéennes le plus largement possible, ensemble avec d’autres forces progressistes intéressées, afin d’injecter dans la base un dynamisme qui galvanise le soutien en faveur du président Atta Mills dans ses efforts de changement, particulièrement dans les sphères économiques et socioculturelles.

Nous partageons le point de vue de ceux qui estiment une telle initiative nécessaire afin d’entraîner le plus grand nombre des masses de Ghanéens, au pays et à l’étranger, à travailler ensemble avec les forces progressistes à l’intérieur et à l’extérieur du NDC, dans le but de réaliser la vision des nkrumahistes d’un Ghana renforcé, à la personnalité africaines affirmée, et devenant la tête de pont imprenable de la communauté panafricaine régénérée afin de promouvoir un développement mondial durable et la justice globale pour tous.

4) A moins de comprendre, dans son sens plus large, le concept panafricaniste révolutionnaire de la lutte pour la justice globale comme énoncée dans l’axiome de Osagyefo Kwame Nkrumah qui consiste à d’abord établir un royaume politique, afin de poser des fondations des plus solides du pouvoir du peuple, en territoire ennemi et dans les zones contestées, dans le continent et la diaspora africaine, il ne peut y avoir de changement réussi dans l’économie, bien moins dans les autres sphères de la vie du Ghana aujourd’hui.

De surcroît, c’est une précondition indispensable pour toute tentative de changement radical pour contrer l’application de politiques dictées au Ghana, en tant que domaine néocoloniale des métropoles européennes de l’impérialisme. Toute tentative prématurée qui consisterait à prendre ses désirs pour des réalités et qui ignorerait spontanément les politiques prescrites par le FMI/Banque Mondiale et autres institutions similaires du capitalisme global, au Ghana et dans d’autres pays africains, sans l’appui des organisations de masse conduites par des forces progressistes, au niveau local, national et international, conduirait à de terribles désastres, même pire que les mésaventures précédentes comme l’expérience de l’Ethiopie dans le Derg, l’expérience des Sankara au Burkina Faso et l’expérience ghanéenne dite du 31 décembre.

Certains d’entre nous craignent un aventurisme téméraire qui permettrait aux agents provocateurs de se multiplier sous le couvert de cabales pseudo révolutionnaires, faisant le sale boulot des néocolonialistes impérialistes.

5) Il est capital de bien comprendre le point le plus important de tous : la sensibilisation des masses des misérables de la terre, y compris les organisations démocratiques révolutionnaires et indépendantes des travailleurs, des paysans pauvres, des femmes pauvres, de la jeunesse indigente et des étudiants et de toutes les sections Mmoborowa de notre populations, afin de les intégrer non seulement dans la politique mais aussi de les amener à former des systèmes de production économique collectifs comme des coopératives, des communautés et autres entreprises sociales, ainsi qu’une large série d’entreprises à but non lucratif, dans une effort de créativité de la base, comme décrit dans le plan Ghanadikan. Tous efforts qui doivent être poursuivis vigoureusement par les forces progressistes avant que les pressions sur le président Atta Mills ne s’accentuent pour qu’il tourne le dos au FMI/ Banque Mondiale et institutions similaires à la solde de l’impérialisme.

C’est mon opinion personnelle qu’aussi longtemps que nos forces progressistes, au pays et à l’étranger, n’ont pas accompli ce qui est attendu d’elles, comme décrit précédemment, nous devons encourager le président Mills et son gouvernement à apaiser prioritairement les relations avec les puissances et les institutions de l’impérialisme sous conditions que ceci se passe dans la transparence autant que faire se peut, afin de les mettre en lumière, non seulement pour les masses ghanéennes mais pour le monde entier, particulièrement pour tous les panafricanistes et autres contingents pour la Justice Globale.

A défaut, ceci représenterait une incitation majeure au désastre pour les agents provocateurs. Ce qui ferait certainement le jeu des néocolonialistes impérialistes, comme nous l’avons vu au Zimbabwe, dès lors qu’on entre en collision frontale avec l’impérialisme, en particulier dans le domaine de l’économie, sans être préparé à l’avance au niveau local, national et international. La partie essentielle consiste à faciliter la sensibilisation des masses à la conscience démocratique révolutionnaire, du point de vue de notre personnalité africaine, y compris galvaniser la réorganisation politique, idéologique, économique et culturelles des masses pour leur propre autodéfense communautaire dans le sens le plus large possible.

En cela, nous entendons une réorganisation en termes de modernisation de nos formations ASAFO traditionnels, afin d’en faire des formations mieux équipées en communautés de résistance pour l’autodéfense idéologique, géopolitique, économique, culturelle, morale, psychologique, spirituelle et plus dans le contexte de la communauté panafricaine de régénération pour un développement mondiale durable promouvant la Justice Globale.

L’initiative qui vise la réorganisation des masses en des communautés d’autodéfense holistiques, dans les circonstances présentes du Ghana, doit être vue comme un devoir révolutionnaire de l’organisation indépendante des forces progressistes , plutôt que la responsabilité prioritaire du président Fiifi Atta Mills et de son gouvernement. Naturellement, nous devons exercer avec tact une pression stratégique sur le président Mills et son gouvernement afin d’obtenir reconnaissance, conseil et soutien pour les efforts de créativité organisationnelle pour une économie autonome des masses de notre Mmoborowas, en particulier, demander des programmes de petit crédit, des emprunts favorables, des technologies appropriées, l’augmentation des capacités, le Global Citizenship Educational Link networking et autres support de la conscientisation et de la logistique.

C’est maintenant le moment de corriger une des plus grosses erreurs que la plupart d’entre nous avons commise en ce qui concerne l’organisation de la révolution au Ghana et d’en d’autre partie de l’Afrique et de la diaspora. La plupart d’entre nous, nous nous sommes focalisés sur la nécessité d’organisation politique et avons ignoré, souvent nié, l’importance et le besoin d’autres formes d’organisation, en particulier économiques, culturelles et religieuses/spirituelles. Nous avons minimisé le fait que toutes les organisations politiques de résistance qui ont abouti à des révolutions victorieuses, plus particulièrement celles d’obédience socialiste, y compris les Bolcheviques et les partis communistes de Chine, du Vietnam et du Népal, ont toujours eu, même durant la période de luttes armées, une large palette de formations économiques, culturelles et même sportives, pour soutenir leur organisations politiques, généralement ordonnées en cercles concentriques.

La nécessité de formations économiques et culturelles pour renforcer et informer les masses de l’efficacité des multiples tâches dévolues à une organisation politique révolutionnaire, particulièrement dans notre contexte africain, ne peut être nié. Amilcar Cabral a présenté, brillamment, le 20 février 1970, les meilleurs arguments, pour une formation révolutionnaire, de promouvoir une culture de la résistance culturelle panafricaine afin de renforcer les organisations de résistances politiques, dans son discours au Mémorial Eduardo Mondlane sur le thème ‘’Libération nationale et culture’’, à l’université de Syracuse (Syracuse, New York).

Nous avons présenté de solides arguments en faveur d’un réseau large et concentrique de nos mouvements de résistance à l’exploitation coloniale et néocoloniale de l’impérialisme. Nous n’avons pas à attendre la période postrévolutionnaire pour élaborer des organisations économiques. En effet, les organisations économiques collectives, telles les coopératives, les communautés et autres formes d’entreprises sociales, peuvent devenir des écoles puissantes de théorie et de pratique révolutionnaires, des lieux d’apprentissage du socialisme révolutionnaire, outre qu’ils peuvent contribuer à la levée de fonds, générer des ressources et construire la politique économique de nos mouvements de résistance.

Les arguments en faveur de l’établissement de ces organes collectifs ne servent pas seulement le politique, mais aussi à renforcer l’idéologie de nos combattants pour la liberté, particulièrement dans les périodes particulièrement sensibles de la lutte pour le pouvoir entre le nouvel ordre révolutionnaire et l’ordre ancien et réactionnaire ; Ceci tel qu’il est décrit dans l’axiome de Osagyefo Kwame Nkrumah : ‘’ La révolution a deux aspects. La révolution est une révolution contre l’ordre ancien ; mais c’est aussi un combat pour l’ordre nouveau. L’accent mis par les marxistes sur les forces déterminantes des circonstances matérielles de la Vie est correct. Mais je voudrais aussi mettre l’emphase sur le pouvoir déterminant de l’idéologie. Une idéologie révolutionnaire n’est pas seulement négative. Ce n’est pas juste une réfutation conceptuelle de l’ordre ancien agonisant, mais une théorie positive et créative, la lumière qui guide le nouvel ordre social émergeant. (Voir Consciencism : philosophy and ideology of decolonization, 1970)

Conclusion

L’heure n’est pas venue de demander au président Mills de ne plus traiter avec le FMI, la Banque Mondiale et autres institutions et agences impérialistes. Pour l’heure, les forces progressistes, particulièrement celles d’obédience nkrumahistes, doivent aider avec des moyens divers et de multiples façons à organiser les masses, en termes politiques, idéologiques, économiques, culturels et spirituel, afin qu’elles soient armées non seulement au Ghana, mais dans tout le continent et la diaspora africaine, dans le monde entier, en accord avec les exigences contemporaines de la communauté panafricaine, pour la régénération d’un développement mondial durable et la promotion de la justice globale.

L’efficacité de cette démarche mènera inévitablement à l’instant où les masses endurantes de nos Mmoborowas, quand elles l’auront décidé, commenceront, avec le vrai pouvoir du peuple, de rendre non seulement superflu, mais impossible pour quelqu’un au gouvernement, dans tout le continent africain et la diaspora, de donner la priorité à traiter de façon typiquement néocolonialiste avec les agences institutions et réseaux de l’impérialisme en vue d’obtenir une prescription étrangère pour les problèmes de développement de l’Afrique et de la communauté mondiale des peuples africains.

Ils seront alors dans une mouvance irréversible, sur le chemin révolutionnaire vers le Maatubuntman, guidés par Osagyefo Kwame Nkrumah et d’autres comme lui, avec pour devise ‘’Toujours en avant, jamais en arrière !’’, à la suite de la communauté panafricaine pour la régénération pour une développement mondial durable et la promotion de la justice globale.

* Kofi Mawuli Klu, parmi ses nombreux autres engagements, est non seulement impliqué dans le Kwame Nkrumah Convention People’s party (KNCPP) et le Pan African Forum of Ghana (PAFOG), mais aussi dans le Ubuntu Democracy in Action Network (UDAN). Il est aussi consultant politique du KILOMBO, le journal de la communauté panafricaine. (voir la version originale du texte en anglais, à l'adresse suivante : http://www.pambazuka.org/en/category/features/57075

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