La marche vers le gouvernement de l’Union africaine doit être « progressive ». C’est le point de vu exprimé par le Ministre béninois des affaires étrangères Moussa Okanla. C’était le 28 juin 2007, au Centre international de conférence à Accra où se tenait la onzième session des ministres des affaires étrangères. Avec lui nous avons parlé aussi des APE, du passeport africain, du MAEP et de la corruption.
Le terme central de la 9è réunion des chefs d’Etat est le gouvernement de l’Union pour aller vers les Etats Unis d’Afrique. Quelle est la position du Bénin ?
Pour le principe, le Bénin pense qu’on doit aller vers ce gouvernement à l’échelle continental. Mais de façon progressive c'est-à-dire qu’il faut des étapes. Quand le problème a été posé, trois opinions se sont dégagées. Celle qui propose le renforcement des institutions actuelles de l’Union Africaine. La seconde est celle proposée par le président Wade. Elle a une approche fédéraliste, chaque pays gardant sa souveraineté. La troisième position est celle du président libyen. Elle indique qu’il faut aller à une union politique, avec un gouvernement à l’échelle continentale et la disparition de la souveraineté nationale.
La marche vers le gouvernement de l’Union africaine doit être « progressive ». C’est le point de vu exprimé par le Ministre béninois des affaires étrangères Moussa Okanla. C’était le 28 juin 2007, au Centre international de conférence à Accra où se tenait la onzième session des ministres des affaires étrangères. Avec lui nous avons parlé aussi des APE, du passeport africain, du MAEP et de la corruption.
Le terme central de la 9è réunion des chefs d’Etat est le gouvernement de l’Union pour aller vers les Etats Unis d’Afrique. Quelle est la position du Bénin ?
Pour le principe, le Bénin pense qu’on doit aller vers ce gouvernement à l’échelle continental. Mais de façon progressive c'est-à-dire qu’il faut des étapes. Quand le problème a été posé, trois opinions se sont dégagées. Celle qui propose le renforcement des institutions actuelles de l’Union Africaine. La seconde est celle proposée par le président Wade. Elle a une approche fédéraliste, chaque pays gardant sa souveraineté. La troisième position est celle du président libyen. Elle indique qu’il faut aller à une union politique, avec un gouvernement à l’échelle continentale et la disparition de la souveraineté nationale.
Lorsque se problème s’est posé au Bénin, nous avons eu à consulter toutes les structures officielles et non officielles, les institutions de la république et les organisations de la société civile. Résultat, l’approche progressive est celle qui est retenue.
Pour nous, il existe déjà au niveau régional un certain nombre de structures telles que la Cedeao et l’Uemoa qu’il faut renforcer. A partir de là, il faut aller progressivement vers l’Union africaine. Cela demande une sorte de feuille de route et des étapes.
Entre la CEDEAO et l’UEMOA, laquelle des deux institutions faut-il renforcer ?
Il faut renforcer les deux. Elles concourent à une résultante qui est l’unité de la sous région. Au niveau de l’UEMOA, il y a l’histoire et la réalité de la même monnaie. Alors qu’avec la CEDEAO il y a déjà les barrières linguistiques et nous avons plusieurs monnaies.
Les deux institutions ne se télescopent-elles pas quand il s’agit d’aller aux négociations avec des partenaires étrangers ?
Non. Chaque institution fonctionne et quelque part cela renforce. La période de l’opposition francophone anglophone a disparu. Depuis 1975, nous avons la CEDEAO. Le Nigéria et ses voisins entretiennent des relations beaucoup plus interdépendantes ayant un impact direct sur la vie des gens qu’avec par exemple la France. De même, les pays francophones ont une longue histoire d’échange. Dans cet ensemble, le Nigéria et le Ghana ont un poids démographique important qu’on ne saurait ignorer dans la prise des décisions touchant la sous région.
Ceux qui s’opposent à l’idée de progression disent que cela fait quarante ans que des institutions existent. Pourtant l’union n’a pas vu le jour ?
L’Afrique n’a que 45 à 50 ans d’indépendance. Le premier pays à célébrer son indépendance à cinquante ans est le Ghana. En fait, les premières années de l’indépendance ont été consacrées à la décolonisation de l’Afrique. La préoccupation a été donc politique. Après la fin de la guerre froide, les préoccupations économiques ont resurgi.
Or les pays africains sont faibles, et ce n’est qu’à l’intérieur de structures économiques plus grandes que ces pays peuvent s’en sortir. Quand vous prenez le cas du Bénin, il fait un peu plus de 7 millions d’habitants, mais a un voisin de 140 millions d’habitants. Le Bénin est aussi lié aussi aux pays de l’inter land : le Niger, le Burkina et le Mali. Notre économie est une économie régionale parce qu’une partie de nos relations se font avec les pays voisins.
Est-ce que les pays à faible démographie sont plus frileux que les autres pour aller vers un gouvernement continental parce qu’ils ont peur de perdre leur souveraineté ?
Les atouts et les contraintes à l’intégration africaine surtout au niveau régional change d’une région à l’autre. En Afrique de l’Ouest, la notion d’’intégration date de la période précoloniale. Il y a eu des empires précoloniaux qui étaient multiethniques et qui dépassaient bien une région données. Les peuples avaient l’habitude de brassage. Il n’y a pas de barrière naturelle. Entre le Bénin et le Togo, il y a 600 km de frontière, il n’y a pratiquement pas de barrière. Il en est de même pour le Nigeria, le Niger. A partir de ce moment il y a un mouvement de base.
Mais en Afrique centrale, le problème est plus difficile à cause de la topographie et de la flore. C’est une région de forêt. On ne circule pas facilement. Les routes sont difficiles à construire et il pleut beaucoup. Ces peuples sont aussi relativement isolés et ont été isolés dans l’histoire. Ensuite, il y a des peuples qui ont plus de potentialité que d’autres. Ceux là développent se protègent et craignent d’être envahis par les voisins qui ont 15, 20 ou 40 fois leur population. En ce moment il peut avoir des comportements d’exclusion qu’on retrouve d’ailleurs en Europe.
Les populations sont prêtes à se déplacer d’un point à l’autre du continent. Est-ce que ce n’est pas au niveau politique qu’il y a des obstacles?
Généralement, ce n’est pas tellement au niveau politique, mais au niveau du déroulement des activités au jour le jour. Si vous prenez votre véhicule d’Accra, sans immatriculation ghanéenne, avant d’arriver à Lagos, vous serez arrêté plusieurs fois par la police. Mais ce n’est pas ce qui est demandé. Le problème se pose aujourd’hui en termes de grand débat contre la corruption qu’on observe malheureusement partout. La corruption est un frein et ce n’est pas l’homme politique qui demande d’ériger des barrières à tous les niveaux.
La société civile présente à Accra prône un passeport africain. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Il ne faudrait pas que le passeport unique soit une fixation. Ce sera le produit d’une évolution. Quand se sera le moment, on le fera car il y a des problèmes qu’il ne faut pas ignorer. L’héritage juridique n’est pas le même au Nigeria qu’au Bénin. L’intégration régionale selon les théoriciens commence par ce qu’on appelle la zone de libre échange, ensuite l’union douanière, le marché commun, l’union économique et l’union politique.
Ce qu’il faut retenir c’est que la volonté de s’intégrer est là, parce qu’elle répond à la volonté des peuples. Dans les zones frontalières les gens circulent sans aucune contrainte.
Quelle est votre position M. le ministre sur les Accords de partenariat économique que l’Union européenne appelle l’Afrique à signer avant le1er jan 2008 ?
La question des relations entre l’Union européenne et l’Afrique est une question délicate. C’est un débat permanent dans la mesure où la globalisation constitue une menace pour certaines économies. Dans ce contexte les africains ont intérêt à signer certains partenariats pour la simple raison qu’il faut protéger leur économie. En Amérique latine par exemple, la production de banane se fait par les multinationales alors qu’au Cameroun, c’est une activité des petits planteurs. Il est difficile de mettre les producteurs là où on produit à l’échelle massive en face de petits producteurs qui peuvent disparaître du jour au lendemain.
En langage moins diplomatique, est-ce que cela signifie que les Africains doivent rejeter les APE tel que cela se présente aujourd’hui ?
En relation internationale, on négocie. Il ne faut pas avoir des positions tranchées. Il faut aller progressivement. La capacité à gagner dépend aussi de celle à négocier et à comprendre la situation. Je suis très heureux qu’une nouvelle génération d’Africains apparait. Une génération plus outillée sur le plan de l’expérience, sur le plan intellectuel… Et si cette génération arrive à émerger partout comme c’est le cas du Bénin avec le Président Yayi Boni, on peut beaucoup espérer. Nos interlocuteurs vont se trouver en face d’une nouvelle génération d’Africains qui placent le développement de l’Afrique au cœur de tout.
L’Afrique est en train d’avoir une nouvelle chance de gagner beaucoup de ressources. Mais il faut savoir utiliser les ressources de cette seconde chance, au lieu de gaspiller et d’aller d’acheter des châteaux et des appartements en Europe comme si un jour on va fuir le l’Afrique.
L’Union européenne a une position tranchée. Ils soutiennent que les Africains n’ont d’autre choix que de signer les APE.
Je ne voudrais pas trop insister sur le sujet dans la mesure où je n’ai pas tous les éléments.
Lors de la rencontre entre les leaders Africains et les autorités chinoises à Beijing, les africains sont allés en rang dispersé. Est-là une bonne stratégie ?
C’est tout à fait normal. C’est le premier appel.
Depuis quelques temps, l’Afrique s’est doté d’un outil. Le Mécanisme Africain d’évaluation des pairs (MAEP). Comment fonctionne t-il au niveau de l’UA ?
Au niveau de l’UA, les Africains veulent désormais pouvoir dire à leurs pairs ce qui ne va pas. Lorsqu’on pays est évalué, il l’est par les autres. Depuis quelques temps, la notion de souveraineté des Etats est de plus en plus battue en brèche parce que c’est le bonheur des peuples qui est important. Alors, un pays africain ne peut pas se taire par exemple sur la violation des droits de l’homme chez ses voisins. Car le jour où cela explose, les populations prennent leur jambe au cou et cela entraîne les conséquences graves dont le problème des refugiés.
Vous parliez tout à l’heure de corruption, c’est un mal qui ronge la société béninoise. Le président Yayi Boni l’a inscrit comme priorité dans son agenda. Où en somme-nous ?
Il y de grands progrès qui ont été faits. Il y a beaucoup d’affaire devant la justice. La corruption se présente sous plusieurs formes et ce n’est pas souvent facile de les déceler. Le Bénin est un Etat de droit. Si quelqu’un est pris, ce n’est pas le président Yayi Boni qui va le jeter en prison. Il y a une procédure et cela peut être long parfois. Hélas la population ne le comprend pas souvent. Ce n’est vraiment pas facile de lutter contre la corruption.
Propos recueillis par Hippolyte DJIWAN
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