Gabon : Pour une nouvelle élection présidentielle anticipée

Dans ce pays qui demeure une pierre angulaire de la Françafrique, on nourrit l’espoir de voir l’arrivée au pouvoir de François Hollande changer la donne. Mais la certitude, pour la société civile gabonaise, que les ruptures espérées, en vue de l’instauration d’une société plus démocratique et plus juste, commence par une mobilisation des Gabonais eux-mêmes.

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Stuart

Aux citoyen-ne-s libres du Gabon,
Aux membres des organisations de la société civile,
Aux adhérent-e-s des partis politiques,
Mesdames et Messieurs,

L’élection présidentielle au Gabon s’est déroulée dans la plus parfaite confusion en août et septembre 2009, à la suite de laquelle, profitant du contexte de fraude et de confiscation par le clan, le régime s’est auto-désigné « vainqueur » et s’est maintenu avec le soutien ferme de Nicolas Sarkozy, et de ses bras armés, Claude Guéant et Robert Bourgi, venus l’un et l’autre aux fins de normaliser le coup d’Etat électoral.

Il est donc acquis que M. Bongo n’a jamais été élu par le peuple gabonais et qu’à tout le moins l’opposition a remporté l’élection présidentielle, le degré d’insincérité du scrutin n’ayant pas permis de départager le numéro 1 et le numéro 2, entre André Mba Obame et Pierre Manboundou, ce dernier étant récemment mort dans des conditions inexpliquées.

Depuis cette date, le pays vit une situation bloquée pire que pendant les 42 années précédentes. Les quelques acquis obtenus en 1990 sont remis en cause de manière quotidienne. Le multipartisme a été aboli par l’interdiction de partis politiques, dont l’Union nationale, vainqueur probable de l’élection présidentielle. Les syndicats font l’objet de harcèlement de la part de la police politique. Les médias sont avec régularité interdits d’émettre (radios et télévisions) tandis que les journaux sont empêchés de paraître dès lors qu’ils informent sur la situation au Gabon. Les manifestations pacifiques sont interdites qu’elles concernent des étudiants ou bien des salariés méprisés et réprimés dans le sang.

Cette situation ne peut plus durer. La fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy permet de soulever un nouvel espoir pour la population du Gabon. En effet, les multiples affaires politico-financières du clan Bongo, avec certaines personnalités françaises, démontrent, s’il le fallait, que les aspirations démocratiques du peuple gabonais n’avaient aucune chance d’aboutir.

François Hollande, mais aussi la plupart des candidats de gauche à l’élection présidentielle, ont promis la fin de la Françafrique, qui sonnera le glas du régime gabonais en place sans discontinuité depuis 1967. C’est pourquoi, nous, intellectuels, femmes et hommes politiques, acteurs du changement, nous lançons cet appel soumis à vos signatures pour l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle anticipée au Gabon qui sera remis au président de la République française, issu de la gauche française, dès lors qu’il sera élu le 6 mai 2012.

La situation du Sénégal a démontré que la pression internationale peut empêcher un putsch électoral.

Par nos signatures et notre mobilisation, nous montrerons à la communauté internationale, que fondé sur des principes démocratiques, le Gabon peut s’en sortir s’il peut organiser des élections enfin libres et transparentes sous l’égide des Nations unies et des pays européens.

Nous porterons ce message aux Français désireux de faire avancer le continent africain vers le développement et la démocratie, notamment au Gabon.

Ce pays doit se relever. Les Gabonais doivent vivre décemment avec des écoles de qualité pour leurs enfants, des hôpitaux dotés de moyen suffisants pour les soigner avec décence, des fonctionnaires respectés. Chaque Gabonais en âge de travailler doit pouvoir obtenir un emploi en fonction de ses compétences alors que règnent dans ce domaine, comme dans bien d’autres, la loi du favoritisme et des privilèges insensés du clan. Accéder à l’eau potable ou à l’électricité ne doit plus être un luxe dans ce pays pour l’ensemble des populations.

Il faut introduire une éthique de gestion de l’Etat, mettre fin au brigandage et aux rapines aux niveaux les plus élevés, et qu’enfin la Justice ne soit plus au service de la corruption. Il faut aussi que le Gabon soit enfin prêt pour affronter les multiples enjeux écologiques, ce qu’il n’est pas en mesure de faire aujourd’hui en raison de l’incompétence notoire et de la gouvernance illégitime qui le caractérise. Le Gabon est aujourd’hui la deuxième réserve de biodiversité mondiale après l’Amazonie.

Nous pouvons changer le Gabon, mais, pour cela, il faut une véritable élection présidentielle transparente anticipée sous l’égide des Nations unies, des pays européens et le soutien du nouveau président de la République Française, issu de la gauche, François Hollande, pour en finir avec le noyau dur de la Françafrique qu’est aujourd’hui le Gabon.

Le Mouvement Civique du Gabon est une organisation politique qui propose à tous de signer ce texte que chacun doit s’approprier sous le timbre de sa propre organisation. Il ne s’agit nullement de sa propriété même s’il l’a mis en forme. Toutes les organisations politiques, associatives et de la société civile sont les bienvenues, et figureront parmi les signataires sans hiérarchie particulière. Les citoyens gabonais libres sont également appelés à le signer.
C’est en étant nombreux, unis et déterminés, que nous pourrons imposer le respect du vote du peuple gabonais pour une alternance démocratique attendue depuis plus de 45 ans.

Signez cet appel qui est le vôtre en envoyant votre accord, vos noms et prénoms et coordonnées à l’adresse suivante :

E-mail : [email][email protected]
(Précisez si vous ne souhaitez pas que vos coordonnées soient publiées)

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS



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** Mengue M’Eyaà est présidente du Conseil exécutif du Mouvement Civique du Gabon

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