Burkina : L’héritage de Sankara face à la présidentielle
Le Burkinabé sont allés aux urnes le 21 novembre pour une élection présidentielle dont l’issue ne fait aucun doute pour la reconduction du Blaise Compaoré. A 59 ans, ce dernier dirige le Burkina Faso depuis le coup d’Etat doublé de l’assassinat de Thomas Sankara, qui l’a porté au pouvoir en 1987. Devant une opposition faible, ce sont surtout les idées et l’action politique de ce dernier qui constituent, vingt-trois ans après sa mort, le véritable adversaire et l’alternative réelle au régime de Compaoré. Car le «sankarisme» vit toujours et sa présence a été réelle dans cette campagne où le diplomate Hama Arba Diallo, soutenus par de petits partis, l’a porté en bandoulière même s’il ne s’en réclame pas directement. Car son compagnonnage avec Sankara aux premières heures de la révolution l’a toujours marqué.
Pouvez nous raconter votre itinéraire jusqu’à l’ONU et quelles sont les conditions qui ont permis votre carrière ?
Arba Diallo : J’ai d’abord été fonctionnaire dans mon pays, après mes études en relations internationales. Puis j’ai occupé quelques postes diplomatiques à l’étranger. A partir de 1980, j’ai été nommé par le PNUD responsable de son agence d’exécution de projets d’appui au Comité inter-Etat de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) pour la lutte de cette organisation contre les effets de la sécheresse dans les pays africains.
En 1983, avec l’avènement de la révolution, je suis rentré dans mon pays où j’ai été nommé ministre des Relations extérieures et de la Coopération, poste que j’ai occupé pendant une année. J’ai ensuite été nommé conseiller diplomatique du président Thomas Sankara. Après l’assassinat de ce dernier, le 15 octobre 1987, je suis resté au même poste pendant environ une année encore puis j’ai été nommé ambassadeur du Burkina Faso à Pékin, d’où j’ai été rappelé en octobre 1989.
En 1990, j’ai pris ma retraite anticipée de la fonction publique burkinabé et j’ai postulé pour un poste vacant du PNUD au Niger à Niamey, d’abord, puis à New York (…)
D’où vous vient votre conscience politique qui vous a fait intégrer le PAI alors dans la clandestinité ?
J’ai vécu directement l’époque coloniale avec ses injustices, ses brimades et j’ai partagé les aspirations de mon peuple à la liberté et à la justice. Mon père était lui-même engagé dans la lutte pour l’égalité sous la colonisation et pour l’indépendance de notre pays. Lorsque le pays a été déclaré indépendant en 1960, j’étais encore aux études mais j’ai pris très tôt conscience du caractère incomplet et insuffisant de cette indépendance, du pacte qui semblait continuer de lier nos dirigeants avec la France et de la nécessité pour les cadres du pays de s’impliquer dans la lutte pour changer cette situation.
Il paraissait évident à cette époque que les révolutionnaires marxistes étaient les plus conséquents dans leur analyse de la situation de nos pays néocoloniaux et dans les solutions préconisées pour une indépendance véritable de nos jeunes Etats. D’où mon adhésion au PAI (Ndlr : Parti africain pour l’indépendance) lorsque j’ai été sollicité par des membres de ce parti.
Vous rappelez-vous de votre première rencontre avec Sankara ?
Les responsables du PAI avaient des liens directs avec lui comme avec Blaise Compaoré, dont il était inséparable. Ils nous en rendaient régulièrement compte. Je crois que ma première rencontre avec lui a eu lieu en février 1983 lorsqu’il a été nommé Premier ministre sous le régime du CSP. Je travaillais déjà à cette époque pour les Nations Unies, mais j’étais basé à Ouagadougou, tout en ayant l’opportunité de voyager beaucoup. Je l’ai rencontré sur l’instruction des responsables du PAI pour discuter de la possibilité d’ouvrir nos relations diplomatiques et d’entretenir de nouveaux rapports avec des pays progressistes d’Afrique et d’Amérique latine notamment.
Avez-vous rejoint le pays en 82, pendant le CSP ou bien après le 4 août 1983 (Ndlr : date du putsch qui a porté Sankara au pouvoir) ?
En 1982 je travaillais au Burkina, mais pour une agence des Nations Unies. La même année, j’ai été affecté à New York, à un poste plus élevé de cette agence. Un à deux mois environ avant le 4 août 1983, j’étais à Ouagadougou, en congé. J’ai ensuite rejoint mon poste à New York. Quelques jours après le 4 août 1983, on m’a demandé de revenir d’urgence à Ouagadougou, ce que j’ai fait. Mais quand je suis arrivé à Abidjan, les frontières aériennes du Burkina étaient encore fermées. J’ai donc dû attendre à Abidjan et ne suis arrivé à Ouagadougou que vers le 13 août 1983, je crois. J’ai alors été nommé ministre des Relations extérieures du régime du CNR.
Quelques souvenirs de réunions internationales en compagnie de Sankara ?
J’ai bien sûr de nombreux souvenirs de ce type de réunions internationales. Par exemple à la première rencontre France-Afrique d’octobre 1983 en France. Notamment aussi, lors de sa première participation à la session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York, et lors de sa première visite à Cuba dans la foulée de cette participation. Ou lors de ses visites au leader Kadhafi, etc. Le président Sankara savait toujours très bien ce qu’il attendait de ces réunions ou rencontres. Il était très direct avec ses interlocuteurs. Sa vivacité d’esprit était remarquable comme son sens de l’humour et de la répartie. C’était souvent étonnant. Il avait beaucoup de charisme, savait capter l’attention de son interlocuteur et se faire des amis parmi ses collègues, même ceux dont on pouvait penser à priori qu’ils étaient très éloignés de ses positions. Ces derniers ne lui refusaient pratiquement rien.
Vous avez senti venir les problèmes avec Sankara et certains de ses amis à partir de quand ?
Malgré son charisme et son ascendant sur la plupart de ses collaborateurs, le président Sankara semblait aussi soumis à des pressions multiples de son entourage. Comme vous savez, il y avait parmi ceux qui soutenaient la révolution des composantes politiques civiles, des composantes militaires avec différentes sensibilités et des forces qui se prétendaient indépendantes et proposaient aussi leurs services dans la révolution. Il y avait aussi toutes ces forces sociales qui étaient réservées vis-à-vis de la révolution et guettaient le moindre faux-pas pour l’exploiter.
Mes responsabilités dans le gouvernement me tenaient souvent éloigné de Ouagadougou, mais j’étais mis au courant de la situation dès que je mettais pied dans le pays. Donc j’étais informé à quelques jours près des difficultés qui surgissaient entre Sankara et certains de ses amis, surtout quand cela concernait le PAI. Avec ce dernier parti, il me semble que les problèmes ont commencé à surgir dès novembre 1983 et se sont confirmés à partir de février-mars 1984.
Quelle est votre analyse de la rupture en 1984 ? Le PAI en partage-t-il quelque responsabilité ?
La rupture qui s’est réalisée en mai 1984 et a été officialisée en août 1984 est due, à mon avis, au fait que les relations privilégiées avaient lieu entre le PAI et le président Sankara, mais pas entre le PAI et le groupe des militaires appuyant la révolution. Ce groupe, dont la composition évoluait constamment, et les représentants du PAI ne se rencontraient que lors des réunions trop souvent improvisées du CNR, qui devaient servir à régler les problèmes qui surgissaient. Le groupe des militaires voulait, je crois, affirmer son hégémonie sur le régime et faisait pression pour faire prévaloir coûte que coûte leurs points de vue. Le PAI, fort de son expérience politique, de son côté, ne voulait pas avaliser n’importe quoi. Entre les deux, je crois que la position du président Sankara était assez inconfortable. Et il ne pouvait que constater les situations de désaccord qui s’exprimaient.
D’après ce que j’en ai appris, dans ces cas-là, il préférait souvent se ranger sur la position de ses frères d’armes.
Le PAI était l’un des deux partis civils alliés à cette époque au CNR. L’autre parti avait choisi d’être complaisant et complice en toute chose avec le groupe des militaires du CNR. Ce n’était pas le cas du PAI, qui estimait que sa responsabilité dans le succès de la révolution lui donnait l’obligation d’être plus critique dans la marche des choses. C’est peut-être là la responsabilité qu’il a dans la rupture de 1984.
Que vous est-il arrivé en 1984 ? Avez-vous été arrêté ?
Après l’éviction du gouvernement 1984 des ministres PAI dont j’étais, j’ai été, semble-t-il accusé de tenir des propos critiques vis-à-vis du CNR. D’autres camarades étaient accusés de la même chose. Et une nuit, les militaires sont venus m’arrêter. J’ai été conduit d’abord à la Direction nationale de la Police où je suis resté quelques jours dans une pièce du 2ème étage avant d’être descendu dans une des cellules du sous-sol. Certains autres camarades du PAI, anciens ministres du CNR comme moi, mais aussi d’autres qui n’avaient pas été ministres ont aussi connu le même sort. Bien entendu, personne ne nous disait rien sur les raisons officielles de nos arrestations. Tant que nous étions dans les locaux de la Police, nos familles étaient autorisées à nous amener à manger. Mais après quelques jours à la police, on m’a nuitamment conduit dans une cellule d’un camp militaire où je suis resté plusieurs mois. Dans ce camp, je ne savais pas qui était là avec moi, j’étais toujours enfermé à double tour, il n’y avait pratiquement pas de lumière dans la cellule. Après plusieurs mois de cette captivité, on est venu un beau jour m’en extraire une nuit, et on m’a ramené à la maison, sans explications.
Vous avez rejoint Sankara comme conseiller à la présidence ? Comment ça s’est passé ?
Quelques semaines après ma libération, j’ai été nommé conseiller à la présidence et je me suis présenté pour y prendre mon poste. J’étais surtout en rapport avec le Directeur du département des relations extérieures de la présidence. Néanmoins, Sankara m’a reçu le jour même ou le lendemain de mon arrivée dans ses bureaux, pour me préciser les responsabilités qui étaient désormais les miennes. Aucun d’entre nous n’a évoqué ce qui s’est passé auparavant.
Quel était alors votre mission ?
J’étais appelé à traiter les dossiers qui m’étaient affectés, à participer à certaines rencontres, ou à me rendre dans mon ancien ministère pour y rechercher des informations pour les besoins de mon travail.
Qu’avez-vous ressenti lorsque Sanakara a été assassiné ?
J’étais de ceux qui travaillaient au bureau cet après-midi là, consacré normalement à la séance du sport de masse. J’étais donc au bureau lorsque les coups de feu ont retenti vers 16h au Conseil de l’Entente tout proche. Nous étions un peu intrigués, sans plus. Mais peu après, un militaire chargé de la sécurité à la présidence est venu nous inviter à rentrer chez nous, sans autre explication. Ce que chacun s’est empressé de faire.
Dans la soirée, vers 18h, j’ai entendu le premier communiqué annonçant la naissance du Front populaire, puis le second qui confirmait que le président en était le capitaine Blaise Compaoré. C’est seulement le lendemain matin que j’ai appris la mort du président Sankara. Evidemment cela m’a touché, car il avait été un temps proche du PAI. Avec la prise du pouvoir, il s’était éloigné de ce parti et avait été jusqu’à laisser les médias d’Etat et les structures du CNR vilipender ce parti à toutes les occasions. Il s’était révélé néanmoins comme un patriote, comme quelqu’un qui voulait vraiment travailler pour changer la situation du pays et celle des plus pauvres. C’était aussi un homme d’une grande intelligence.
La dernière année, il semblait d’ailleurs vouloir revenir sur un certain nombre de méthodes de travail qui l’avaient isolé de beaucoup et avaient écarté de la révolution divers acteurs. Mais il était maintenant mort, dans des conditions tragiques et brutales, sans que l’on sache véritablement pourquoi, dans un affrontement entre militaires, sans que les civils aient pu quoi que ce soit sur les problèmes qui ont conduit à son assassinat en plein jour.
Vos critiques par rapport à Sankara et à la révolution sont moins dures aujourd’hui que dans la période qui a suivi le 15 octobre ?
C’est humainement et politiquement normal. Humainement parce qu’il n’est plus et que le recul nous fait aussi mieux voir ce qu’il était vraiment. Le recul permet de mieux apprécier l’importance relative de ce que nous lui reprochions dans sa conduite des affaires. Nous avons mieux compris qu’il était sous l’influence d’hommes qui étaient loin de partager son idéal et le nôtre pour l’avenir du pays. Tous ces gens ont d’ailleurs presque tous retourné sans scrupules leur veste après sa disparition.
Politiquement parce que ses qualités de patriote, d’homme d’Etat intègre et opposé à la corruption, d’homme politique dévoué à son pays et préoccupé par la situation des masses sont indéniables. En outre, nous pouvons aujourd’hui, comparer l’homme politique et l’homme d’Etat qu’il a été avec ceux qui ont pris sa succession. Un autre élément important est qu’aujourd’hui les sankaristes qui se réclament de lui et de sa politique sont nos alliés dans l’opposition au régime de Blaise Compaoré qui passe son temps à ruser avec le peuple.
On accuse parfois le PAI d’avoir accompagné Blaise Compaoré après l’assassinat de Thomas Sankara.
Le PAI a connu Blaise Compaoré à peu près en même temps que Sankara qui le lui a présenté, à la fin des années 70. Le PAI a travaillé avec les deux hommes avant et pendant la période du CNR. Durant cette période, le PAI n’a jamais eu d’accrochage avec Blaise Compaoré.
Blaise Compaoré a pris le pouvoir après l’assassinat de Sankara le 15 octobre 1987. Il a contacté le PAI quelques jours après sa prise de pouvoir pour expliquer ses divergences avec Sankara et le fait que lui aussi était menacé d’élimination. C’est en 1988 que le PAI a été approché par des émissaires à lui qui l’invitaient à rejoindre le Front Populaire. Le PAI a estimé qu’il ne pouvait le faire avant d’avoir des explications sur les raisons du dénouement sanglant du 15 octobre 1987 et tant que le régime serait dominé par les militaires.
C’est après le retour à un Etat de droit en 1991, et face à la constitution d’un bloc de droite condamnant globalement la révolution que le PAI a infléchi sa position, et accepté, en avril 1991, une alliance avec l’ODP/MT, le parti créé par Blaise Compaoré. Cette alliance a à peu près fonctionné, entre mi-1991 et fin 1993. Dans ce cadre, le PAI a accepté de rentrer dans le gouvernement de transition de juillet 1991 à juin 1992. En février 1993, le PAI a accepté de se charger du poste de président du Conseil économique et social. Cependant, à partir d’octobre 1994, cette alliance n’avait plus de réelle signification, l’ODP/MT n’y étant manifestement plus intéressé et le PAI constatant qu’il ne pouvait apporter aucune inflexion à la politique du régime. C’est donc normalement que la séparation est intervenue en 1996 et le PAI depuis s’est positionné dans l’opposition.
C’est l’exacte réalité des rapports entre le PAI et le régime de Blaise Compaoré.
Votre parti a participé à la rédaction de la constitution de 1991. Vous étiez contre la convocation d’une conférence nationale ?
C’était en 1990 et non en 1991. Lorsque la Commission constitutionnelle a été mise en place en avril 1990, personne ne parlait encore de conférence nationale. La commission a donc élaboré un projet de Constitution et les représentants du PAI y ont joué un rôle actif afin que cette constitution soit le plus démocratique. Le projet de Constitution réglait aussi les problèmes de la période transitoire. Toutes les forces politiques et sociales qui avaient pris part à la commission se félicitaient du résultat auquel on était parvenu.
Mais voilà qu’après le référendum constitutionnel qui adoptait la constitution en juin 1991 et pour lequel tous les partis politiques avaient appelé à voter « Oui », certains partis se sont mis à exiger que l’on mette de côté la Constitution fraîchement adoptée et que l’on tienne une conférence nationale. C’était se renier. Le PAI a préféré rester logique dans son soutien à la Constitution et dans l’acceptation de ses dispositions transitoires. Nous continuons à croire que c’était logique.
Comme vous savez, en 1998, le pouvoir s’est appuyé sur l’un des responsables du PAI pour tenter de changer la position du PAI dans l’opposition et à défaut pour casser ce parti. Cette manœuvre a placé depuis 2000 le PAI dans une situation de non légalité qu’il conteste depuis cette date devant la justice qui lui donne raison, mais le pouvoir refuse d’en tenir compte.
Comment caractérisez-vous le pouvoir et le régime actuel ?
Le régime actuel a progressivement évolué jusqu’à être aujourd’hui le pouvoir d’un seul homme, s’appuyant sur une administration entièrement à son service, sur des hommes qui lui sont entièrement soumis, et gouvernant essentiellement avec les hommes et les femmes de son clan familial. Les élections qui se sont déroulées depuis 1991 ont montré que le régime et ses hommes ne reculaient devant aucune fraude ou manipulation pour les gagner. Leur préoccupation semble essentiellement être de garder le pouvoir le plus longtemps possible, et tous les moyens pour cela leur paraissent bons. Le peuple et ses préoccupations quotidiennes sont oubliés dans une telle vision. Son interventionnisme au sein des partis d’opposition, en recourant à la corruption notamment est une de ses méthodes, et le PAI en est affecté comme expliqué plus haut, depuis 2000. Pour toutes ces raisons, et malgré sa situation actuelle de non légalité, le PAI reste un parti actif de l’opposition.
Que pensez-vous des activités de médiateur de Blaise Compaoré ?
La plupart des chefs d’Etat de la sous-région sont dans des difficultés telles dans leur pays qu’il est l’un des rares à être disponible pour de telles médiations. Il a pu connaître dans le passé, sous le CNR notamment, de nombreux hommes politiques de pays voisins qui se considèrent comme redevables au Burkina, et cela lui est profitable. C’est pourquoi, grâce à la bonne volonté des protagonistes, il peut atteindre certains succès apparents. On peut toutefois remarquer que ses médiations ménagent toujours les dirigeants qui sont au pouvoir.
Certains demandent une amnistie pour Blaise Compaoré pour qu’il accepte de laisser le pouvoir. Qu’en dites-vous ? Pensez-vous qu’il devra être jugé ?
Pourquoi pas, si cela peut débloquer la situation politique au Burkina ? S’il bénéficie d’une amnistie, on ne peut en même temps le juger. Mais la question est aussi de savoir si cette transaction politique s’appliquerait ou non à ses hommes de main.
Pensez-vous qu’il devrait être jugé devant des juridictions internationales aux côté de Charles Taylor pour son engagement à ses côtés ?
Il faudrait d’abord que l’on ait la preuve ou des soupçons suffisamment étayés sur ses complicités avec Charles Taylor dans les crimes qu’on reproche à ce dernier. (…)
De quoi faut-il s’inspirer de ce qui s’est passé pendant la révolution ? Quelles erreurs ne faut-il pas reproduire ?
La révolution de 1983-87 a montré que si l’on a la volonté de changer les choses, et de s’appuyer pour cela sur une équipe de gens convaincus et déterminés, on peut aboutir. Il faut s’en inspirer. La révolution a commis l’erreur de vouloir parfois faire le bonheur des hommes sans leur consentement, même si dans le même temps elle a brandi le slogan « Pas un pas sans le peuple ». Il faut prendre le temps de convaincre et d’obtenir l’adhésion du plus grand nombre : ce n’est jamais du temps perdu. Beaucoup de gens sont des patriotes et veulent apporter leur contribution à la construction du pays. Il convient de ne pas les laisser pour compte, mais plutôt d’obtenir qu’ils participent, évoluent et avancent avec vous. Le président a été tué par des gens qui étaient en principe proches de lui, parce que les contradictions entre eux sont devenues subjectivement importantes : l’unité dans son camp est toujours fondamentale. (…)
* Hama Araba est diplomate, ministre des Relations extérieurs sous Thomas Sankara. Il a été investi pour la présidentielle du 21 novembre par une coalition de partis. Ses propos ont été recueillis par les animateurs du site thomassankara.net
* Veuillez envoyer vos commentaires à [email protected] ou commentez en ligne sur www.pambazuka.org