Aziz Salmone Fall : « La jeunesse africaine doit lutter contre le néocolonialisme intellectuel »
Coordonnateur de la campagne internationale Justice pour Thomas Sankara (Cijs), membre influent du Groupe de Recherche et d’Initiatives pour la libération de l’Afrique (Grila), Aziz Salmone Fall est de tous les combats qui visent l’autonomisation du continent et l’amélioration des conditions de vie de ses habitants. Dans cette interview exclusive accordée au Journal de l’Afrique, l’auteur du film documentaire « Africom go home » fustige la présence des bases militaires étrangères en Afrique, donne des détails sur l’évolution du dossier Sankara au Burkina Faso, etc. Il invite les jeunes générations africaines à rester vigilantes et surtout à s’organiser pour être à l’avant-garde de la libération en cours.
QUESTION : Pouvez-vous faire une brève présentation du Groupe de Recherche et d’Initiatives pour la Libération de l’Afrique (Grila) dont vous êtes le président ?
AZIZ S. FALL : Il n’y a jamais eu de président au Grila durant ces 30 ans. Nous fonctionnons sans hiérarchie et transversalement par des collectifs. Je suis donc seulement un membre du collectif contre l’impunité où j’ai l’honneur de coordonner depuis 20 ans la Campagne internationale justice pour Sankara, une équipe d’avocats et de militants. Le Grila est un organisme autonome et sans but lucratif qui fonctionne grâce à la contribution matérielle et intellectuelle de ses sections composées de membres et de sympathisant-e-s. Dans sa vision d’un monde universaliste, il tente de contribuer à l’émergence et à la consolidation du développement autocentré en Afrique et à la solidarité internationale qu’il requiert.
Concrètement, ce travail s’accomplit par la sensibilisation et par des actions sélectives dans des pays du centre, tout comme en Afrique. Le Grila y soutient activement des forces démocratiques et progressistes qui luttent pour la destruction de toutes formes de racismes et d’ethnocentrismes ainsi que le respect des droits collectifs et de la personne ; le renversement des régimes alliés de l’impérialisme ; des ruptures sélectives avec le système mondial capitaliste ; un équilibre des revenus villes-campagnes, l’autosuffisance alimentaire et la satisfaction pour tous des biens essentiels ; l’émancipation des femmes, l’amélioration de leurs conditions de vie et le changement des mentalités masculines ; la participation populaire et civique, la démocratie populaire et la promotion de la jeunesse ; un développement autocentré et plus écologique ayant une gestion patriotique des fonds publics ; l’avènement d’Etats panafricains régionaux et ultimement une confédération panafricaine.
QUESTION : Malgré les actions engagées pour la libération de l’Afrique, le pillage de ses ressources continue en s’accélérant, la croissance économique ne profite qu’aux multinationales étrangères et à leurs relais locaux. L’Union Africaine se caractérise par un manque de vitalité et de vivacité. Les jeunes Africains meurent par centaines dans la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe. L’Afrique est-elle maudite ?
A. S. FALL : Je ne crois pas à l’existence d’une imprécation fut elle divine ou autre, ce genre d’image fait partie du problème. Il s’agit simplement de problèmes humains, que les humains peuvent résoudre.
Pour l’Afrique, le « nouvel ordre mondial » ou la mondialisation n’est qu’un redéploiement sélectif du capitalisme de l’ère précédente. Il n’y permettra même pas l’émergence d’un « projet national bourgeois ». Quelques pays de ce continent au vil prix de la compradorisation, pourront s’ajuster aux exigences du système mondial. Les autres, en dépit de leur croissance, vivront à son crochet et y seront progressivement marginalisés ou mis en réserve. Dans tous les cas, il n’est pas possible de se développer significativement avec les maigres redevances que paient les firmes transnationales pour nos ressources, sans compter l’incurie et les formes de corruption locale.
L’ordre ou le désordre mondial est impitoyable pour l’Afrique malgré ses slogans d’émergence et de futur reluisant. Plusieurs pans des formations sociales africaines seront marginalisés et condamnés à la mendicité et soumis au règne cupide de castes de prédateurs. Les autres formations sociales qui auront la possibilité d’être intégrées au marché mondial ne le seront qu’au prix de la compradorisation et de l’ajustement permanent aux conséquences, forcément de plus en plus cruelles, des exigences insatiables du grand capitalisme. C’est le sort que réserve actuellement le capitalisme à l’Afrique, c’est-à-dire la possibilité d’une vie décente à une infime minorité de privilégiés, la multitude des autres vivant aux crochets d’une économie informelle de produits en fin de vie et des rebuts et, pour le tiers restant, la survivance dans la misère.
Le désordre mondial s’acharne à gérer l’insupportable. Le marché mondialisé permet la circulation des biens, des services et des marchandises à travers les frontières mais restreint la circulation humaine, toujours plus triée, avec la fuite de cerveaux et de bras corvéables. Les murs et les frontières des archipels de prospérité de par le monde, y compris en Afrique, s’érigeront toujours plus haut et les hordes de jeunes aux horizons bloqués s’évertueront à les franchir. Malheureusement, la plupart des pays africains, malgré l’échec des trois dernières décennies, s’évertuent à poursuivre une hypothétique sortie de crise orchestrée par les institutions financières et les voraces transnationales du grand capital. La lutte effrénée des élites pour l’appropriation des moyens d’enrichissement, de pouvoir et de violence ravage le continent. La dépolitisation entretenue de pans entiers de la société par des diversions culturelles et sportives et la fragmentation des pans politisés empêchent aussi une riposte collective organisée.
Bien que les aspirations populaires qui contestent cette voie dominante ne disposent pas de l’espace politique pour être concrétisées, des forces progressistes s’organisent pour qu’elles y parviennent. Il faut plus d’engagements politiques, élargir la marge d’action de l’Etat, recouvrer les espaces de souveraineté et sauvegarder le bien commun. Bref, la démocratie et les stratégies progressistes devraient être orientées dans le sens du développement autocentré et populaire.
QUESTION : Vous avez réalisé un film sur le quadrillage militaire de l’Afrique par les USA avec pour titre « Africom go home ». Quel est le message que vous vouliez passer à travers le film ? Avez-vous l’impression qu’il a été bien reçu par le public ?
A. S. FALL : Le film s’interpose contre la présence de toutes les bases étrangères, pas seulement les installations américaines. Il peut être vu gratuitement sur le web en français, en anglais, et en allemand
C’est un document de contre-propagande et de sensibilisation, aux fins non commerciales, et d’usage d’archive et de consultation. Ce document vidéo est une interprétation personnelle de l’enjeu géopolitique africain et mondial. Il n’engage que moi et nullement la responsabilité du Grila et de ses membres. Le film s’adresse aux dirigeants africains, aux panafricains, aux internationalistes et à la jeunesse africaine préoccupés de la condition de l’Afrique dans le système monde. Il compare la vision des pères progressistes du panafricanisme à celle des tenants de la domination et leurs alliés locaux. L’objectif de ce document est une contribution subjective au suivi de la déclaration « Africom go home », produite en une dizaine de langues, signée par une cinquantaine de personnalités et d’organisations africaines et allemandes qui s’opposent à la présence de l’Africom en Allemagne comme en Afrique. Les versions multilingues de la déclaration sont sur www.grila.org
Ce document audiovisuel est articulé sur des images du Web dont les auteurs ne portent aucune responsabilité dans le traitement du film. Le document audiovisuel est bâti sur les enjeux fondamentaux suivants : le suivi de la déclaration Africom Go home et le bien-fondé de cette déclaration ; l’histoire et l’évolution de la présence militaire impérialiste et néocoloniale en Afrique sur les 50 ans ; l’avènement de l’Africom, son décryptage et celui des rivalités et visées impérialistes sur le continent, mais aussi leur surveillance réciproque et leurs contradictions dans la lutte contre le terrorisme. La dénonciation de l’extension rampante et faussement humanitaire de l’Africom en Afrique et sa position en Allemagne ainsi que dans toute une série de bases. Les contradictions des Africains et leurs organisations pour se défendre contre les conflits liés au pillage des ressources et l’accès au territoire. La nécessité de la résistance panafricaine et internationaliste et la repolitisation démocratique de notre jeunesse
QUESTION : Dans le film, vous indiquez qu’une nouvelle recolonisation de l’Afrique est en cours. Comment se manifeste-t-elle ?
A. S. FALL : Les puissances impérialistes sont préoccupées par la coopération internationale proactive que fournissent les Chinois, les Indiens et autres pays émergents tout aussi insatiables en ressources. Incapables de poursuivre la chimère de la coopération internationale, qui de toute façon n’a jamais rempli les exigences du 0,7% de leur PIB, les pays de l’Otan dans une hystérie guerrière ont, depuis la période de la guerre froide et de la lutte en Afghanistan, instrumentalisé l’Islamisme et ses variantes, tout comme ils ont su, durant la lutte contre l’apartheid, soutenir Pretoria et ses sbires et donner au monde l’impression du contraire.
Bref, pour tempérer leur déclin économique et coopter les bourgeoisies des pays émergents dans leur sillage, il y a une surenchère terroriste qui leur permet de justifier leur parrainage de tous les pays qui ne peuvent se défendre contre le péril terroriste. Ils sont les premiers responsables de la boite de Pandore terroriste qui désormais rhizome dans des terres fertiles du sous-développement et de la frustration ou le ressentiment antioccidental, et les agendas contradictoires s’épanchent.
La conditionnalité sécuritaire est donc venue se greffer à la conditionnalité politique des ajustements économiques, dite gouvernance. Les élites africaines mystifiées et apeurées de nos États, qui ont été dessaisies de leurs attributs de souveraineté par les ajustements, cautionnent cette mise en tutelle et repoussent, parfois à contrecœur, les gestes fermes d’autodéfense et de souveraineté panafricaine. Il y a donc désormais une constellation de bases où les intérêts de la Françafrique côtoient les dispositifs de l’Otan, de l’Africom, des réseaux d’intelligence de logistique et de cooptation totale de nos armées et de nos leaderships politiques. Avec la dépendance technologique et la servitude volontaire de pans entiers dépolitisés ou désinformés de nos tirailleurs modernes, j’ai le sentiment que nous sommes moins préparés à résister à ce phénomène complexe que nous ne l’avions été pour résister contre la colonisation du vingtième siècle.
QUESTION : Devant le Congrès étasunien, en mars 2014, le général Rodriguez, commandant d’Africom a révélé que cette composante de l’armée Us a mené en Afrique 55 opérations, 10 exercices et 481 « activités de coopération dans le domaine sécuritaire ». Votre commentaire ?
A. S. FALL : Je crois que les ténors de l’Africom, en recherche permanente de financement, commencent à reconnaître ouvertement ce qu’ils dissimulaient depuis longtemps. Ils se comportent en terrain conquis. Nous avons révélé tout cela dans le film avant que le commandant ne le divulgue à l’opinion publique. En Allemagne, nous avons réussi à convaincre des députés de soulever la violation de la constitution allemande par les exactions de l’Africom. Nous avons expliqué que ce pays ne pouvait pas, après Berlin en 1885 et maintenant Stuttgart, recoloniser l’Afrique. Nous continuons de dire qu’il faut fermer la base de l’Africom à Stuttgart ainsi que toutes les bases et facilités des États-Unis et de l’Otan sur le continent. L’Union africaine doit faire courageusement volte-face et non rester sous tutelle. Tout cela est relaté dans le film qui vieillit bien et reste d’actualité. Les Africains américains qui aiment l’Afrique, l’Afrique consciente et panafricaine doivent se réveiller avant qu’il ne soit trop tard. C’est David contre Goliath, et il nous faut beaucoup plus de David.
QUESTION : En enferment Laurent Gbagbo à La Haye, en assassinant Mouammar Kadhafi, l’Occident n’est-il pas en train de passer un message fort à d’autres dirigeants qui seraient tentés de s’opposer à ses intérêts en Afrique ?
A. S. FALL : Je ne raisonne pas en terme d’Occident. Il y a un système monde à dominante capitaliste où l’essentiel de nos propres élites collaborent. Il y a un système multilatéral désuet, où perdurent l’impunité et la justice à deux vitesses, où il a des droits et peu de devoirs. Les forces qui sont au-dessus des lois qui ont comploté contre Gbagbo et Khadafi sont connues et arrivent d’ailleurs à leurs fins sans avoir à recourir à ces instances. Nous montrons aussi cela dans le film. L’Afrique a le record de martyrs tombés pour sauvegarder la souveraineté de son peuple. La lutte continue et de nouvelles générations apprennent qui est Sankara, Fanon, Cabral, Ben Barka ou Chris Hani et poursuivent la résistance.
QUESTION : Kadhafi était un grand contributeur de l’Ua et payait d’ailleurs la part des Etats défaillants. Son assassinat n’a-t-il pas brisé le rêve du panafricanisme qu’il incarnait et paralysé l’Ua ?
A. S. FALL : La honte c’est l’Union africaine, principalement financée par des bailleurs étrangers et soutenue à bras le corps par les politiques volontaristes et intéressées du leader de la Jamarihya. Ce temps est révolu, mais c’est à nous de collectivement nous doter d’une monnaie continentale, d’une armée continentale, d’un marché intérieur de biens de consommation de masse. Le rêve du panafricanisme que Khadhafi a découvert en cours de route de son cursus politique est né dans les diasporas au début du 20e siècle, il ne peut mourir. Moi, je suis le produit biologique d’un Sénégalais et d’une Égyptienne. Mon père était naturalisé congolais et c’est lui qui a ramené la famille de Lumumba en Égypte lorsque Patrice Lumumba a été assassiné par les mêmes qui recolonisent l’Afrique aujourd’hui. Vous voyez bien que le panafricanisme vit. Je suis optimisme parce que panafricain ! C’est l’Afrique, avec ses valeurs vitales écologistes, sa solidarité et sa chaleur humaine et son optimisme, malgré leur érosion, qui donnera la réponse humaine et adéquate à la mondialisation prédatrice ou hélas le monde s’éteindra !
Que sont devenus les projets panafricanistes portés par Kadhafi : Fonds monétaire africain, Banque centrale africaine, etc. ?
L’Union africaine a lancé plein de projets de façon volontariste sous sa houlette. Sur le principe, ils demeurent corrects. Mais l’élite de l’union africaine malgré l’évidence de l’impasse du Nepad y croit encore. Aujourd’hui on a une stratégie pour 2050, reprenant le jargon de la Banque mondiale : des États compétents gardiens de la sécurité, des institutions fortes, avec primauté de la gouvernance et du droit, tous taillés pour le secteur privé. Personnellement, je suis sceptique. Je propose le "panafricentrage", un désengagement sélectif du marché mondial, une construction autocentrée, une autonomie collective du continent et des échanges.
C’est un grand sacrifice, certes, mais la majorité de la population y aspire, la Chine l’a fait douloureusement et l’Afrique peut faire encore mieux.
QUESTION : Vous êtes par ailleurs le coordonnateur de la campagne internationale Justice pour Thomas Sankara (Cijs). Comment avez-vous accueilli le renversement de Blaise Compaoré et qu’est-ce qui a changé depuis le 30 octobre 2014 ?
A. S. FALL : Avec soulagement. L’exhumation des 13 tombes des martyrs du 15 Octobre 1987, incluant la tombe présumée de Thomas Sankara au cimetière de Dagnoën, a fourni des pièces à conviction et des données légistes. Elles sont sous la responsabilité du juge d’instruction, du Pr Robert Soudré et du Dr Norbert Ramdé, experts près la Cour d’appel de Ouagadougou, et du Pr Alain Miras, médecin légiste expert requis et œuvrant près la Cour d’appel de Bordeaux en France. La tombe présumée de Sankara, impunément profanée à deux reprises dans le passé sous le régime du Président Compaoré, jouxtait alors une décharge et des immondices. Ce travail de mise en œuvre du processus judiciaire détonne avec les pratiques d’impunité de la magistrature du régime Compaoré qui a finalement été renversé par une insurrection populaire. Après 20 ans de vaines procédures au Burkina, la Cijs avait obtenu de l’Onu des droits à la veuve Sankara et à ses enfants, marquant une première contre l’impunité en Afrique et au sein du système des Nations Unies dans le cas du meurtre d’un chef d’État. L’identification de la tombe de Thomas Sankara, une pratique d’exhumation peu africaine, n’a pour but que de faciliter la manifestation de la vérité. Ce qui importe, c’est que la page de l’impunité soit tournée, que la justice soit rendue afin que le Burkina puisse sereinement parachever sa réconciliation.
QUESTION : Au-delà des discours, que font les nouvelles autorités du Burkina Faso pour que justice soit faite sur l’assassinat du président Sankara ?
A. S. FALL : Le régime du président Kafando et du premier ministre Zida a décidé que le prince s’occuperait de cette question. Un juge d’instruction a été nommé. Nos avocats veillent et jusqu’à présent l’instruction suit son cours. Le peuple aussi , comme le reste de l’Afrique, est vigilant et observe ces autorités qui ont enfin commencé ce qui a été refusé pendant 28 ans. Nous savons que les assassins et leurs commanditaires sont là, les intimident et rôdent. Mais la puissance du peuple qui en a chassé quelques-uns est notre plus grande assurance.
QUESTION : Où trouvez-vous les moyens financiers pour payer la vingtaine d’avocats qui défendent le dossier Sankara ?
A. S. FALL : Comme je vous l’ai dit, nous sommes des Africains organisés et autonomes, et nous en avons fait de même lors de la lutte contre l’apartheid. Personne ne nous aide, nous nous autofinançons par nos événements et notre force est la solidarité internationaliste. Nos avocats travaillent pro bono. Tout cela n’a pas de prix et n’a que de la valeur.
QUESTION : Le Nigéria, première puissance économique, vient de connaitre une nouvelle alternance dans la transparence et la paix. Votre réaction ?
A. S. FALL : J’ai une pensée pour notre ami Ken Saro Wiwa. Le pays est sommé de redistribuer la rente. La communauté internationale est aussi responsable de faire la lumière sur ceux qui, à l’origine, ont soutenu Boko Haram, etc. Le Nigeria doit rester entier et éviter la spirale guerrière. Ceux qui ont comploté pour faire le Biafra, comme ceux qui veulent y imposer le chaos, savent en réalité que ce pays est une des 3 locomotives de l’Afrique. Les Nigérians savent que nous tous sommes aussi Nigérians.
QUESTION : Un message à la jeunesse africaine ?
A. S. FALL : Le désordre mondial s’acharne à gérer l’insupportable, produit par le capitalisme néolibéralisé des 30 dernières années. C’est le temps et la tranche de cette jeunesse, souvent désenchantée et aliénée, qui garde une grande capacité d’indignation, mais hélas une faible organisation. L’ordre militariste nourrit les culturalismes et entretient surtout cette radicalisation qui bascule dans le terrorisme ; ce qui justifie davantage sa répression constante et l’exigence de mise sous tutelle sécuritaire. Fuyez les sectes et les faux prophètes. Il s’ensuit une instrumentalisation croissante et une zizanie qui empêche le vivre ensemble. Le réveil fasciste qui constitue la réponse du capitalisme sénile à sa propre crise hypothèque votre avenir. Un développement plus équilibré est la tentative de compter sur ses propres forces dans une perspective internationaliste et panafricaniste, c’est notre sortie de crise. Il s’agit de soumettre les relations extérieures aux exigences internes du développement de nos pays. Mais les consciences de plus en plus homogénéisées par les valeurs dominantes du système mondial contemporain sont incapables d’envisager cette solution. Les jeunes doivent œuvrer contre le néocolonialisme intellectuel, pour une repolitisation démocratique, la désaliénation des consciences, et la canalisation d’une intelligentsia organique capable d’épauler des projets de société alternatifs au désordre sévissant en Afrique. Un panafricanisme proactif en diaspora et sur le continent permet de s’organiser, de résister et d’imposer un autre monde.
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