Agro-écologie : Produire sain, communautés en bonne santé, dans un environnement sain
Un des premiers principes est de partir des connaissances traditionnelles, de maitriser la production des intrants organiques, de s’adonner à l’utilisation exclusive de ces intrants et de pesticides issus des pratiques traditionnelles des femmes.
C’est l’expérience entreprise par les femmes rurales de Dande, au Burkina Faso, qu’elles veulent partager avec les autres femmes rurales, membres ou non du mouvement « Nous sommes la solution » (1) dans leur jardin école !
Le lancement des travaux a eu lieu le samedi 6 décembre 2014, à Dandé, localité située à 55 km sur l’axe Bobo-Bamako, en présence du préfet du département de Dandé, du secrétaire exécutif et du coordinateur de la Fédération nationale des organisations paysannes (Fenop) , de l’équipe de la coordination du Réseau d’appui à la citoyenneté des femmes rurales d’Afrique de l’Ouest et du Tchad (Resacifroat), des femmes rurales membres de l’Ufroat, actives dans l’agro-écologie, venues du Mali, des provinces de la Comoé et du Kénédougou, sans oublier la population et les nombreuses femmes de l’union Lolo.
Membres du Mouvement «Nous sommes la solution» depuis sa création, le Resacifroat et la Fenop ont crée les conditions nécessaires à l’adhésion des producteurs/ productrices, notamment les femmes rurales au principe et aux actions du Mouvement. C’est dans ce cadre que le jardin école de Dandé a été mis en place avec l’appui financier du Fonds mondial pour les femmes, pour lutter contre la pauvreté et produire et manger sain.
Ce sont cent femmes de vingt groupements de l’Union Dandé qui s’exercent en vue de produire les légumes qu’elles consomment en respectant les principes de l’agriculture biologique. Un des premiers principes étant de partir des connaissances traditionnelles, de maitriser la production des intrants organiques, l’utilisation exclusive de ces intrants, et de pesticides issus des pratiques traditionnelles des femmes.
M. Ilboudo Romain, lieutenant des Eaux et forêts, venu avec les femmes de Binkoora (Orodara) qu’il accompagne et grand producteur bio, a offert des semences bio d’aubergines traditionnelles et a félicité les femmes et le Resacifroat pour cette belle initiative salutaire pour l’homme et l’environnement. Pour mieux faire comprendre l’importance et les avantages de l’agroécologie, il a rappelé la mésaventure que les producteurs de sésame de la région de Dandé ont vécue par le refoulement de leur production sur le marché européen pour cause d’utilisation d’intrants chimiques. Il a dit aux femmes : «Pourquoi ceux qui fabriquent les engrais chimiques et autres pesticides refusent de consommer les productions contenant ces intrants ?» La réponse à cette question devrait permettre aux femmes de mesurer l’importance de leur projet.
Les femmes rurales de l’Ufroat/Mali, qui sont arrivées le matin de Sikasso, sont elles aussi des productrices maraîchères, parmi elles, une formatrice en techniques de production respectant les principes de l’agro-écologie. En voyant les pépinières d’oignons préparées par les femmes de Dandé, elles leur ont expliqué comment faire des planches de pépinières en utilisant la fumure organique qui permettent de bien préparer les plants. Les femmes de Orodara aussi ont tenu à apporter leur expérience de productrices maraîchères. De véritables experts en la matière ! Cela prouve bien que les femmes rurales peuvent former d’autres femmes rurales. C’est l’objectif poursuivi par le jardin école, qui constitue un véritable défi pour les femmes rurales de Dandé organisées autour des planches que chaque groupement essaie de tracer, d’enrichir en engrais oraniques, afin d’en tirer les plus beaux légumes.
C’est le vœu formulé par le préfet de Dandé, qui a rassuré les femmes de l’union Lolo de la disponibilité des autorités à les accompagner dans leur noble entreprise. En donnant le top départ des travaux, il a souhaité que ce jardin où pousseront bientôt des tomates, oignons, choux, salades, haricots verts, concombres et courgettes puisse réellement servir d’école pour les femmes rurales des autres régions du Burkina et pourquoi pas les hommes.
Les femmes de Dandé, fières de cette grande mobilisation autour de leur entreprise, s’affairent les unes autour du puits dont l’exhaure de l’eau a été améliorée par une construction de bacs pour rapprocher plus l’eau de toutes les utilisatrices, les autres pour déjà améliorer la pépinière selon les conseils reçus des autres femmes rurales.
Le jardin, couvrant une superficie de 0,25 ha a été implanté dans une parcelle donnée à l’association des femmes par le chef de village ; elles y ont construit un magasin qu’elles utilisent pour les réunions du groupe.
Rendez vous est donné pour d’autres visites qui devraient se réaliser à une autre étape de la production ! Avec d’autres femmes qui viendront soit pour apprendre, ou pour être sensibilisées !
NOTE
1) Nous sommes la Solution! est une campagne dirigée par les agriculteurs africains pour s'attaquer à la crise alimentaire. L'initiative, qui se concentre actuellement sur la Femme & la Biodiversité en Afrique de l'ouest, implique les associations de femmes, les fédérations agricoles, les leaders communautaires, les spécialistes de l'agro-écologie, et les organisations médiatiques locales.
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** Rosalie Ouaba est présidente du Réseau d’appui à la citoyenneté des femmes rurales d’Afrique de l’Ouest et du Tchad
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