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Et si Dieu était noir ? Et si Nelson Mandela en était l'incarnation ? À en juger l'hommage rendu par le monde entier au premier président noir sud-africain, on n'est pas loin de le penser. Madiba était vraiment un homme exceptionnel, un specimen conçu peut-être par erreur pour être si parfait, une pépite comme on n'en trouve pas sur terre, un diamant noir à l'état brut qui éclaire les nuits les plus épaisses. Mais Mandela était mortel comme tous les êtres exceptionnels à l'image de Mahatma Gandhi, du pape Jean Paul II, de Michael Jackson, de Mao Tsé-Toung, de John Fitzerald Kennedy, de Bruce Lee, de Lady Diana et d'Andrianampoinimerina.

Ni rancunier, ni revanchard Mandela a montré que le Noir peut être nettement supérieur au Blanc au niveau des valeurs humaines, au niveau de la moralité, au plan de la notion de l'État et du patriotisme. Son sourire sincère, son regard droit faisaient de lui un rassembleur hors-pair, un séducteur irrésistible, un dirigeant obéi et adulé, un président écouté et vénéré. Si pouvoir pardonner ses geôliers blancs, ne pas appeler à la vengeance après avoir passé 27 ans de sa vie derrière les barreaux de Robben Island, était un miracle, on devrait pouvoir béatifier Mandela. En tout cas c'est plus qu'un miracle. C'est plus que ce qu'on pouvait demander à un homme.

Autant l'Afrique peut être fière de Mandela, autant ce dernier peut avoir des raisons de ne pas pouvoir compter sur des héritiers. Au vu de l'actualité du moment, il n'existe que des enfants prodigues qui tiennent le pouvoir partout en Afrique. De Madagascar au Mali en passant par la Centrafrique, la Rd Congo, la Guinée, le Burkina Faso, le Gabon, le Zimbabwe, il n'y a que des dirigeants corrompus et avides de pouvoir et qui tentent de s'y maintenir par tous les moyens, quitte à changer de décret, de loi électorale voire de Constitution à chaque fin de mandat. Pourtant, ce sont les premiers à rendre hommage à Nelson Mandela sans la moindre scrupule, à l'image de Didier Ratsiraka le champion des télégrammes à son époque. Ils poussent même le cynisme à mettre davantage en berne le drapeau national qui l'est d'ailleurs en permanence avec les coups d'État, la crise, la guerre, la pauvreté subis par leur pays.

Quand on ne partage pas les idéaux et les convictions du Prix Nobel de la Paix 1993, il ne faut pas faire des simulacres d'hommages pour se faire bonne conscience et paraître comme des dirigeants respectables du monde. Mandela était à la fois l'image du pardon, de la franchise et surtout de la démocratie. C'est lui-même qui avait entamé la commission Vérité- Réconciliation qui a permis à la situation en Afrique du Sud de se stabiliser.

Parmi ceux qui rendent hommage à Mandela figurent certains politiciens qui radotent au quotidien l'amnistie, la réconciliation et l'apaisement mais qui remuent ciel et terre pour que cela ne se concrétise pas. Ils se trouvent dans les deux camps de la crise et n'hésitent pas à montrer leurs griffes à la première occasion, y compris sur un plateau de télévision tout en claironnant la nécessité absolue de vivre ensemble dans une harmonie.

Il faut peut-être que les politiciens passent 27 ans d'exil à Robben Island pour comprendre les principes de Mandela. Il y en a un qui en est à sa quatrième année en Afrique du Sud mais visiblement la « thérapie » n'a aucun effet sur lui.

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** Sylvain Ranjalahy est directeur éditorial de L'Express de Madagascar – Source http://www.lexpressmada.com/3754-editorial/man-dieu-la.html

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