Ghana : Les retards dans l'atteinte des OMD

Il y a dix ans, les Objectifs de Développement du Millénaire étaient adoptés. Pour les Etats qui s’étaient engagés à remplir huit critères de lutte contre la pauvreté et à assurer des tendances pour un développement soutenu, le temps du bilan d’étape va sonner en septembre prochain, devant les Nations Unies. Le Ghana fait partie des pays africains qui présentent les meilleurs résultats, mais il y a encore des retards importants dans l’atteinte de certains objectifs, note Leonard K. Ackon.

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World Bank

En septembre, les dirigeants du monde vont converger vers le quartier général des Nations Unies à New York afin de faire le point sur la question des Objectifs Ddu Millénaire pour le Développement. Les OMD comprennent 8 objectifs qui ont été adoptés en l’an 2000 par 189 chefs d’Etat, comme un moyen d’améliorer la qualité vie, en particulier celle des pauvres et des marginaux. D’ores et déjà, les pays préparent leur rapport qui doit être soumis pour examen lors du sommet. Le gouvernement du Ghana est en train de préparer le sien, qui sera présenté par le président lors du sommet.

Le Ghana a consenti des efforts remarquables pour atteindre certains des objectifs. La formulation et la réalisation des documents sur la Stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (Growth and Poverty Reduction Strategy, GPRS I, II) a fourni un plan pour les interventions requises pour la réalisation de ces objectifs. Le GPRS a aussi montré à la nation les principaux thèmes autour desquels s’articulent une réalisation accélérée de ces objectifs.

Font partie des efforts de développement socioéconomique du gouvernement, des programmes comme le « Capitation Grant », les soins maternels gratuits, un système d’assurance maladie, des repas dans les écoles, des transports gratuits pour les écoliers, des uniformes gratuits, des subsides agricoles et les programmes d’emploi pour les jeunes, qui sont autant de GPRS et qui sont conformes aux OMD. Ce sont là des interventions du gouvernement pour la réalisation de ces objectifs et elles ont donné des résultats appréciables.

Les données disponibles confirment que le Ghana est parmi les premiers pays africains à atteindre les objectifs dans le domaine de la scolarisation, de la réduction de la pauvreté, de la lutte contre le sida et le Viih/sida. Toutefois l’échec n’est pas loin si des efforts soutenus ne sont pas maintenus.

A cinq ans de l’échéance de 2015, le pays a pris du retard dans le domaine de l’égalité des genres, de la mortalité maternelle et infantile et de l’accès à l’eau, à l’assainissement. Si des efforts réels ne sont pas consentis en faveur de ces domaines, atteindre la totalité des objectifs ne sera pas possible

L’égalité des genres (objectif 3)

Le Ghana lutte toujours pour atteindre l’objectif de l’égalité des genres. Un coup d’œil rapide sur le nombre de femmes dans des positions dirigeantes révèle qu’elles sont représentées de façon inadéquate. Par exemple, dans les instances électives de gouvernance, la participation des femmes se monte actuellement à 8,2%, avec une situation pire encore au niveau des régions et districts. En matière de nominations politiques, seules trois des vingt-trois autorités étatiques sont des femmes. Le fossé va s’élargissant entre les hommes et les femmes qui participent au gouvernement et constitue une indication claire du fait que le Ghana passe à côté de cet objectif.

Afin d’inverser cette tendance, il est important que les partis politiques montrent un plus grand engagement en faveur de la participation des femmes, les encourageant et leur octroyant des privilèges spéciaux pour leur participation aux élections. Le gouvernement doit montrer le chemin en instaurant un système de quota afin de garantir que les femmes soient représentées de façon adéquate dans les processus décisionnels. Le Rwanda, l’Inde et l’Ouganda sont des exemples qui montrent comment le système des quotas peut accélérer l’équilibre des genres en politique. Il est aussi important que les processus socioéconomiques soient plus attentifs aux questions de genre afin de favoriser leur prise de pouvoir. Les programmes et les politiques devraient prendre en compte les besoins des femmes, en particulier ceux des femmes du milieu rural.

Mortalité maternelle et infantile (Objectifs 4 et 5)

Le Ghana est l’un des pays ayant la plus forte mortalité des enfants de moins de 5 ans au monde. Quelque 12 enfants sur 100 naissances meurent avant d’avoir atteint leur cinquième anniversaire. La malaria, qui affecte 3,5, millions de personnes chaque année, continue d’être la principale cause de mortalité des enfants ghanéens.

En matière de mortalité maternelle, l’étude sur la santé maternelle (Ghana Maternal Health Survey - GHS) de 2007 indique une mortalité maternelle au Ghana de 451 pour 100 000 naissances vivantes. Les statistiques du GHS indiquent aussi que 953 femmes sont mortes en 2008, des suites d’une grossesse ou de complications lors de l’accouchement dans des centres de santé. De même, le GHS a déjà enregistré 13 décès maternel dans la métropole de Tema pour le premier trimestre de 2010.

La mortalité maternelle frappe particulièrement au cours de l’accouchement ou dans les vingt-quatre heures qui suivent l’accouchement. La situation est préoccupante et requiert une réponse urgente. Davantage de professionnels de la santé, avec les compétences appropriées devraient être affectés dans les communautés où les soins de santé sont rares. Chaque communauté qui compte 500 habitants ou plus devrait avoir au moins une clinique pourvue des facilités modernes dans le domaine de l’obstétrique. Le gouvernement et les différents intervenants devraient investir davantage dans le système de santé de référence, en particulier en milieu rural.

La campagne sur la Santé maternelle et infantile intégrée dans les services de santé ghanéens (Ghana Health Services’ Integrated Maternal and Child Health), qui a été lancée à la fin de l’année dernière, doit être poursuivie avec vigueur dans toutes les parties du pays. La campagne, qui fait appel à des moyens plus participatifs afin que la société et les communautés s’engagent dans la diffusion de message de santé clé pour un changement de situation, aidera à diminuer la mortalité maternelle actuelle.

Eau, assainissement, environnement (Objectif 7)

L’assainissement continue d’être un défi majeur au Ghana, avec le retard pris à l’égard de cet objectif. Selon le rapport du « Joint Monitoring Programme de l’Oms/ Unicef de 2010, publié en mars, seuls 13 pour cent des Ghanéens a accès à un assainissement amélioré.

Le rapport 2006 du « Ghana Statistical Service Multiple Indicator Cluster Survey » révèle que la pratique consistant à faire ses besoins en plein air a toujours cours dans les dix régions du Ghana. Avec une tendance plus forte dans les « Upper East Region » (nord-est), où environ 82% de la population ne disposent pas de latrines. Suivent de l’Upper West Region (nord-ouest) avec 79% et de la Northern Region (nord) avec 73% de la population qui n’a pas d’accès à des latrines.

Le cholera, la malaria, la fièvre typhoïde et les maladies diarrhéiques continuent d’être les principales causes de consultations ambulatoires des hôpitaux de province. Ces cas, qui ont un impact direct sur les objectifs de santé, sont des maladies liées à l’assainissement.

En matière d’accès à l’eau, les données disponibles de la Water and Sanitation Sector Monitoring Platform (Plateforme de monitoring du secteur de l’eau et de l’assainissement - WSMP) montre une augmentation significative de la population qui a accès à l’eau potable, avec une progression de 56% en 1990 à 74% en 2006

Il est impératif que les programmes d’assainissement soient poursuivis avec vigueur. Ceci requiert un plus grand investissement dans ce secteur et un changement d’attitude de la part des citoyens à l’égard de l’environnement. L’impact du changement climatique est devenu plus réel que jamais, ce qui ajoute aux raisons pour lesquelles nous devons développer des mesures pour gérer la menace sanitaire et que nous reconnaissions comment l’impact du changement climatique peut être atténué.

Conclusion

Atteindre les objectifs des OMD est une nécessité et qui fait appel à l’engagement de la société civile, les organisations religieuses, les autorités traditionnelles, les media, le Parlement, le gouvernement, les citoyens et les organisations internationales qui sont les agents actifs préposés au processus.

Les OMD sont des initiatives qui visent à améliorer la qualité de vie et nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer. Nous devons faire appel à tous les intervenants afin qu’ils s’investissent de sorte à ce que nos efforts nous mènent à la réalisation de nos objectifs

* Leonard Ackon est le secrétaire de la Campagne OMD/GCAP au Ghana - Ce texte a été traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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