« Plus jamais ça en République de Guinée »
Les massacres opérés par les militaires guinéens sur des populations civiles, le 28 septembre, faisant plus de 150 morts, on suscité une condamnation unanime. Les organisations régionales, continentales et internationales y sont allées d’une même voix pour que l’impunité ne couvre pas, encore une fois, ces actes. Les militaires n’ont pas seulement tiré à balles réelles sur la foule, ils ont violé les femmes, introduit des baïonnettes et des bouts de canon dans leurs parties intimes, commis nombre d’actes attentatoires à la dignité et à l’intégrité humaine. Pour la Coalition nationale de Guinée pour les droits et la citoyenneté des femmes (CONAG-DCF), il importe de se mobiliser «pour que de tels actes ne se répètent jamais, plus jamais”.
La CONAG-DCF a suivi avec beaucoup d’intérêt l’évolution de la situation politique de notre pays la Guinée, caractérisé ces derniers temps par la rupture du dialogue entre : d’ une part le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) et le gouvernement, et d’autre part les forces vives de la nation, rupture qui a abouti aux événements malheureux du 28 septembre 2009.
La CONAG-DCF, a déploré avec regret et condamné avec la dernière énergie la répression sanglante de la marche du 28 septembre dernier par les forces armées. La CONAG-DCF présente ses condoléances au peuple de Guinée en général et aux familles des victimes en particulier. Pour nous, aucune raison ne peut justifier un tel massacre des fils et filles de ce pays dont on a pourtant besoin pour la reconstruction nationale.
Outre l’assassinat des citoyens lors de cette journée macabre, les forces armées ont commis des atrocités sans précédents dans ce pays sur les femmes et filles présentes au stade.
Des témoignages concordants font état des coups et blessures, des viols publics et collectifs, de l’introduction des morceaux de bois, des bouts de canons voire des baïonnettes dans les organes génitaux féminins.
La République de Guinée venait d’enregistrer ainsi dans son histoire la pire forme de violences faites aux femmes et aux filles. Ces violations ont été profondément ressenties par les femmes de Guinée, d’Afrique et du monde entier. La CONAG-DCF condamne sans réserve, les actes ignobles et inhumains.
Par la même occasion constatons avec regret que les enjeux du pouvoir prédominent sur nos valeurs sociales, culturelles et religieuses.
En tout temps, notre pays, tout au long de son histoire a toujours accordé une protection spéciale aux femmes même en cas de mouvements non autorisés. En témoigne le recul de feu Ahmed Sékou Touré face au soulèvement des femmes contre la police économique le 27 août 1977. Les actes commis par les forces armées le 28 septembre constituent une rupture profonde avec non seulement nos traditions, mais également la preuve que malgré les beaux discours, le sort des femmes ne fait pas partie des préoccupations des nouvelles autorités.
Face à ces graves violations de la dignité de la femme, commises par nos forces armées pourtant chargées de la protection des citoyens en général, et des personnes vulnérables parmi lesquelles figurent les femmes et les filles en particulier, la CONAG-DCF proteste vigoureusement et rappelle au CNDD et au gouvernement que :
- la Guinée est partie prenante à tous les textes internationaux, régionaux et sous régionaux protégeant les droits des femmes tels que : La Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme, le Protocole à la charte Africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits des femmes ; la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la femme, Paix et Sécurité, la résolution 1820 du Conseil des Nations Unies relatif aux violences faites aux femmes/filles en période de conflits ;
La CONAG-DCF, considérant la désolation et les dégâts causés aux femmes lors de la répression du 28 septembre 2009 ; consciente qu’aucun peuple ne peut prétendre évoluer vers le développement en humiliant celles qui donnent la vie :
- Exige l’ouverture d’une enquête internationale afin d’établir les responsabilités pour que les coupables ne restent pas impunis, conformément au point 11 de la résolution 1325 de l’ONU qui stipule :« Tous les Etats ont l’obligation de mettre fin à l’impunité et de poursuivre en justice ceux qui sont accusés de génocide contre l’humanité et les crimes de guerre, y compris toutes les formes de violences sexistes et autres contre les femmes et les petites filles ».
La CONAG-DCF, lance un appel solennel à ses sœurs africaines ; ainsi qu’aux femmes/filles du monde entier pour soutenir les femmes/filles de Guinée dans leur combat contre toutes les formes de violences faites aux femmes/filles. Que toutes les femmes du monde se mobilisent afin que les auteurs de cette répression soient identifiés et traduits en justice ;
La CONAG-DCF s’élève contre le recours au viol comme arme de répression pour terroriser et humilier des femmes/filles qui n’ont fait qu’user de leurs droits en tant que citoyennes.
Cette situation est un vrai recul pour la démocratie africaine en générale et fait honte à celle guinéenne en particulier ; ce qui a pour conséquence la détérioration de la situation des droits de la personne et des libertés fondamentales.
En conséquence, la CONAG-DCF :
-- Sollicite et encourage le concours aussi bien national qu’international pour la prise en charge des femmes victimes des événements du 28 septembre 2009;
- Invite toutes les parties concernées à la reprise du dialogue, seule voie de sortie de la crise que traverse le pays ;
- Appelle les femmes à plus de solidarité et d’engagement pour que de tels actes ne se répètent jamais, plus jamais dans notre pays la Guinée.
« Plus jamais ça en République de Guinée »
Fait à Conakry le 02 octobre 2009
* Les organisations membres de la CONAG-DCF :La COFEG, l’AME, l’ADDEF-G, l’AGUIFEL, l’AGACFEM, l’ADIC, le SLECG, la CPTAFE.
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