Les Brics à Durban

Discours d’ouverture au Brics Academic Forum

Les Brics sont le catalyseur et le moteur pour l’émergence d’un monde multipolaire qui vise la démolition de l’hégémonie occidentale sur les affaires mondiales.

C’est pour moi un grand honneur et un grand plaisir de pouvoir m’adresser à vous à ce dîner de bienvenue pour le Brics Academic Forum. Nous vous souhaitons une chaleureuse bienvenue sud africaine au nom du président Zuma, du gouvernement et du peuple d’Afrique du Sud.

C’est en effet une occasion mémorable pour l’Afrique du Sud d’accueillir le 5ème sommet des Brics, pour la première fois sur la terre africaine.

Le sommet des Brics tient son origine dans la vision extraordinaire de ses membres fondateurs qui ont constitué un groupe à un moment d’incertitude globale et de transition au cours de la crise financière. L’urgente nécessité de fournir un élan additionnel dans le débat sur la réforme de la gouvernance globale a été reconnue. L’interdépendance croissante des nations du monde nécessitait un effort conjoint pour aborder les défis communs.

Reconnaissant l’importance des idées dans la réalisation de la vision et des objectifs des Brics, nos dirigeants nous ont pressés d’établir ce Forum. En tant qu’académiciens, vous serez conscients de la valeur de la recherche, du partage du savoir, du transfert du savoir et du renforcement des capacités des politiques de développement.

C’est dans le domaine des idées que ce forum a un rôle à jouer dans l’architecture des Brics. Vous êtes les cerveaux qui doivent enrichir la politique de développement à l’intérieur des Brics et générer le savoir scientifique qui améliore notre compréhension du monde et de la nature.

Vous êtes dans la meilleure position pour faire cette contribution si vous êtes pleinement engagé. Le philosophe brésilien, Paulo Freire a, dans sa pédagogie des opprimés, mis l’accent sur la dialectique entre la recherche scientifique et la pratique dans la production du savoir , lorsqu’il écrivait : "Parce que sans la quête, sans la pratique, les individus ne peuvent être véritablement humains. Le savoir émerge seulement au travers de l’invention et de la réinvention, par la quête agitée, impatiente, continue, pleine d’espoir que les humains poursuivent dans le monde, avec le monde et les uns avec les autres ."

Toutefois, le savoir peut être utilisé pour engendrer l’hégémonie de certaines idées dans le processus de l’obtention du consentement et la légitimité d’intérêts particuliers dans la société. Il y a des idées que nous acceptons aujourd’hui comme allant de soi et considérons comme une évidence parce qu’elles ont été qualifiées de "scientifiques" et d’"objectives", alors qu’en réalité elles sont les vues d’une classe particulière ou d’un groupe de personnes. A cet égard, la production du savoir n’est pas un exercice neutre. Il est en forte compétition et n’est pas immun des relations de pouvoir, de l’économie politique dans la société et dans le monde.

Il s’en suit que les disparités Nord-Sud en matière de production du savoir et le contenu des idées aujourd’hui dominantes reflètent l’inégalité et le déséquilibre du partage du pouvoir qui caractérise le système global. Ainsi, si les Brics doivent être un facteur dans l’actuel système global, nous devons étendre notre engagement sur le terrain des idées.

En votre qualité d’intelligentsia, vous avez l’occasion de jouer votre rôle dans la formation du 21ème siècle, compte tenu de votre fonction dans la société qui consiste à observer, à analyser et influencer la direction des politiques dans le reconfiguration du paysage global.

Le monde fait l’expérience d’un changement silencieux et pourtant profond des anciens centres de pouvoir politique, économique et sociaux vers un système multipolaire avec les Brics servant de catalyseur et de moteur. Dans son essence, le concept des Brics et des fora associés représente un contre pouvoir à l’hégémonie unilatéral de création de savoir, pour une détermination plurielle et co-déterminée de production du savoir et l’établissement du programme des politiques reconnaissant les centres multiples de la civilisation humaine.

A cet égard, vous avez un rôle dans la démystification des prétentions unilatérales hégémoniques d’universalité de l’actuel paradigme, pour en libérer les forces positives qui reconnaissent la diversité de l’humanité et la contribution potentielle que chaque centre de savoir peut apporter au développement humain. Si ce Forum doit être effectif, il doit contribuer à émanciper la pluralité des discours avec pour seul objectif l’avancement de l’humanité

En effet, les Brics ont contribué avec nombre de savants proéminents, pendant des siècles, dont les travaux survivent au passage du temps et influencent génération après génération. En Chine, Confucius a eu une influence sur l’humanité pendant plus de deux mille ans.

Amartya Sen est un autre exemple. Ses travaux lui ont non seulement valu le prix Nobel d’économie mais il a aussi été l’instigateur de la création de l’Index des Nations Unies pour le développement, largement utilisé. Le roman de Léon Tolstoï, « Guerre et Paix », a été immortalisé dans de nombreux films, théâtres, mis en musique, entre autres.

Nous avons donné à l’humanité Nelson Mandela et le Mahatma Gandhi qui continuent d’inspirer des millions de personnes dans le monde, même celles qui cherchent un sens à la vie. Gautama Bouddha, le père du bouddhisme est fils de l’Inde.

L’intelligentsia a été à l’avant-garde de la lutte de nos pays respectifs, défiant les idées hégémoniques et générant un savoir alternatif.

Par conséquent lorsque nous vous demandons de vous opposer à l’appareil de production du savoir dont les idées dominent le monde en faveur d’un des côtés, nous ne vous demandons pas de faire quelque chose que vous n’avez jamais fait auparavant ou que vous ne faites pas au moment où nous parlons. Nous vous demandons de rassembler vos forces au travers des Brics par souci d’efficience et d’un meilleur impact.

L’émergence des Brics n’a pas été bien reçue par tout le monde d’entre nous. Il y a ceux qui n’apprécient pas les Brics parce qu’ils pensent que leur existence menacera le statu quo et perturbera l’équilibre des forces internationales actuelles. D’autre part, il y a ceux qui disent que les Brics sont un organe de ce qu’ils appellent des pays du "sub-impérialisme" qui rejoignent le club des puissances traditionnelles.

Ces critiques parlent "d’une nouvelle ruée" sur l’Afrique, comparant l’intérêt croissant pour notre continent porté par les Brics à la situation de la fin du 19ème siècle lorsque les puissances coloniales européennes se sont partagés l’Afrique.

Ce que ces deux groupes de critiques ont en commun, c’est leur manque d’appréciation de la multipolarité pour la santé géopolitique de notre système international. Le premier groupe regarde la multipolarité d’un œil mauvais et la voit comme une menace, pendant que le deuxième groupe souhaiterait plutôt rester dans le vieux système plutôt que de le voir mis à mal par les acteurs émergents des pays du Sud.

Considérer les Brics comme des "sub-impérialistes", c’est appliquer de manière dogmatique la notion classique de l’impérialisme et le modèle centre/périphérie d’Immanuel Wallenstein à une situation fondamentalement différente de ce que ces théories tentaient d’expliquer. Nos intellectuels doivent être assez innovants et courageux pour développer de nouveaux outils d’analyse et de modèles théoriques, lorsque l’histoire nous met au défi de le faire.

Je me souviens d’une mise en garde de Franz Fanon dans "Les damnés de la terre" : "Il se trouve que l’absence de préparation des classes instruites, le manque de lien concret entre eux et les masses, leur paresse et, ne lésinons pas sur les mots, leur lâcheté au moment décisif de la lutte, donnera lieu à des tragédies". La tragédie ici est que l’histoire ne retiendra pas le nom de ces intellectuels.

Une question cruciale se pose aujourd’hui : les Brics représentent-ils un véritable changement de paradigme ou sont-ils des acteurs assumant un rôle nouveau qui ne font que consolider l’équilibre du pouvoir traditionnel ?

Les dirigeants et les populations des Brics ont clairement signalé que nous n’entrerons pas en complétion avec un quelconque pays ou groupe et qu’en fait nous souhaitons transformer l’ancien modèle de coopération, dépourvu de relations, en faveur d’un partenariat global, plus équitable et durable, raison du thème que nous avons choisi pour ce sommet c'est-à-dire : « Les Brics et l’Afrique : partenariat pour le développement, l’intégration et l’industrialisation ». Cette approche traduit une structure plurilatérale, ou dans l’ancien idiome, une structure multipolaire des relations internationales.

Alors que l’Afrique du Sud planifiait l’accueil du sommet et des réunions y afférentes, nous avons considéré les synergies existantes à l’intérieur du groupe et avons apprécié que les fora académiques et de business, ainsi que nos réseaux de réflexion, soient des éléments essentiels dans notre association pour l’interaction entre peuples et que leur pertinence proéminente vis-à-vis du leadership des Brics doit être soulignée.

Il est donc significatif que le thème du sommet ait également été adopté par le Forum académique cette année.

Le Forum académique des Brics s’efforce de compléter les dirigeants des Brics lors du sommet et des processus de consultations conduits par les officiels et les ministères des différents pays des Brics.

Le Forum cherche à fournir des conseils viables et opportuns et des recommandations aux chefs de gouvernement afin de soutenir la mise en place de politique, l’adoption des bonnes pratiques, l’exploration de nouveaux cadres et l’assistance pour l’implantation de programmes existants et nouveaux. Ce Forum nous sert aussi "d’alter ego" pour analyser nos programmes, nous servir le plus souvent de critiques robustes.

Ce qui rend les Brics historiques et opportuns sont quelques facteurs que je souhaite souligner :

Il y a d’abord une histoire commune qui rassemble les Brics. Une histoire qui les distingue des puissances traditionnels. C’est l’histoire de la lutte contre le colonialisme et le sous-développement, y compris l’esprit de Bandung. Les circonstances de l’histoire ont mis ces pays du même côté.

Deuxièmement, les Brics ont un défi commun en leur qualité de pays en voie de développement. Ici, en Afrique du Sud, nous parlons du triple défi de l’inégalité, de la pauvreté et du chômage. Nous avons mis en route des processus qui favorisent la croissance économique et étendent nos infrastructures, entre autres. D’autres membres des Brics doivent faire face à des défis similaires qui, toutefois, diffèrent en terme de degré et d’échelle.

Troisièmement, nous sommes poussés non seulement par la définition de nos intérêts nationaux respectifs en tant que pays individuels, mais aussi parce que nous partageons de l’avenir, une vision commune du monde.

Quatrièmement, chacun des Brics travaille à un véritable partenariat avec l’Afrique et ceci nous convient bien parce que l’Afrique est au centre de notre politique étrangère. Le thème choisi pour ce sommet témoigne du consensus qui existe entre les Brics sur l’importance de forger des partenariats véritables et effectifs avec le continent africain.

Le thème du sommet reconnaît les diverses activités engagées par les Brics vis-à-vis du continent africain.

Considérant l’Afrique comme le nouveau centre global de croissance, les Brics émergent comme les plus gros investisseurs et partenaires commerciaux du continent avec, à l’avenir un potentiel de croissance exponentiel.

Le thème du sommet souligne la propre priorité de l’Union africaine qui consiste à développer les infrastructures et l’industrialisation et contribuera aux partages des approches régionales et internationales et des bonnes pratiques entre les Brics et l’Afrique.

Enfin, les relations bilatérales entre Brics sont en augmentation et s’améliorent dans de nombreux secteurs, en particulier celui de la coopération politique et économique. Nous sommes francs et ouverts à l’égard des uns des autres.

J’ai parcouru votre programme qui est très impressionnant et assez exhaustif pour couvrir les éléments au cœur de l’agenda des dirigeants des Brics. Je me réjouis de recevoir vos recommandations au terme de vos délibérations. A l’instar des précédents fora académiques, les dirigeants vont soigneusement étudier vos recommandations pour les utiliser dans leurs décisions.

En regard des thèmes des délibérations du Forum, je souhaite faire quelques réflexions préliminaires.

Dans le contexte de la crise financière globale, les économies des Brics sont devenues les moteurs pour une croissance durable globale et ont servi durant la crise financière à ancrer les pays à bas revenus, au travers de relations économiques avec ces pays. Mais la question la plus importante pour nous tous est celle de la durabilité. Ceci revêt plusieurs aspects, le plus important concerne l’inclusion, l’inégalité et la création d’emplois.

En effet, nous nous réunissons à un moment d’incertitude globale qui nécessite que soient prises en considération des questions d’intérêts réciproques et d’importance systémique afin d’explorer les préoccupations partagées et de développer des solutions.

L’actuel système économique global est régulé par des institutions conçues dans des circonstances qui faisaient que l’économie globale se caractérisait par d’autres défis et opportunités. Nous devons aussi orienter notre regard à partir d’un point plus spécifiquement Brics, en opposition au point de vue traditionnel

Pendant que les économies émergentes deviennent plus intégrées et interdépendantes, elles façonnent de plus en plus l’économie globale et influencent sa dynamique. Les Brics offrent une opportunité historique d’explorer de nouveaux modèles, de nouvelles approches vers un développement plus équitable et une croissance globale inclusive, en soulignant les complémentarités et en construisant sur nos forces économiques respectives.

Le G20 est devenu un agent important de la réforme de l’architecture économique globale, y compris des institutions de Bretton Woods. Dans ses travaux, le G20 devrait continuer à donner la priorité au développement

De plus, les Brics considèrent les Nations Unies comme le principal forum multilatéral détenteur de l’espoir, de la paix, de l’ordre et du développement durable dans le monde. Il y a une adhérence universelle aux Nations Unies qui est au centre de la gouvernance globale et du multilatéralisme.

Nous exprimons notre fort engagement en faveur de la diplomatie multilatérale avec les Nations Unies qui jouent le rôle de leader dès lors qu’il y a menace ou des défis globaux. A cet égard, nous réaffirmons la nécessité d’une réforme globale des Nations Unies, y compris le Conseil de Sécurité, afin qu’ils soient plus représentatifs, effectifs, efficaces et légitimes pour mieux réussir à faire face aux défis globaux.

Dans le domaine de l’instruction, de la recherche et des compétences pour construire des économies industrialisées, je souhaite me référer à une étude de l’Unesco publiée en 2011, qui montre qu’au cours de ces dernières décennies les partenariats université/industries ont pris une place plus importante dans les agendas politiques et sont en passe de devenir un phénomène nouveau et en expansion.

Le partenariat université/industries est conceptualisé comme un moyen de jeter un pont sur le fossé entre science de base et secteur productif, ce qui permet à de nouvelles connaissances d’être rapidement intégrées et transformées en innovations. Comme nous l’avons déjà dit, les business et fora académiques des Brics sont, à cet égard, des éléments cruciaux pour rassembler nos compétences pour le développement et nous devrions également renforcer les liens entre ces fora par des initiatives communes.

L’université et l’industrie détiennent la clé du potentiel du développement économique, de l’entreprenariat et de la création d’emplois. Il est évident que nous devons saisir ces occasions avec vigueur, pendant que les gouvernements cherchent à renforcer le partenariat international dans leur quête de nouveau savoir et d’innovation en vue d’un transfert de technologies.

En ce qui concerne le thème central du sommet et notre coopération sur le continent africain, nous célébrons cette année le 50ème anniversaire de notre organisation continentale, l’Organisation de l’unité africaine (Oua – Ndlr : devenue Union africaine) et il est poignant que celui-ci coïncide avec le premier sommet des Brics sur la terre africaine.

Le président Zuma invitera les dirigeants des Brics à une retraite pour un forum de dialogue avec l’Afrique, immédiatement après le 5ème sommet, afin de fournir aux dirigeants de l’Afrique et des Brics une occasion d’échanger leurs vues sur le thème "Déverrouiller le potentiel de l’Afrique : les Brics et la coopération pour les infrastructures de l’Afrique".

La retraite réfléchira en priorité sur le développement des infrastructures ainsi que sur l’intégration et l’industrialisation, en rapport avec les propres priorités de l’Afrique, pour le bénéfice réciproque des Brics et du continent.

Le thème de la paix et de la sécurité requiert une attention particulière des intellectuels compte tenu des différents débats à ce sujet. De notre point de vue, la résolution pacifique des conflits est essentielle et nous soulignons l’importance de la diplomatie préventive et de la médiation.

L’Union africaine depuis sa formation il y a plus de dix ans, a fait des progrès significatifs en matière de résolution des conflits et de construction de la paix sur le continent au travers de son architecture pour la paix et la sécurité. Afin de promouvoir son rôle positif, nous encourageons les Brics à soutenir une collaboration rapprochée avec l’Union africaine sur ce thème.

D’une importance particulière est la focalisation continue sur le Conseil de sécurité des Nations Unies, sur la coopération formalisée entre le Conseil et l’Union africaine telle qu’elle est formulée dans la résolution 2033 (2012) adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité sous la présidence de l’Afrique du Sud en 2012

Alors que nous célébrons le 50ème anniversaire de l’Oua, nous voulons honorer la mémoire de Dr Dubois, un pilier du panafricanisme, décédé au Ghana en 1963, quelques mois seulement après la fondation de l’Oua.

Au plus fort de la première Guerre mondiale, en 1915, Dr Dubois écrivait son célèbre article "Les racines africaines de la guerre", dans lequel il décrivait ce qui contribuait au développement et à l’accumulation de richesses par le Nord pendant que le Sud était sous-développé. Il demandait : "D’où vient cette nouvelle richesse (que le Nord accumule) et de quoi dépend cette accumulation ? Elle provient des nations aux peuples aux couleurs sombres du monde- l’Asie et l’Afrique, l’Amérique du Sud et du Centre, des Caraïbes et des îles des mers du sud"

C’est cette analyse qui doit permettre aux acteurs émergents globaux du sud, dont certains des Brics, de se distinguer des puissances traditionnelles.

Lorsque Dr Dubois a visité la Chine en 1959, il a été ému par la révolution qui y était en cours et lorsqu’il s’est adressé à l’université de Pékin au cours de sa tournée, il a proclamé : "Afrique lève-toi, fais face au soleil levant… La Chine est la chair de ta chair et sang de ton sang". Depuis lors la Chine s’est levée et l’Afrique s’est levée. Je peux anticiper des débats vibrants au cours de ces prochains jours et je vous souhaite tout le succès dans votre engagement et j’espère que vous prendrez plaisir à la chaleureuse hospitalité de la cité de Thekwini.

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** Maite Nkoana-Mashabane est ministre sud africaine des Relations internationales et de la coopération – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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