Gabon : Sur la situation sociale
Dans un pays pétrolier depuis plus de cinquante ans, plus de 90% de la population vivent en dessous du minimum vital. Les richesses du Gabon sont dilapidées, le patrimoine foncier bradé à des multinationales asiatiques et les libertés fondamentales confisquées. Les raisons ne manquent pas à la colère des Gabonais qui commence à déferler en révoltes.
La répression qui continue à s’abattre sur les étudiants de l’université Omar Bongo de Libreville depuis des mois et la présence permanente des éléments de la gendarmerie nationale au sein du campus universitaire, consécutive aux revendications portant essentiellement sur les meilleures conditions d’étude, témoigne du mépris, de l’arrogance et de l’amplification d’une dictature violente depuis 2009.
En effet, depuis maintenant deux jours, il y a des affrontements entre gendarmes et étudiants au sein du campus universitaire de Libreville avec des arrestations, des violences et des dégâts corporels. Cette folie qui s’empare du nouveau pouvoir héréditaire des Bongo s’enracine davantage à travers, entre autres, des expulsions massives des populations de Libreville de leur propriété au mépris des conventions internationales en matière de droits de l’homme et du droit à la propriété.
Plus de 3000 foyers à Libreville (soit près de 7% de la population du Gabon) se sont retrouvés dans la rue sans espoir d’être édifiés sur leur sort et sans espérer percevoir une quelconque indemnisation. Par ailleurs, sur la base des projets à configuration sociale opaque, les hommes du pouvoir se refugient derrière le gouvernement pour imposer leur loi afin de s’accaparer des terres.
Un tel acte et abus de pouvoir leur permet d’ériger leurs domaines au mépris de la souffrance des Gabonaises et Gabonais déjà meurtris par les détournements massifs des biens publics qui les privent des services sociaux élémentaires, notamment d’une formation minimale, de soins de santé primaire, des routes praticables en toute saison, des infrastructures hospitalières dignes d’un Etat pétrolier depuis plus de 50 ans, d’une alimentation en eau potable et en électricité en permanence.
Même les morts ne sont pas épargnés par cette folie répressive, le cimetière de l’immaculée a été soigneusement « profané » pour faire place à un projet immobilier piloté par les réseaux du pouvoir. En outre, la multiplication des agences rattachés à la présidence de la République, véritables gestionnaires du budget de l’Etat, et échappant à tout contrôle réglementaire et parlementaire, tout en réduisant le gouvernement et le parlementaire en posture de simples faire‐valoir, constitue des véritables réseaux de détournements de fonds publics, de corruption et d’enrichissement du clan au pouvoir.
Enfin, les Gabonais continuent à s’interroger sur le montant de la plus value pétrolière consécutivement à l’augmentation du prix du baril en 2011. Aucune loi de finance rectificative n’a été proposée au parlement à ce propos.
En somme, Les Gabonais à plus de 90% sont privés du minimum vital. Pendant ce temps, le seul patrimoine foncier pouvant assurer l’avenir de leur progéniture est attribué à jamais à des multinationales asiatiques pour de vastes plantations de palmiers à huile et d’hévéaculture, détruisant ainsi leur chance d’être agriculteur et hypothéquant par la même occasion leur espace de vie du fait de l’appauvrissement des sols et la pollution liée aux pesticides qui vont ensuite occasionner des cancers multiformes à l’instar de ce qui s’est produit en Indonésie, en Inde, en Guadeloupe etc. Un tel pouvoir qui prive son peuple des libertés fondamentales et de leur droit à la propriété et à la survie mérite-t-il du respect auprès du même peuple génocide ?
Ce pouvoir peut‐il prétendre s’afficher aux cotés des dirigeants dont les valeurs humanistes et démocratiques constituent la base de leur règne ?
La société civile gabonaise attire de ce fait l’attention des autorités françaises, notamment le nouveau pouvoir en place sur le respect des engagements pris au long des élections présidentielles au sujet des dictateurs. Faudrait-il rappeler ici que la justice française a reconnu le pouvoir illégitime du Gabon comme étant une dictature, selon les conclusions du procès ayant opposé Ali Bongo à Yannick Jadot ? La société civile gabonaise es informée du désir du président Ali Bongo de se rendre en visite privée en France sous peu dans, l’espoir d’être le premier président africain à être reçu par le nouveau locataire de l’Elysée.
Nous réaffirmons notre détermination à combattre la Françafrique aux cotés du président Hollande qui s’est engagé à mettre fin à cette pieuvre qui assassine et pille notre continent, nous avons pris acte de cet engagement et osons croire qu’il ne tombera pas dans le piège tendu par ces rejetons de la Françafrique. Pour cela, nous attendons du nouveau pouvoir français de rejeter toutes les démarches du régime dictatorial gabonais.
Par ailleurs, comme toujours, le peuple gabonais exige plus que jamais un retour immédiat et sans conditions à l’ordre démocratique brisé depuis les présidentielles 2009, par aggravé une modification Constitutionnelle inique aux élans monarchiques et accentué par des législatives rejetées par près de 90% de la population fruit de l’Assemblée Nationale monocolore actuelle. Dans l’espoir que le changement annoncé par François Hollande soit effectif et définitif partout et pour tous, les Gabonais par ce biais estiment que le pouvoir en place dans le pays ne cesse, dans sa folie monarchique et dictatoriale, de s’approcher dangereusement de la ligne rouge.
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** Marc Ona Essangui, membre de la société civile gabonaise, dirige l’ONG Brainforest
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