La BID renonce au financement de l’extension de la centrale électrique de Nouakchott

La décision prise par la Banque islamique de développement de renoncer au financement d’un projet pour défaut de transparence dans l’attribution des marchés est une inédite. Elle conforte les efforts menés pour plus de transparence, contre la corruption et pour la promotion d’une meilleure gouvernance.

L’association Sherpa se réjouit du fait que la Banque islamique de développement (Bid) l’ait informée, vendredi 10 janvier 2014, qu’elle renonçait à financer, comme elle l’avait envisagé, l’extension de la centrale électrique en Mauritanie, à Nouakchott, marché de gré à gré attribué par la société mauritanienne Somelec, en 2013, à la société de droit finlandais Wärtsilä.

L’attribution de ce marché est entachée de multiples irrégularités

Cette décision a été prise après que l’association Sherpa ait alerté par courrier la Banque islamique de développement puis ait rencontré récemment à Paris certains de ses responsables sur l’existence de soupçons du délit de corruption d’agent public en Mauritanie et d’autres infractions financières, dans le cadre de l’attribution de ce marché. Ces soupçons résultent notamment de la précédente attribution du marché public relatif à la construction de la centrale électrique, en 2012, à la filiale française de la société Wärtsilä dans des conditions qui avaient déjà été dénoncées par l’association Sherpa .

Parmi les signaux alarmants de ce premier marché public figuraient :
• Le montant de l’offre de la société Wärtsilä, plus élevé, sans explications à l’appui, que celui des autres candidats ;
• L’éviction inexpliquée de certains concurrents dont notamment de la société de droit espagnol Tsk ;
• L’influence d’un des fils du Président Mauritanien quant à l’attribution de ce marché ;
• La forte présomption de l’existence d’un pacte de corruption entre le Directeur de la Somelec, Monsieur Mohamed Salem Ould Béchir, et la société Wärtsilä

Compte tenu de ces éléments, l’attribution du deuxième marché relatif à l’extension de la centrale, d’un montant d’environ 50 millions d’euros, de gré à gré et donc par définition non ouvert aux concurrents, à la société Wärtsilä, ne fait que renforcer les doutes préexistants quant à la commission de ces infractions financières.

Le refus de financer ce marché par la Banque islamique de développement constitue une décision inédite

La Banque islamique de développement démontre ainsi que les engagements des grandes banques de financement en faveur d’une plus grande transparence dans l’attribution de marchés publics peuvent être concrétisés. L’image éthique que la Banque islamique de développement souhaite promouvoir s’en trouve renforcée.

Cette décision confirme que la lutte contre la corruption et la promotion d’une meilleure gouvernance, en Afrique comme ailleurs, exigent une mise en œuvre effective des engagements de vigilance pris par ces banques de financement.

Sherpa entend poursuivre ses investigations sur les conditions dans lesquelles ce marché a été attribué en collaboration avec certains des acteurs de la société civile mauritanienne.

NOTE
[1] Communiqué du 4 mars 2013 « Corruption en Mauritanie : Au-delà des mots, une réalité préoccupante » disponible sur notre site

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** William Bourdon, est président de Sherpa et Sophia Lakhdar, Directrice

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