France-Afrique : Hollande, "Monsieur petites blagues", Homme de l'année

Le Mali et la Centrafrique, les deux extrêmes de François Hollande en Afrique en 2013, en font l'homme de l'année, même si son goût prononcé pour les plaisanteries plates semble déteindre sur sa guerre des sables.

Le quiproquo né d'une mauvaise plaisanterie sur l'Algérie clôt l'année des gaffes du président français François Hollande. Connu pour ses blagues plates, il est devenu le Gaston présidentiel et homme de l'année des relations France-Afrique pour 2013, pour sa lutte pour la paix et la sécurité sur le vieux continent, mais aussi pour ses mauvaises appréhensions de la réalité africaine et politique au sens large : le Mali et la Centrafrique, qui en font l'homme de l'année des relations avec la France, sont également révélateurs de son manque d'inspiration qui équivaut à une mauvaise plaisanterie qui ferait rire s'il ne s'agissait pas de vies humaines mises en péril par la maladresse d'un mot choisi à la place d'un autre et qui prête à confusion.

L'apport de la France "hollandaise" dans la bataille pour une Afrique de l'Ouest plus sûre, voie vers le développement, a été décisif tout au long de l'année qui s'achève ; à la bataille sur le terrain s'ajoutent en effet les rencontres en Afrique ou en France, bilatérales donc, comme au sein des institutions multilatérales, pour réfléchir, décider, impulser ensemble des actions et activités pour appuyer un continent encore en butte aux démons de la querelle religieuse et ethnique. Et parce que le président français se veut aussi homme simple, il verse souvent malheureusement dans le trivial et l'équivoque, ce qui avait valu un prix à l'autre qui aimait le slogan "mariage pour tous" de Hollande, sauf pour François soi-même.

Celui qui estimait en 1990 que "la politique et le rire font souvent bon ménage" continue ainsi de rire souvent tout seul de ses blagues, bon pince sans rire, oubliant ses charges et la grandeur de la charge du bonnet qu'il porte.

Le président Hollande apprécie mal ainsi certaines déclarations qui donnent l'impression de prolonger sa propension à vouloir danser tout seul, sans musique. La dernière sur la Centrafrique en fait l'homme de l'année, sur le double plan de l'engagement aux côtés des peuples africains en souffrance et du mauvais poids des mots : Djotodia qui favorise la chienlit et qui doit partir. D'où la levée de boucliers contre la France (et le Tchad, ancien protecteur du pouvoir) soupçonnée de vouloir livrer les Sélékas à la vindicte de la majorité chrétienne, accentuant l'inextricable écheveau centrafricain. Si on y ajoute les frustrés de Bretécher du 20 mars 2013, pas trop loin du théâtre des opérations auxquelles ils ne sont pas insensibles, on comprend mieux la bonne organisation et l'armement des anti-balakas.

L'exploit du Mali, en janvier, fut unanimement salué pour son aspect humanitaire, après une période de vaudeville durant laquelle l'invasion du Nord du pays des Dogons a accentué la fracture sociopolitique du pays sous un Amadou Toumani Touré proche des défaits libyens cantonnés vers Kidal et dotés de moyens militaires et financiers suffisants.

Certes, l'ambiguïté n'a jamais été absente de la démarche de Paris faisant des ennemis d'hier des supplétifs pour lutter contre le Mali à Kidal. Mais, au-delà d'une faiblesse compréhensible dans la recherche des otages français, et nonobstant les pertes militaires dues au terrorisme ambiant au Mali, la décision d'intervenir fut unanimement appréciée de la collectivité internationale et des hommes de paix et de justice. Il reste que la sentence définitive sur la durée de la transition et des autorités intérimaires à Bangui ("Je ne veux pas individualiser la responsabilité mais on ne peut pas laisser en place un président qui n'a rien pu faire, voire même a laissé faire")

Il nous reste donc à polir notre élu 2013, pour l'aider à dompter cette impulsion sauvage qui lui fait prendre des vessies pour des lanternes.

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** Pathé Mbodj est journaliste-sociologue sénégalais.
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