Politique européennes anti-immigration : un reggae man monte au front
Les politiques européennes anti-immigration africaine sont-elles appropriées? Roy-Reuben, artiste musicien ghanéen et membre de la société civile internationale, ne le croit pas. Tout en musique, il les dénonce vivement et exhorte les africains à la responsabilité.
Sur l’épineuse question de l’immigration clandestine que beaucoup d’artistes africains éludent pour ne pas froisser d’éventuels mécènes européens, Roy, Reuben Yemoh Odoi de son vrai nom, ose hausser le ton. ‘’Les grillages de la honte, le ratissage de la mer et les expulsions a tout va des migrants ne sont pas une solution, assène t-il. Ce sont plutôt l’indifférence, les inégalités et la prédation économique qu’il faut expulser de la terre’’.
Le reggae man, qui a fait de sa musique une arme contre les méthodes musclées des pays européens contre l’immigration africaine, ne mâche pas ses mots pour dire son indignation. ‘’Chaque fois que je pense a ces milliers des jeunes africains engloutis par la mer, je me dis que ces politiques qui détruisent la vie sont indignes de l’Europe, continent dit des libertés’’.
Depuis plus de cinq ans, Roy, leader du groupe musical The Minority Globe dont le reggae est le genre principal, parcourt le monde pour livrer son message de fermeté contre ‘’l’inhospitalité, l’égoïsme et le génocide d’Africains’’. ‘’Les artistes ont un rôle important a jouer pour arrêter la folie des dirigeants du monde qui, au service exclusif du capital, développent des politiques xénophobes destinées a faire diversion sur les vraies causes de la crise économique mondiale, notamment la captation des richesses nationales par des lobbies capitalistes’’.
Dans son dernier album, Messages from a stranger, toutes les questions actuelles sont passées en revue : les conflits armés comme en Rd Congo, la situation des migrants africains, le sort de ceux qui tentent de traverser la Méditerranée dans des embarcations de fortune pour gagner l’Europe, l’exploitation abusive de l’Afrique, la pauvreté, le sida etc. Mais, la solidarité, la nécessaire cohabitation et l’exhortation à la responsabilité en sont la trame principale.
En prévision de la sortie prochaine de cet album dont le titre phare, « Stranger », est devenu un hymne national des Africains vivant au Maroc, le militant-musicien a livré plusieurs concerts et participé au festival de Boujdour, province du Sahara marocain aux confins de la Mauritanie. ’’Partout où je suis passé, j’ai dénoncé les crimes contre les migrants africains subsahariens que l’on maquille en accident, surtout les récents naufrages de Lampedusa qui ont fait des centaines de morts’’.
Mais Roy ne fait pas que dénoncer les politiques anti-immigration de l’Europe. ‘’Dans le morceau « Show me love », j’exhorte la jeunesse africaine a la responsabilité. Je prie les jeunes de se départir de l’idée qui veut que l’Europe, qui subit de plein fouet la récession, soit un Eldorado. Nous pouvons être heureux chez nous si nous nous assumons’’, martèle t-il.
Plus loin, il affirme : ’’L’avenir de l’humanité se trouve en Afrique, continent qui recèle la plus part des ressources dont le monde a besoin pour son progrès et surtout le développement. Alors pourquoi aller ailleurs en risquant sa vie ?’’. Mais son message vers l’Afrique ne s’arrête pas la. Les dirigeants aussi en prennent pour leur grade.
Dans la chanson « Faces are red », il déplore le manque de patriotisme et surtout l’allégeance des dirigeants africains aux multinationales dont les intérêts aux pays occidentaux qui minent la marche du continent noir vers le développement. ’’Les dirigeants africains doivent changer d’attitude. Ils doivent privilégier les intérêts de leurs populations plutôt que de se mettre au service des puissants groupes économiques en échange de leur seul maintien au pouvoir’’, lance t-il.
Pour faire passer son message aux dirigeants de l’Union européenne, Roy envisage de se rendre en Europe pour un plaidoyer tout en musique. ‘’Je dois aller me produire au Zimbabwe et, après, je compte me rendre en Europe pour la promotion de mon album et surtout pour sensibiliser sur une autre approche en matière d’immigration’’.
En attendant, sa guitare en bandoulière, il œuvre activement, aux cotés de la société civile marocaine, pour la campagne de régularisation des sans-papiers au Maroc. ‘’Le roi du Maroc, dont nous saluons le noble geste, a entendu l’appel de la société et donné des injonctions au gouvernement marocain pour régulariser les sans-papiers vivant sur le territoire marocain. Nous attendons la matérialisation de cette nouvelle donne politique’’, conclut-il.
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** Mohamed Mboyo Ey’ekula est un journaliste d’origine congolaise
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