Un marché agricole africain est un début de souveraineté alimentaire

Le défi de la sécurité et de la souveraineté alimentaire n’est pas une utopie. Il y a un engagement paysan fort pour y parvenir. Reste à assurer l’accompagnement efficace qu’il faut cela passe, entre autres, par la réalisation de grands aménagements permettant une bonne maîtrise de l’eau, par l’utilisation d’engins adaptés l’exploitation de superficies importantes, par la mise à disposition de semences et d’intrants de qualité.

Le monde paysan a aussi besoin de structures pour la transformation des produits à travers une chaîne de valeurs. Le développement agricole doit se faire par un passage à l’échelle. Il faut des circuits de stockage, de transformation et de commercialisation qui permettent l’écoulement de la production d’amont en aval, vers des marchés porteurs dont les paysans ne se limiteront plus à subir les tendances. Il s’agit donc de réfléchir en termes de jonction avec l’agro-industrie et l’agroalimentaire.

Mais tout cela découle d’une planification qui dépasse la dimension nationale. Comme l’Europe a eu son Plan Marshall au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’Afrique doit aussi penser à mettre en place un plan d’intervention globale, avec des passerelles qui garantissent des politiques durables et fiables. Au niveau de la sous-région ouest-africaine, par exemple, une politique agricole globale est en train de se mettre en place, pour marché de 250 millions à 300 millions de personnes. Si on applique les conventions de libre circulation des personnes et des biens et qu’on organise ce marché commun, on va se retrouver avec un important espace de développement.

Cette approche endogène du développement agricole me paraît plus pertinente que d’avoir à se lancer dans ces initiatives comme la Révolution verte dont nous ne connaissons ni les tenants les aboutissants. Sauf qu’on a déjà vécu ces politiques qui ne sont que des éléphants blancs et imposent une nouvelle forme d’exploitation. Ce qui les intéresse les multinationales et les organisations qui cherchent à promouvoir cette approche, c’est le marché mais pas notre souveraineté alimentaire nationale et la sécurité alimentaire pour le paysan. Le paquet technologique et les OGM avec lesquels ils débarquent ne servent qu’à nous aliéner, à nous faire perdre le contrôle de nos systèmes et de nos moyens de production, finalement à nous asservir.

L’avenir de la production agricole pour le développement est d’abord dans la disponibilité de semences locales en qualité et en quantité, mais aussi dans la promotion de l’exploitation familiale pour la souveraineté et la sécurité alimentaire.

* Samba Guèye est président du Conseil national de concertation des ruraux (Cncr) du Sénégal

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