Sans papiers : 20 ans de lutte pour la régularisation et contre la fascisation

On ne peut qu’être fier que la lutte des collectifs de sans papiers, des associations et des syndicats a permis des centaines de milliers de régularisation. Mais, car il y a un mais, la tâche démocratique de stopper la lepénisation des esprits de la classe politique, de l’élite.

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A peine les dernières salves marseillaises du mouvement gréviste de novembre et décembre 1995 s’éteignaient, que le 18 mars 1996, comme pour célébrer le soulèvement ouvrier de la Commune en mars 1871, quelque 314 sans papiers et familles occupaient l’église Saint-Ambroise. C’est ainsi que commençait la longue marche pour la régularisation globale de tous les sans papiers. Expulsées manu militari, les sans papiers trouvèrent refuge à l’Eglise Saint-Bernard d’où ils furent délogés à coups de hache et de gaz lacrymogènes.

Dès juin 1996, c’est de Lille, en soutien aux grévistes de la faim sans papiers, parents d’enfants français, que fut lancé l’appel à la sortie de l’ombre des tous les sans papiers de France. Au plus fort de cette mobilisation sociale et citoyenne des sans papiers, dès 1997, plus de quarante-huit collectifs de sans papiers furent fondés dans de nombreuses villes de France réunis dans la Coordination nationale des sans papiers (Cnsp) fondée le 20 juillet 1996 à la Bourse du Travail de Paris, sur la base d’une plateforme dont les points fondamentaux étaient la régularisation de tous les sans papiers et l’abrogation des lois et politiques racistes et dotée d’une Assemblée générale et d’un bureau exécutif chargés de coordonner les luttes des collectifs autonomes de sans papiers.

La Cnsp a organisé plusieurs marches nationales et européennes avec le soutien du mouvement syndical, associatif et politique démocratiques pour propager ses mises en garde sur la lepénisation de l’élite politique française, sur la surexploitation des travailleurs sans papiers par les patrons qui les utilisent pour détruire les conquêtes sociales des travailleurs « légaux » Français et immigré(e)s et précariser l’ensemble des travailleurs.

La Cnsp et ses soutiens syndicaux, associatifs et politiques mettaient aussi l’accent sur les politiques de guerres des puissances, le soutien des gouvernants d’ici aux dictatures de là bas et les dégâts environnementaux des Firmes transnationales dans les néo-colonies et pays sous développés dont 1% seulement parvient à émigrer dans les pays riches comme la France pendant que les 90% sont accueillis dans les pays pauvres.

Puis la Cgt et Solidaires ont organisé les grèves des travailleurs sans papiers, démontrant et confirmant ainsi cette insupportable réalité du « travail clandestin » fabriqué par les patrons dans le cadre de la concurrence entre capitalistes et pour diviser les travailleurs en les opposant les uns aux autres. Ensuite, des collectifs parisiens vont se mobiliser pendant des mois en proclamant le « Ministère pour la régularisation de tous les sans papiers ».

Aujourd’hui, malgré l’affaiblissement réel des collectifs la lutte continue dans un contexte où tous les messages de la Cnsp et des collectifs de sans papiers sont malheureusement de plus en plus vérifiés.

Aujourd’hui, les guerres produisent des terroristes qui tuent aveuglement sans distinction toutes les composantes de la population, des enfants d’ici n’ayant aucune perspective s’y laissent prendre, le racisme romophobe, islamophobe, arabophobe, négrophobe et xénophobe pénètre la classe politique, les médias, l’intelligentsia et se traduit par des votes dans les urnes.

Globalement, l’on ne peut qu’être fier que la lutte des collectifs de sans papiers, des associations et des syndicats a permis des centaines de milliers de régularisation. Mais, car il y a un mais, la tâche démocratique de stopper la lepénisation des esprits de la classe politique, de l’élite, des médias et la montée électorale du fascisme demeure essentielle tout en poursuivant la quête de régularisations permettant de saper cette arme de destruction massive d’emplois assurés et correctement rémunérés qu’est le « travail illégal » des patrons fraudeurs du fisc. Célébrons partout les 20 ans.

Plus que jamais, la lutte pour la régularisation, contre le racisme d’Etat, le fascisme et les guerres continue !

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