Rd Congo : Une équation nommée Joseph Kabila !

Que cogite-t-il ? Partira ? Ne partira pas ? Tripatouillera-t-il la Constitution ? Ne la tripatouillera-t-il pas ? Osera-t-il défier Barack Obama ? ‘’Joseph Kabila’’ n’est plus qu’une simple équation qui se décline, pour l’heure, par des questions variables à souhait.

Article Image Caption | Source
ABC

Le ‘’président’’ congolais, contesté par Etienne Tshisekedi qui se considère toujours comme le vainqueur de la présidentielle de novembre 2011 -présidentielle qui a été entachée de monstrueuses irrégularités - est dans une posture inconfortable. Depuis qu’il a reçu le message du président américain le sommant de partir à la fin de son second mandat, le président le plus mal élu du monde s’est emmuré dans un silence qui augure d’une amertume insurmontable!

Malgré l’agitation de son camp, qui donne l’impression de tenir le choc alors qu’il est de plus en plus gagné par une peur bleue de ce que sera demain, Kinshasa connaît une ambiance de fin de règne. Joseph Kabila est convaincu que son sort est scellé et qu’il ne lui reste plus à démarcher que ‘’sa sortie honorable’’. Seulement, pour qui connaît les variations de la politique internationale, il n’est pas sûr qu’il puisse vraiment obtenir l’opportunité de passer par pertes et profils ses nombreux méfaits et ses crimes de sang et économiques contre le peuple congolais, mais aussi ses indélicatesses vis-à-vis de la communauté internationale, notamment l’affaire des ventes d’uranium à des Etats voyous, tout comme son double jeu dans le conflit qui perdure à l’Est du pays.

Kabila est condamné et n’attend que la sonnerie du glas. C’est en tout cas la certitude qu’ont de nombreux observateurs de la scène politique congolaise. ‘’Qu’il touche à la Constitution ou pas, il doit se résoudre à partir car les Américains ne lui feront pas de cadeaux, à moins qu’il trouve mieux que sa trouvaille proposée en marge du sommet Etats Unis–Afrique’’, avance cet éditorialiste d’une télé basée en France. En effet, lors du sommet Etats Unis-Afrique, Joseph Kabila s’était adonné à un intense lobbying dont l’objet était de faire avaliser par l’administration américaine le plan qui faisait de sa personne le garant de la paix et de l’intégrité territoriale de la Rd Congo. Mais, perte inutile de temps, ce plan a laissé Obama de marbre. Mieux, John Kerry, secrétaire d’Etat américain, lui a rappelé l’intransigeance du président américain sur la tentation d’un troisième mandat inconstitutionnel qui lui triture l’esprit.

DES BALLONS D’ESSAI DANS TOUS LES SENS

Depuis lors, Joseph Kabila multiplie les initiatives tapageuses pour essayer de desserrer l’étreinte. Proposition d’un gouvernement dont le Premier ministre serait un opposant, plus particulièrement un membre de l’Udps d’Etienne Tshisekedi, ‘’un vrai dialogue avec l’opposition’’ - l’expression est sortie du laboratoire d’incongruités du Pprd - et, enfin, un autre dialogue direct avec la diaspora congolaise devenue une force politique redoutable, Joseph Kabila tente, par tous les moyens, de trouver la bonne formule qui peut rendre sa présence à la tête de l’Etat congolais indispensable, mais en vain.

Rien, pour le moment, ne marche. Même la stratégie aquatique de son joker, Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale, qui, passé dans l’opposition depuis peu, se bat comme un diable pour rallier l’opposition et la diaspora congolaise à sa cause, est loin de tourner à plein régime.

Que lui reste-t-il donc? A moins d’un véritable coup de pouce de la communauté internationale, chose improbable pour quelqu’un à qui il est reproché de nombreux crimes politiques, notamment l’assassinat de l’activiste des Droits de l’homme Floribert Chebeya (le procès s’est ouvert à Dakar le 26 août dernier), Joseph Kabila, dont le magazine « Forbes » a évalué la fortune à 16 milliards de dollars, se trouve à la porte de sortie. Herman Cohen n’a jamais été aussi certain au sujet d’un chef de l’état africain en exercice. ‘’C’est un incompétent et médiocre dirigeant qui ne doit pas rester au pouvoir’’, avait assené l’ancien secrétaire d’Etat américain à l’occasion. Mais partira-t-il sans causer des dégâts ? C’est là toute la question.

Chef de guerre grâce à la loterie Afdl, qui a vu l’arrivée à la tête de l’Etat congolais de l’imprévisible Laurent Désiré Kabila, son père biologique selon lui-même et putatif seulement selon des fils Kabila en exil et aussi Honoré Nbganda, l’ancien conseiller spécial de feu le président Mobutu en matière de sécurité, il doit son ascension rapide dans les affaires grâce à sa placidité. ‘’Dans la jungle Afdl, la placidité était un argument de promotion’’, révèle cet ancien collaborateur de son ‘’père’’ passé dans la diaspora congolaise combattante et qui ne jure que par sa perte. Et d’ajouter : ‘’Joseph Kabila est capable du pire comme le massacre de Tingi Tingi et je crois savoir qu’il dispose d’un plan destiné à créer le chaos s’il ne parvenait pas à se maintenir au pouvoir’’.

LA DIASPORA CONGOLAISE A L’AFFUT !

Véritable contre-pouvoir au régime de Kinshasa, la diaspora congolaise, dont les actions - marches de sensibilisation, de protestation et de dénonciation, sit-in, lobbying et combat de résistance - ont fini par mettre le régime de Joseph Kabila à l’étroit, n’entend pas lui donner cette chance. Des quatre coins du monde, elle s’organise pour porter le coup de grâce à l’homme qu’elle considère comme la source de la grande affliction que connaît le peuple congolais aujourd’hui et surtout l’homme qu’elle qualifie d’imposteur du fait des doutes sur sa filiation et pat ricochet ses origines. ‘’Nous ne négocierons avec Joseph Kabila qu’une chose : son départ. D’ailleurs nous travaillons à l’accélérer avant 2016 car nous ne pouvons tolérer un énième hold-up électoral’’, clament à l’unisson ses principaux meneurs.

Ainsi donc, en plus d’un contexte international vicié, Joseph Kabila se voit imposer un bras de fer avec un adversaire planétaire. Car contrairement à l’opposition interne dont l’action est limitée dans un espace quasi-domestique, la diaspora congolaise, surtout celle qui opère depuis des capitales occidentales, a les coudées franches. Elle agit de partout et en toute indépendance profitant du contexte de respect des droits et libertés qui prévaut en occident. C’est cette diaspora là qui, dernièrement, l’a fait sortir de son aphonie et fait dire des inepties devant des ambassadeurs occidentaux accrédités à Kinshasa. Cette même diaspora sur qui compte le peuple congolais pour se débarrasser d’un régime dont l’oppression est au centre de l’action. Un régime aux abois !

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS



* Ne vous faites pas seulement offrir Pambazuka ! Devenez un Ami de Pambazuka et faites un don MAINTENANT pour aider à maintenir Pambazuka LIBRE et INDEPENDANT !
http://pambazuka.org/en/friends.php

** Mohamed Mboyo Ey’ekula est journaliste

*** Veuillez envoyer vos commentaires à [email protected] ou commentez en ligne sur le site de Pambazuka News

**** Les opinions exprimées dans les textes reflètent les points de vue des auteurs et ne sont pas nécessairement celles de la rédaction de Pambazuka News