Hara kiri à Charlie Hedbo : La vie n’est pas une caricature
Ceux qui avaient fait de la dérision leur gagne-pain sont tombés sur ceux qui ont caricaturé leur foi à l’extrême au nom d’un islamisme outrancier, loin des normes de tolérance et de cohabitation pacifiques prônées par la religion révélée par le Prophète Mohamed.
La France a vécu soixante-douze heures poignantes entre le 7 et le 9 janvier avec le massacre au siège de Charlie Hebdo et ses conséquences dramatiques du jeudi 8 et, surtout, vendredi 9. Aux douze premières pertes de mercredi se sont en effet ajoutés les morts de jeudi (une femme policier), et, suprême douleur, ceux de vendredi avec les otages liquidés en même temps que des terroristes dispersés sur le pourtour du bassin parisien (5 morts dans la prise d’otages du supermarché dont le preneur d’otages Amedy Coulibaly, allié des frères Kouachi, auteurs du massacre qui a soulevé l’humanité entière contre cette caricature de la vie basée sur une compréhension erronée de la religion).
Le choix d’un centre modeste n’avait rien d’une guerre ethnique, contrairement aux idées hâtives avancées avec l’occupation d’un hyper marché réduit, cacher, plus contrôlable que les Galeries La Fayette ; au demeurant, Coulibaly n’a liquidé aucun otage, même s’il ne savait pas que les clients étaient de confession juive dans leur très grande majorité, ce qu’il a pu deviner par la suite. Les décès sont dus à un assaut mal organisé, à la vue des images diffusées par les télévisions. Mieux, nulle part, dans ses échanges avec les otages, il n’a expressément parlé de races (« L’express.fr », mise à jour le 10 janvier à 11h33 : « Je suis Amedy Coulibaly, malien et musulman. J’appartiens à l’État islamique, nous dit-il. Puis il nous a demandé de poser nos téléphones au sol. Il marchait dans le magasin, armé, tout en justifiant son acte, parlant de la Palestine, des prisons françaises, de ses frères en Syrie et de bien d’autres choses (nous refusons de relater ici la teneur de ses propos, Ndlr) ».
Ceux qui avaient fait de la dérision leur gagne-pain sont tombés sur ceux qui ont caricaturé leur foi à l’extrême au nom d’un islamisme outrancier, loin des normes de tolérance et de cohabitation pacifiques prônées par la religion révélée par le Prophète Mohamed (Psl). La rencontre a donné naissance à un massacre épouvantable, bête et méchant si l’on ose dire, en référence au passé de certains des trépassés, le 7 janvier dernier au siège de l’hebdomadaire « Charlie Hebdo« , littéralement décapité (douze morts dont deux policiers), à Paris.
Censée refléter le tréfonds de l’âme en ce qu’elle dissimule le mieux, la caricature, dans un sens comme dans un autre, a déformé le sens d’un message qui s’est voulu ambigu, étant tout à la foi(s), selon l’angle d’analyse, expression de la liberté souveraine de penser par la plume et d’agir par les armes.
Elle s’est poursuivie avec un manichéisme culturel opposant le monde judéo-chrétien au reste du monde, méprisable, nouvelle caricature des relations internationales de ces soixante dernières années avec les difficultés de cohabitation et de cohésion avec la création de l’État d’Israël. Le défilé de président, de chefs de parti et de gouvernement démontre la dernière grosse caricature d’une foule solitaire qui refuse de parler à l’autre moitie du monde qui étale son mal-vivre planétaire. Tout le monde semble jouer à se faire Hara Kiri.
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** Pathé Mbodj est journaliste - sociologue
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