Zone Franc : Ce que les chefs d’Etats africains se refusent de comprendre
La parité du CFA, choisie et imposée par les vainqueurs français, n'était donc que l'expression d'une politique délibérément punitive à l'encontre des pays africains de la zone franc défaits et au seul bénéfice de la France. En s'octroyant un pouvoir d'achat exorbitant en pays africains conquis, les envahisseurs français s'assuraient une facile exploitation de toutes les richesses locales africaines
« En Afrique, les Français n'apportaient pas seulement dans leurs bagages une ruineuse équivalence de change. Ils importaient des billets, imprimés par leurs soins, libellés hier en francs français et aujourd'hui en euros, et auxquels ils conféraient cours légal dans les territoires occupés... Longtemps en effet, l'opinion africaine abusée confondit les coopérants français (civils et militaires ) avec les touristes. Ceux-là, comme ceux-ci, ne s'acquittaient-ils pas en monnaie légale franc CFA ? Mais les touristes avaient acheté leurs francs CFA avec des devises ; les occupants français payaient avec des billets qu'ils avaient émis eux-mêmes ... : ils n'avaient que la peine de fabriquer ou de recevoir ce papier et de le remettre contre livraison de marchandises.
Le franc CFA, ainsi introduit en Afrique, n'était pas le franc français d'hier qui circulait en France où l'euro a aujourd'hui cours légal ). Les billets ne provenaient pas de la Banque de France qui fuyait les risques d'inflation et ne se souciait pas d'alimenter en papier les territoires envahis. Les seules coupures valables en Afrique étaient émises par des caisses spéciales, dites Institut d'émission des francs CFA ou précisément l'imprimerie de la Banque de France située à Chamalières près de Clermont-Ferrand (en Auvergne -France ) ». (1)
Les éternels chefs d'Etat et de gouvernement français ‘’demeurés toujours colons’’, dévastaient en toute simplicité les pays africains qu'ils avaient conquis. Leurs descendants, en 1945, ont recouru à une méthode de rapine plus subtile et plus fructueuse: ils ont mis hier le franc français à 100 francs CFA et aujourd'hui l'euro à 655,957 francs CFA, « ce qui a remonté la pauvreté des Africains à une échelle d’à peu près 13 fois ! » (2)
La parité de 100 francs CFA hier et 655,957 francs CFA aujourd'hui, choisie et imposée par les vainqueurs français, n'était donc que l'expression d'une politique délibérément punitive à l'encontre des pays africains de la zone franc défaits et au seul bénéfice de la France. En s'octroyant un pouvoir d'achat exorbitant en pays africains conquis, les envahisseurs français s'assuraient une facile exploitation de toutes les richesses locales africaines » (3)
A travers les accords relatifs d’investissements étrangers librement conclus par les États africains et leurs partenaires multinationales généralement, les Africains seront toujours perdants dans un tel ''système monétaire d'exploitation et de rente''. Car les États ne respecteront de bonne foi l'affirmation de « la souveraineté des peuples et des nations sur leurs richesses et leurs ressources naturelles, conformément à la Charte et aux principes énoncés dans la présente résolution » (4). C'est pourquoi ces États auront toujours une par minoritaire dans les capitaux (avec le plus souvent 30 et 44 % de capital et jamais 70 ou 80 %) des sociétés, entreprises d'exploration et d'exploitation de leurs propres ressources naturelles et minières car ne disposant de cet important attribut de souveraineté qu'est «la monnaie». Leur part concédée de capital des sociétés ou des multinationales serait toujours fictive et sans réel poids de représentation, même psychologique, au niveau des conseils d'administration.
LE RESULTAT DE LA COMPLICITE DES CHEFS D’ETATS ET DE GOUVERNEMENT AFRICAINS DANS LE SOUS DEVELOPPEMENT DES DEUX ZONES MONETAIRES CFA
La France se taille toujours pour ses citoyens un plus ou moins meilleur classement en terme d'indices de développement humain, au moment ou les pays des zones franc se disputent toujours la queue du marathon . (5)Le constat est le suivant après plus de 54 de ‘’coopération monétaire’’ avec la France:
Pays Rang
Canada 1
France 2
Norvège 3
Etats-Unis 4
Algérie 82
Tunisie 83
Afrique du Sud 89
Gabon 120
Côte d’Ivoire 148
Mali 171
Burkina Faso 172
Niger (1) 173
Sierra Leone 174
Sources : Rapport du P.N.U.D 1998, P. 163.
Les dix derniers pays occupant les dix dernières places du classement IDH 2011 se trouvent tous en Afrique subsaharienne :
1. Guinée
2. République centrafricaine
3. Sierra Leone
4. Burkina Faso
5. Libéria
6. Tchad
7. Mozambique
8. Burundi
9. Niger
10. République démocratique du Congo
LES PERSPECTIVES QUE NOUS DEVONS RESOLUMENT ENGAGER:
Nous devons exiger que les termes de la pseudo coopérations monétaire entre États membres des deux zones franc et la France ont été énoncés dès les années 1960 dans le cadre d’un pacte colonial. Ce pacte a été modifié par la convention de coopération monétaire du 23 novembre 1972 entre les États membres de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) et la France d’une part, et par l’accord de coopération du 4 décembre 1973 entre les pays membres de l’Union Monétaire Ouest-africaine (UMOA) et la République française d’autre part.
Cette ''coopération aux bénéfices uniques de la France'' doit être dissoute en tout Etat de cause car elle est illégale tant sur le plan de l'ordre interne, c'est à dire constitutionnel, que pour les Etats africains sur qui elle a fait « des pressions diplomatiques » pour leur signature sur le plan international, car nulle et non avenue et de nul effet.
C'est ainsi que nous éclaire cette définition tirée d'un dictionnaire du Droit International récent (6) sur l'accord monétaire avec la France, en ces termes : «Accord monétaire : Accord entre Etats relatifs à des questions monétaires, devenu rare dans la pratique récente. Depuis le début des années 1960, et particulièrement dans la pratique française , (7) désigne généralement un accord conclu pour régler les conséquences monétaires d'une succession (8) d'État ».
Juste avant que la France n’accède aux ''demandes d’indépendance'' des pays africains dans les années 1960, elle a obligé ces Etats à placer 65% de leurs réserves de change sur un compte du Trésor français, après avoir défini un taux de change fixe du franc CFA.
Bien que la gestion de cette monnaie ait été confiée à des banques centrales communes [BEAC et BCEAO, ndlr], ces banques n’ont d’africain que le nom. En réalité, elles n’ont aucun pouvoir et ne sont rien de plus que de gigantesques institutions bureaucratiques qui ne décident pas des politiques monétaires. Elles sont là pour faire croire aux pays de la zone franc qu’ils sont maîtres de leur destinée.
Les pays de la zone franc continuent de perpétuer un système mis en place par l’ancien bourreau colonial. Nous devons exiger la rupture du pacte colonial dans les pays africains de la Zone Franc par, entre autres :
- un audit des comptes d’opérations ;
- la remise en cause des statuts actuels des banques centrales de la zone BCEAO et de la BEAC ;
- la saisine de la Cour Internationale de justice de la Haye pour faire valoir que la France signataire des accords de coopération franco-africains ne remplit plus ses obligations contractuelles et n’est plus en mesure de le faire depuis 1993, lorsqu’elle a unilatéralement décidé de ne plus assurer la libre convertibilité du Franc CFA.
Notons que « depuis l’entrée en vigueur de l’Euro, le Franc français n’existe plus et que, de surcroît, depuis janvier 2012, le poids de la lourde dette publique et la taille du déficit budgétaire de l’Etat français lui ont fait perdre la qualité de sa signature sur le marché financier mondial ». (9)
Aujourd’hui, la Convention de Vienne sur les droits des traités, entrée en vigueur le 27 janvier 1980, en son article 62, donne les moyens légaux aux États africains de remettre en cause tous les contrats léonins, protectionnistes et apauvrissants dans lesquels ils se sont engagés (10) quand leurs peuples étaient encore dans les enclos coloniaux. Et ce sont « des nouveaux États construits sur de nouvelles bases morales, économiques et politiques qui vont engager le processus de rupture des carcans protectionnistes, avilissants, humiliants et inefficaces d’avec certains partenaires étrangers. Avec la fin des enclos, c’est le début du progrès, de la paix et de la prospérité. Encore faut-il oser sortir de la captivité des enclos construits par les États africains pour y maintenir leurs populations. Seule une société civile forte, audacieuse, prête à s’engager dans les reformes de fond pourra en briser les barreaux ». (11)
A.LA SOUVERAINETE ECONOMIQUE ET MONETAIRE POUR L'AUTO-SUFFISANCE ET LA SOUVERAINETE ALIMANTAIRE AU SAHEL :
Comment aboutir à une autosuffisance alimentaire dans les Etats africains des deux zones FCFA qui ne peuvent même pas consacrer 10% de leur budget à l'agriculture conformément à l'esprit de la conférence des chefs d'État de Maputo de 2010, alors qu'ils devaient avoir cette autosuffisance alimentaire car les céréales d'importations font l'objet de spéculation boursières? Et que les enchères, les manipulation, spéculations montent autour de la pénurie d'eau en Afrique afin de booster le ''markéting de l'accès à l'eau'' en vue de faire faire des affaires et des commissions en multi-millions aux multinationales européennes et à « l'industrie de consultants » ? Alors que l'on sait de « nombreux pays jusque là désignées comme pauvres en eaux ont des resserves souterraines considérables » ? (12)
La Lybie possède le plus grand aquifère qui est de 99 500 km cube, suivie de l'Algérie avec 91 900 km cube, du Soudan avec 63 000 km cube et de l'Égypte avec 55 200 km cube. Il est à noter que « le volume total des nappes phréatiques trouvées est 100 fois supérieur au volume d'eau trouvé en surface». Et cela « malgré le manque d'alimentation de ces aquifères depuis plus de 5000ans», du fait de l'assèchement du Sahara. Pourquoi les pays Occidentaux avec leur arsenal d'ONG et firmes travaillant sur les pénuries d'eau veulent-ils que nous nous intéressions à la face apparente de la nature au Sahel en complicité avec les chefs d'Etats et de gouvernements, alors que l'état du savoir sur ces importantes quantité d'eau souterraines en Afrique est censé soigner l'esprit de la paranoïa crée par la manipulation ? (13)
Qu'en est-il des réserves des pays comme le Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie, etc., qui ne s'intéressent qu'à l'exploration de la ressource d'uranium, du pétrole et autres qu'ils bradent en fin de compte à des très bas prix ? A quel niveau se situent leurs recherches universitaires pour que ces explorations et ces exploitations puissent se faire par leurs nationaux et qu’ils finissent d'engager 'des experts étrangers à qui ils fournissent des commissions exorbitantes ? Que font les professeurs de leurs facultés des sciences et techniques autour des rouages du pouvoir alors qu'ils peuvent «développer réellement ce qui peut valoir une richesse pour eux et pour leurs pays?
Ces aquifères ont une épaisseur de 75 mètre d'eau réparties dans toute la région. Seule une souveraineté économique et monétaire permettra aux Africains, dont les citoyens sont devenus indésirables en Europe malgré l'heure de la mondialisation qui est sensée accentuer la libre circulation des personnes, leur mobilité croissante, de développer le développement (14) en faisant aménager ce grand espace saharien de l'Afrique réputée « aride, pauvre, où le climat est torride » en un grand oasis de terres arables permettant d'atteindre l'autosuffisance alimentaire en Afrique.
Ainsi nous gommerions progressivement les mauvais clichés développés sur l'Afrique qui sont ceux de la faim, de la famine, de la guerre, de l'improductivité de l'agriculture, de l'aviculture et même de la pisciculture pour faire cesser ou du moins réduire les importations de céréales, des produits conservés à haute teneur cancérigène et manger strictement bio !
Pour l'histoire, l'exemple politique courageux nous a été donné par la Lybie de pré-invasion dont le guide feu Mouamar Khadafi et son gouvernement a « investi 25 milliards de dollars dans le plus grand projet de rivière faite par l'homme, un complexe de 4000 km d'aqueduc enfoui dans le sable du désert, capable d'acheminer 2 millions de mètres cube d'eau par jour aménager 95% de terre désertique de la Lybie en terre agricole, au grand dam des multinationales qui veulent envahir les terre africaines « parce qu'elles détiennent les capitaux important » (15)
L'ex-Premier ministre Nigérien Seyni Oumarou l'a vu en 2009 quand il se rendait en Lybie. Est-ce que « la guerre de l'eau en Afrique a-t-elle commencé? » (16) On peut présumer que l'une des raisons fondamentales de la guerre contre la Libye est la ressource en eau comme source géostratégique et non pas seulement pour son pétrole. Ce n'est pas un conte ou un mythe de fée (17) mais une réalité ! Il n'y a pas de développement durable en Afrique, sans élimination de la faim ». (18) Comment peut-on arriver à sauvegarder notre dignité d'Africains qui peuvent rester chez eux et « élever en grande proportion nos enfants comme des êtres chers » (19) si ces États Africains des deux zones Franc CFA, font l'objet d'une rigueur budgétaires hors norme, car le système des comptes d'opérations les oblige à déposer sans engagement contractuel en bonne et due forme 50% de leurs maigres avoirs d'exportation à la Banque de France qui spécule avec sur les places boursières, fait des ''dépôts non rémunérés pour les supposés propriétaires'' et ''rémunérés exclusivement pour elle'', et vient emprunter et endetter les pays africains « avec leurs propres fonds en complicité avec les chefs d'État et de gouvernements africains. Ou est la démocratie au nom de laquelle on prétend exercer le pouvoir en Afrique et en Occident ?
Que la France et ses ''suppôts africains Français'', gouverneurs ou préfets d'Outre mer sache que les jeunes Africains sont à pied d'œuvre pour détruire cette escroquerie intellectuelle et politique, ce crime économique et en denier ressort crime contre les Africains, les paysans qui se donnent la peine pour aller voter sans savoir à qui profite leur « acte légitimement citoyen ». La Cour de justice de la CEDEAO, la Cour Pénale Internationale peuvent-elle être prête à déclarer recevabe notre « plainte contre la France et les chefs d'États africains pour ces griefs ci dessus évoqués ? Nous sommes résolus à mourir, pour que nos enfants, nos petits frères, nos mères ''esclavagisées'' des campagnes aient la dignité digne du 21ème siècle !
NOTES
1) Commentaires du Professeur Nicolas AGBOHOU, auteur de « Franc CFA et l'Euro contre l'Afrique »,2008.
2) Faisons le calcul pour nous en convaincre.
3) Propos du Prof Nicolas AGBOHOU dans l'entretien «le FCFA et l'Euro contre l'Afrique».
4) Rappelant ses résolutions 523 (VI) du 12 janvier 1956 et 626 (VII) du 21 décembre 1952,1197 ème séance plénière, 18 décembre 19621803 (XVII) Souveraineté permanente sur les ressources naturelles
5) Quand on parle de queue, on fait allusion aux dernières places du classement en termes d'IDH de chaque année!
6) Dictionnaire du Droit International Public, Jean Salmon, Edition Brylant, AUF, 2001, Page17.
7) Examiner bien cette expression, la France a même «une pratique du Droit International »!
8) Cette succession n'a jamais eu lieu à plus forte raison de parler de son règlement, c'est toujours la France qui continue de diriger '' des Etats (de l'UEMOA et de la CEMAC) pourtant indépendants sur les papiers et qui « on même fêter ''le cinquantenaire de leur indépendance’’ (-récépissé).
9) Professeur Mamadou Coiulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale de Cote d’Ivoire .
10) Ces Accords si important étaient signé en forme simplifiée(qui ne nécessite pas l'intervention du parlement, la seule signature du chef de l'exécutif engage l'Etat au nom duquel il a signé l'accord!) et comportent « des clauses qui sont rendues publiques » et des « clauses demeurées sécrètes » comme dans les accords dits de ''coopération technique et militaires ''avec des clauses léonines qui ont toujours demeurées sécrets et qui sont toujours en vigueur du 24 Avril 1960à nos Jours et que le long conflit ivoirien à mit au grand jour!.Quand est il d'autres accords?
11) Prof Mamadou Coulibaly, Ancien Président de l'Assemblée Nationale de Cote d'Ivoire.
12) Voir l'Article du Prof Horace CAMPBELL de l'Université de SyracuseN°241 du 2012-05-21 sur [email protected] ou commentez en ligne sur le site de Pambazuka News