L’idée de créer Farafina, le magazine de la diaspora africaine en France, est née de deux constats. D’abord celui que la communauté africaine en France n’a plus le même visage, les mêmes ambitions, les mêmes motivations de vie en France qu’il y a dix ou vingt ans. «L’immigration n’est plus du fleuve mais de plus en plus des villes », comme l’ont constaté les sociologues. Cette nouvelle population a été à l’école le plus souvent, avec un niveau d’études supérieur, et a souvent fréquenté les universités françaises. Mais les conjonctures et les réalités du marché de l’emploi obligent la plupart d’entre eux à accepter des postes non qualifiés et comme agents de sécurité, manutentionnaires, etc.
Depuis quelques années, certains montent leurs propres affaires, le plus souvent à partir de rien du tout. Ce socle économique a donné déjà des entités comme le club Africagora. En plus de la création du Conseil représentatif des associations noires, une organisation tentant de créer une symbiose des dynamiques de l’ensemble des forces noires sociales, culturelles, économiques et politiques.
La communauté africaine compte aujourd’hui quelque 1 865 000 personnes de plus de 18 ans en Ile-de-France, soit 3,86% de la population selon le Conseil représentatif des associations noires. Les immigrés africains sont au nombre de 500 000 soit seulement 0, 7% de la population française.
Mais en termes de média dans lesquels cette communauté se reconnaît, le constat est amer et Béchir Ben Yahmed, un doyen de la presse africaine, avoue que les Africains ne lisent pas son journal malgré sa grande notoriété. Le patron de « Jeune Afrique » se désolait ainsi de voir les Africains lire la presse française – encore que l’intérêt y semble limité. Ces journaux ne parlent de la communauté africaine que très rarement, le plus souvent dans des circonstances de malheur. Même Rfi, qui peut être considéré comme le média le plus populaire sur le continent, n’a pas encore totalement acquis la communauté africaine, en tout cas en Ile-de-France, puisqu’elle n’est pas la radio la plus écoutée par les Africains.
Avec Internet, il s’est opéré un retour nostalgique vers les pays d’origine, un repli identitaire qui a exacerbé le morcellement des communautés.
C’est donc pour proposer un cadre unique, fédérer toutes les communautés africaines autour d’intérêts communs – un quotidien partagé, les mêmes aspirations… - que nous nous avons décidé, suite aux d’études menées par nos soins auprès de membres de la communauté, de lancer un magazine de la diaspora dont le défi majeur est quand même de converger les intérêts de l’immigré de base, ceux des entrepreneurs africains, des étudiants, de l’agent diplomatique, du fonctionnaire international.
Farafina se positionne comme le journal de tous les immigrés du continent africain en France. Du manutentionnaire sur le marché de Château Rouge au professeur d’université en passant par l’étudiant ou le fonctionnaire, nous nous adressons à cette communauté en montrant son monde tels qu’il est, en faisant entendre sa voix, en donnant la parole aux femmes et aux hommes qui entreprennent et veulent réussir.
Farafina a pour objectifs de :
1. Promouvoir l’image de la communauté africaine en mettant à sa disposition un support dans lequel il se reconnaît ;
2. Encourager les initiatives de membres de la communauté qui ont osé entreprendre, oser réussir ;
3. Soutenir les initiatives d’intégration par la promotion des réussites ;
Enquêtes, reportages, témoignages, débats… En 16 pages, le tour de ce qui se passe sur le continent et de ce que les fils du contient vivent et font de merveilleux en France. « Farafina » tissera les liens entre les communautés et les chancelleries. Le journal papier sera disponible le premier vendredi de chaque mois distribué par le réseau des associations, des restaurants et des salons de coiffure.
La version Internet propose dans ses rubriques interactives de faire participer les membres de la communauté à la rédaction des articles en nous informant de tout ce qui touche de près ou de loin à la vie de la communauté dans leur cité, leur ville, leur département ou en proposant directement des textes. La rubrique « La lettre du village », commune au journal papier (mensuel) et au site internet (hebdomadaire), est une chronique de la vie des Africains en France sous l’effet miroir.
* Oussouf Diagola est le directeur de Farafina Mag
* Veuillez envoyer vos commentaires à ou commentez en ligne sur