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Pour entraîner les producteurs de coton burkinabè à se tourner vers le Coton Bt de Monsanto, on a vanté, sans nuances, les mérites de son coton OGM. A tel point que beaucoup de producteurs s'attendaient à une plante miracle. Aujourd'hui, ils déchantent, constate Maurice Oudet.

«Le coton aujourd'hui : beaucoup d'espoirs déçus Certains se tournent vers le coton bio... L'euphorie aura été de courte durée... Nettement en dessous de leur espérance. Abdou Nignan, le président de l'Union provinciale des producteurs de la Sissili, se dit très déçu. En effet, si en 2008, il avait fait un rendement de 1 200 kg à l'hectare, il s'est retrouvé à la dernière récolte avec moins d'une tonne. (Cf. Sidwaya n° 6648 : « Des semences qui sèment le doute »)

« Idrissa Kaboré du Nayala entend jeter l'éponge dans les années avenir. Il ne supporte plus d'être balloté de gauche à droite chaque année. A cause du mauvais démarrage de la pluie, il a été contraint de refaire les semis alors que le prix de la semence est très élevé (27 000 F les 10 kg pour le coton Bt, contre 1 000 F les 50 kg pour le coton conventionnel ; la semence de coton Bt est donc 135 fois plus chère !). Par ailleurs, des mouches sont venues détruire les capsules de son coton Bt, alors que selon son entendement, le Bt était censé résoudre ces questions. » (cf. Sidwaya n° 6648 : même article).

A cela s'ajoutent les nouvelles en provenance de l'Inde. « Grande première en Inde : Monsanto avoue l'échec de son coton Bt. »

Le coton Bt Bollgard I a été autorisé en 2002 et est cultivé dans neuf Etats indiens. Après huit années de commercialisation, Monsanto annonce avoir détecté une déficience pour ce coton Bt : des vers roses de la capsule du coton sont devenus résistants à la toxine produite par ce coton Bt. La résistance a été découverte suite à des essais en champs conduits par Monsanto dans quatre comtés (Amreli, Bhavnagar, Junagarh et Rajkot) de l’Etat du Gujarat en 2009, essais réalisés afin d’évaluer l’efficacité de ce coton Bollgard I.

Pour l’entreprise, la résistance au coton Bollgard I est « naturelle et même attendue ». Non pas que ce coton soit intrinsèquement mauvais, mais, selon Monsanto, à cause des agriculteurs indiens qui n’auraient pas respecté les zones refuges requises pour ce type de culture.

Cette résistance est «naturelle et attendue» ! Oui, mais à ma connaissance, c'est la première fois que Monsanto en parle ouvertement. Et ici, au Burkina, je n'ai jamais entendu la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX) ou le gouvernement en parler. Quant aux zones refuges qui n'ont pas été respectées, cela aussi était prévisible et attendu. Les petits producteurs burkinabè ne feront pas mieux ! Seuls de grands propriétaires terriens peuvent les respecter.

Mais face à cet « échec » du coton Bollgard I, Monsanto rappelle disposer d’ores et déjà du coton Bollgard II, « plus efficace », précise-t-elle. Et c’est dans cette volonté de commercialiser en priorité ce coton Bollgard II que se trouve la véritable motivation de Monsanto à reconnaître publiquement le défaut de son premier coton, selon Devinder Sharma, du Forum sur les Biotechnologies et la sécurité Alimentaire. Le Bollgard II, commercialisé depuis 2006 en Inde, contient deux protéines toxiques et non plus une seule. Seulement sa semence est deux à trois fois plus chère !

A ma connaissance, au Burkina, nous en sommes toujours au Bollgard I. Je n'ai pas encore entendu la SOFITEX ni le gouvernement mettre en garde les paysans burkinabè. A qui a-t-on dit que la résistance au coton OGM est naturelle et attendue? Quel paysan burkinabè est prêt à payer un sac de 50 kg de semence Bollgard II 300 000 F (voire plus de 500 000 F si on applique le prix de Monsanto, en Inde, pour cette semence de coton).

L'étude la plus pertinente, celle qui manquait encore, porte sur l'impact de la culture du coton Bt sur le sol. Aujourd'hui, cette étude existe. Elle mérite une large diffusion : « Une récente étude scientifique réalisée par Navdanya a comparé la terre des champs où du coton Bt a été planté pendant 3 ans avec celle des champs adjacents. Résultat : une dégradation très importante des sols.»

Il s'agit de la première étude à avoir examiné l'impact à long terme du coton Bt sur les organismes du sol. En trois ans, le coton Bt a réduit la population de microorganismes du sol de façon très importante. À ce rythme, une dizaine d'années de culture de coton OGM Bt pourrait entraîner la destruction totale des organismes du sol, laissant la terre morte, incapables de produire la nourriture.

Il y a quelques années, nous avions demandé un moratoire de cinq ans avant d'introduire la culture du coton OGM. Aujourd'hui, le doute n'est plus permis. Il faut interdire la culture du Coton Bt de Monsanto au Burkina (comme la fait le gouvernement d'Andhra Pradesh, un état du sud de l'Inde), et dans toute la CEDEAO.

* Maurice Oudet est président du SEDELAN

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