Rwanda : 20 ans après le génocide
Pour les 20 ans du génocide au Rwanda, Pambazuka News prépare une édition spéciale. Vos contributions sont les bienvenues.
Ce mois d’avril, les Rwandais vont marquer le 20e anniversaire du génocide de 1994. En seulement trois mois, environ 800 000 personnes, essentiellement des Tutsis et des Hutus modérés, avaient été massacrés dans les tueries horribles d’un génocide, sous les yeux du monde.
Des centaines de milliers de femmes ont été systématiquement violées, plus de 300 000 personnes ont survécu au chaos et quelque 650 000 ont été déplacées à l'intérieur. On estime à 2 millions les réfugiés qui ont fui vers la République démocratique du Congo (Rdc).
Comment a évolué le Rwanda durant ces deux décennies qui onrt suivi le génocide ? Et que réserve l'avenir pour cette nation de 11 millions d’habitants ?
Selon le président Paul Kagame, dont l’Armée patriotique rwandaise (Apr) a pris Kigali le 4 Juillet 1994 et mis fin au génocide, le Rwanda a réalisé «des progrès sans précédent».
«Sans précédent» (ou un superlatif équivalent), est devenu le terme préférée des milieux gouvernementaux pour décrire les progrès socioéconomique et politique, la paix et la stabilité qui ont caractérisé le Rwanda jusqu'à présent.
«Aujourd'hui, le gouvernement rwandais est félicité au niveau international pour ses réalisations dans l'égalité des sexes, la reconstruction et la réconciliation, l'éducation primaire universelle, l'accès aux soins de santé, en plus d’un engagement continu à des initiatives axées sur la culture qui produisent des résultats pour tous les Rwandais et l'utilisation de la technologie pour améliorer la vie de tous les Rwandais» , assure Kagame .
Beaucoup de gens se félicitent de la série de mesures prises par le gouvernement pour transformer les champs de bataille de 1994 en un pays stable et sûr. Au-delà de la poursuite des principaux auteurs du génocide par le tribunal spécial mandaté par l'Onu à Arusha, en Tanzanie, et par des tribunaux locaux, le Rwanda a usé du système judiciaire des «gacaca» en vue de promouvoir une justice réparatrice plutôt qu’une justice punitive pour les rescapés et les auteurs du génocide.
La propriété a été restitée aux familles des auteurs du génocide, en dépit des pressions portées sur le gouvernement pour redistribuer cette propriété aux survivants.
Quelque 40 000 prisonniers ayant pris part au génocide ont été libérés pour cause de vieillesse et pour des raisons humanitaires. Des lois ont été établies pour interdire des actes de vengeance.
Mais alors que le gouvernement vante les mérites de ces réalisations, les critiques estiment que le génocide a changé Rwanda en pire. Le pays, disent-ils, est beaucoup moins libre qu'il ne l'était avant 1994. Le Fpr au pouvoir a exploité la tragédie pour exercer un contrôle absolu sur tous les organes de l'Etat, avec des lois répressives, l'intimidation, les pratiques administratives et l'utilisation des services de sécurité contre l'exercice de leurs droits civils et politiques par les citoyens.
En fait, la plupart des dissidents du Rwanda - certains sont d'anciens proches du président Kagame - sont en exil, en prison ou sont morts .
Les critiques avertissent pour dire que le Rwanda se dirige vers un avenir incertain - compte tenu de l'intensité de la répression d’Etat contre la dissidence, la mise à l’encan des partis d'opposition, le contrôle serré des secteurs publics et privés par les élites tutsi alliées au président Kagame et la marginalisation systématique de la majorité hutue.
Kagame lui-même est évasif sur le fait de savoir s’il quittera ses fonctions conformément à la Constitution, après la fin de son second mandat qui se termine en 2017. Sa réélection en décembre 2013 par 99,5 pour cent des voix, en tant que président du Fpr, et l'absence de tout concurrent sérieux pour le poste laissent croire que le Parlement, qui est sous le contrôle de son parti, pourrait changer la Constitution pour lui conférer le droit à un troisième mandat .
Pour commémorer les 20 ans depuis le génocide et appeler à une réflexion critique sur la situation actuelle, Pambazuka News prépare un numéro spécial sur le Rwanda.
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