Tous ceux qui jouaient les oiseaux de mauvais augure et prédisaient ce genre de comportement malsain brandissent aujourd’hui l’étendard de la peur et de la haine devant les agressions sexuelles et actes de violences commis par de jeunes réfugiés en Allemagne. Pourtant, il ne faut pas faire d’amalgame.
C’est avec effroi et stupeur que la population a appris les agressions sexuelles et actes de violence que des jeunes gens ont commis contre des femmes à Colo¬gne la nuit du 31 décembre 2015. Alors que la fête battait son plein à Cologne la nuit de la St-Sylvestre, 1 200 jeunes gens ont attaqué sans raison des jeunes filles. Les assaillants étaient composés d’immigrants dont un certain nombre sont des requérants d’asile. La plupart d’entre eux sont originaires du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) ou des pays arabes (Syrie, Irak).
Ces jeunes gens ont encerclé des femmes seules ou accompagnées. Ils les ont harcelées sexuellement et abreuvées d’insultes que la décence ne permet pas de rapporter. Ils leur ont également volé leurs téléphones cellulaires et porte-monnaie. Certains au¬raient tenté de les violer. Selon les dernières informations publiées, de nombreuses femmes ont déclaré avoir été agressées verbalement, physiquement et sexuellement. Les assaillants opéraient à 20 ou 30 contre une fille ou un couple. Des jeunes gens auraient été également agressés sexuellement.
De tels actes de violence ont eu lieu en même temps à Berlin, Ham¬bourg, Brême, Nuremberg, Düs¬seldorf et Stuttgart. Il semblerait que ces bandes de jeunes se sont organisées à travers les réseaux sociaux comme facebook. Actuel¬lement les langues se délient.
A Cologne, 562 femmes ont déposé une plainte contre X pour harcèlement sexuel, précédé de vol de cellulaire et objets personnels.
Ce genre de délits (violence, vols et agressions sexuelles de masse) a provoqué la stupeur générale et choqué tout le monde. Cet incident grave aura vraisemblablement un impact sur la politique d’asile.
L’Alle¬magne a accueilli à bras ouvert un million de réfugiés, venus principalement du monde arabe. Tout un système d’information a été mis en place dans les communes afin de favoriser une intégration harmonieuse de tous ces réfugiés. Or, cet incident conforte le parti nazi et les mouvements extrémistes tels que Pegida, qui, depuis septembre, protestent contre l’entrée massive de jeunes gens issus d’un autre univers culturel. Il est évident qu’un tel incident ajoute de l’eau à leur moulin. Tous ceux qui jouaient les oiseaux de mauvais augure et prédisaient ce genre de comportement malsain brandissent aujourd’hui l’étendard de la peur et de la haine.
Pourtant, il ne faut pas faire d’amalgame. Etre Arabe ou musulman ne signifie pas être agresseur sexuel ou terroriste latent. Dans toutes les communautés socioculturelles, il y a toujours des brebis galeuses qui jettent l’opprobre sur les honnêtes gens. Dans ce cas précis, les assaillants stigmatisent tous ces réfugiés qui ont fui leur pays, à la recherche d’un havre de paix. Les immigrés dans leur grande majorité respectent les lois du pays. Les Arabes et Magrébins en Allemagne sont indignés face à ces actes criminels. La plupart des réfugiés craignent que cela leur attire des ennuis. Ils ont honte du comportement de ces criminels qui salissent toute la communauté des réfugiés.
Or, il va falloir séparer l’ivraie du bon grain. La plupart des réfugiés sont hautement motivés et aspirent à se construire une nouvelle existence. Il va donc falloir au niveau des communes intensifier la politique d’information, faire comprendre aux jeunes issus d’horizons différents que selon la Convention de Genève, les réfugiés ont des droits mais aussi des devoirs. Le respect de la personne humaine vaut pour tout le monde conformément à l’article 1 de la Constitution allemande «la dignité de l’être humain est inaliénable».
Les droits humains sont sacrés. On n’insulte pas quelqu’un à tort et à travers et on ne traite pas une femme de prostituée, uniquement parce qu’elle se promène seule, sort seule ou vit seule. L’égalité entre les sexes est une réalité que les réfugiés doivent accepter même si dans leur pays d’origine cela n’existe pas.
En Allemagne, une femme n’est pas tenue d’être accompagnée d’un homme de jour comme de nuit pour se faire respecter. Au niveau des communes, il va falloir renforcer les principes du vivre ensemble et du respect réciproque.
La violence est honnie dans la psyché des gens en Allemagne; même si la violence domestique envers les femmes existe surtout au sein des couples et dans la sphère privée. Très souvent, l’auteur de tels actes de violence est un parent proche ou un ami de la famille.
Selon les statistiques de l’U¬nion européenne, une femme sur trois est victime de violence sexuelle en Europe. Il ne sert à rien de pointer du doigt à ces jeunes immigrés et faire comme si les cas de violence et agressions sexuelles n’existent pas en Allemagne. Ce serait du tout nouveau.
Ce qui est par contre inconnu et qui constitue un phénomène nouveau, c’est cette violence de masse organisée, ce harcèlement sexuel à grande échelle. L’effet de surprise explique probablement pourquoi les services de sécurité et de police n’ont pas été en mesure de protéger les victimes de ces agressions. Il est évident que les agresseurs doivent être sanctionnés conformément aux lois prévues pour un tel délit. Le prétexte qu’ils étaient en état d’ébriété ne peut pas être une circonstance atténuante pour leur acte criminel et le mouvement de panique qu’ils ont provoqué. En se focalisant sur l’origine culturelle et religieuse de ces jeunes délinquants, on confine le problème de la violence sexuelle contre les femmes aux problèmes des réfugiés.
Le débat doit être élargi à celui de la violence envers les femmes quelle que soit l’origine de la personne qui commet une agression sexuelle. Pour une femme qui est agressée ou violentée, l’origine culturelle de son agresseur ne joue aucun rôle. Un criminel est un criminel, qu’il soit Allemand, Maghrébin ou Arabe.
Un certain nombre de ces délinquants sont nés et ont grandi en Allemagne et ils n’ont pas réussi à s’insérer dans la vie active. Ce sont des proies faciles pour les fauteurs de troubles.
Les élus locaux doivent veiller à ce que la politique d’intégration prévienne le développement d’une société en marge de la société allemande, qui pourrait se laisser séduire par leur argumentaire.
Le système éducatif qui rejette bon nombre de jeunes issus de l’immigration, doit également se sentir interpellé par une telle situation.
Ce serait dommage qu’un tel incident freine l’engagement des millions de bénévoles qui travaillent sans relâche pour le bien-être des réfugiés.
Nous sommes tous interpellés par la question du harcèlement sexuel qui est au cœur des débats actuels. La manifestation de Cologne contre le racisme et le sexisme est une réponse claire aux racistes qui veulent profiter de cette situation pour développer ressentiment et haine vis-à-vis des étrangers. La violence sexuelle envers les femmes nous concerne tous. C’est un problème universel.
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** Pierrette Herzberger-Fofana, est titulaire d'un doctorat de philosophie de l'université d'Erlangen-Nuremberg (Allemagne)
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