Malgré le mouvement glorieux du peuple burkinabé, il reste encore beaucoup à faire pour s'assurer que la victoire du peuple ne soit pas volée par les forces réactionnaires, comme cela est arrivé dans le passé. Ce qui est nécessaire maintenant, c’est de l’audace, encore de l'audace, et encore plus d'audace.
Les événements du 31 octobre 2014 conduisant à la révolte populaire au Burkina Faso qui a entrainé le départ de Blaise Compaoré du pouvoir, constituent un point majeur de changement pour l'ensemble de la région ouest-africaine, et probablement l'Afrique dans son ensemble. L’action d’éclat du peuple burkinabé a mis à la honte les prophètes de malheur et opposants qui estiment que seuls le désespoir et la misère peuvent venir d'Afrique. Les Burkinabé ont montré la route qui doit être prise par les peuples africains s’ils veulent la paix, la prospérité et le progrès. C’est le chemin de la lutte populaire.
Dans les années 1980, le Pays des hommes intègres a donné à l'Afrique l'un de ses illustres fils en la personne de Thomas Sankara. Sankara a lancé un programme de réformes progressives qui a fait du Burkina Faso la fierté de l'Afrique et du monde. Après seulement quelques années de mandat, Sankara a été assassiné le 15 octobre 1987 par Compaoré, qu’il pensait être un ami de confiance et camarade. La trahison de Compaoré, non seulement a mis fin à cette expérience audacieuse, mais entraina le Burkina Faso dans ce que Kwame Nkrumah appelait « la maison de jeu du capitalisme " .
L'esprit de Sankara, leader charismatique et légendaire, qui aurait transformé le continent s’il ne nous avait pas quitté si tôt, a triomphé lors de ces événements récents. En prenant des mesures contre les tentatives de corruption de Compaoré de s’accrocher au pouvoir, les Burkinabé ont parachevé jusqu'à un niveau élevé le plus célèbre maxime de Thomas Sankara disant : “Vous pouvez tuer les révolutionnaires, mais vous ne pouvez pas tuer les idées ".
Nos ancêtres ont lutté pour la libération de l'Afrique de leurs maîtres coloniaux. Ils ont fait ce qu'ils pouvaient pour accéder à l'indépendance politique. Ils ont estimé que de «chercher le royaume politique, toutes autres choses viendraient à eux». Cependant, ils ont échoué à parvenir à la libération totale, celle qui signifie la capacité de décider par eux-mêmes leur propre destin sans ingérence extérieure.
La cause fondamentale de l'échec des mères et pères de notre indépendance politique était que beaucoup sont devenus complaisants par rapport aux résultats de leur lutte, et plus porté à imiter leurs anciens maîtres dans les structures d'exploitation de leurs compatriotes, la plupart du temps en agissant uniquement en qualité d'agents du système impérialiste mondial.
Ils ont choisi de profiter des gains que leur nouveau statut politique leur procurait, plutôt que de répondre aux exigences essentielles d'une indépendance véritable. Ils ont oublié que les raisons qui les avaient fait obtenir cette indépendance devaient se poursuivre même davantage, notamment parce que leurs anciens maîtres faisaient tout pour retrouver ce qu'ils avaient perdu entretemps.
Dans le contexte mondialisé d'aujourd'hui, comme dans les temps passés, toute avancée que notre peuple a accompli, les forces impérialistes se sont réunies pour la mettre en péril. Qu’un soulèvement populaire soit authentique ou manigancé de l'extérieur, comme on l’a vu souvent au cours des dernières années, que ce soit en Afrique du Nord ou ailleurs, la vigilance est de rigueur.
Le message qui venait de la jeunesse dans les rues de Ouagadougou pour le reste du continent est clair :
CECI EST UNE REVOLUTION PAR LA JEUNESSE. NE LAISSEZ JAMAIS VOTRE CONSTITUTION ETRE MODIFIEE POUR SATISFAIRE LES OPPRESSEURS DU PEUPLE. NOUS AVONS REUSSI A LE FAIRE ICI. CELA EST POSSIBLE AILLEURS.
Malgré le mouvement glorieux du peuple burkinabé, il reste encore beaucoup à faire pour s'assurer que la victoire du peuple ne soit pas volée par les forces réactionnaires, comme cela est arrivé dans le passé. Ce qui est nécessaire maintenant, c’est de l’audace, encore de l'audace, et encore plus d'audace. Nous croyons que l'érosion des valeurs fondamentales d’éthique promues par la révolution de Sankara, telles que la promotion de partenariats aux niveaux national, continental et international pour faire face aux effets d'étouffement de la mondialisation et de l'imposition de politiques néolibérales entrave le progrès vers la libération totale. Ainsi, aux Burkinabé, nous disons :
CONTINUEZ A VOUS ORGANISER DANS LES STRUCTURES DE BASE, POUR QUE CETTE VICTOIRE SOIT LA VOTRE ET NON CELLE DE QUELQU’UN D’AUTRE. NOUS ENSEMBLE AVEC LA POPULATION COMBATTANTE DU CONTINENT AFRICAIN VOUS SOUTENONS FERMEMENT ET SOLIDAIREMENT !
Nous exprimons notre total accord avec la déclaration faite par les dirigeants de l'opposition burkinabé et les militants qui dit :
LA VICTOIRE NEE DE CE SOULEVEMENT APPARTIENT AU PEUPLE, ET LA TACHE DE GERER LA TRANSITION REVIENT DE DROIT AU PEUPLE. EN AUCUN CAS ELLE NE PEUT ETRE CONFISQUEE PAR L’ARMEE.
Ce qui doit aussi être mis en évidence c’est ce que le reste de l'Afrique et les Africains du monde entier, devrait faire pour soutenir les changements progressifs qui continuent de se produire, veiller à ce qu'ils restent sur le parcours correct conduisant à une plus grande justice sociale pour les masses.
Au cours des trois prochaines années, au moins douze pays africains seront confrontés à des situations politiques similaires à celles rencontrées par le Burkina Faso. Ces pays sont l’Angola, le Burundi, le Tchad, le Congo, la République démocratique du Congo, Djibouti, la Guinée Equatoriale, la Gambie, le Rwanda, le Soudan, le Togo et l’Ouganda. Les gouvernements dans ces pays peuvent recourir à des moyens douteux ou illégitimes pour rester au pouvoir contre la volonté du peuple pour des alternatives politiques pacifiques. Pour certains de ces pays, le processus de manigance a déjà commencé.
Nous joignons nos voix pour appeler à un rassemblement de toutes les forces progressistes à travers la grande Afrique pour prendre position dans la lutte et pour la solidarité avec la cause du peuple burkinabè qui sont toujours en danger de voir leur victoire contre l'oppression néocoloniale récupérée par les forces réactionnaires.
A travers l'ensemble du continent où les dictateurs sont toujours au pouvoir, les masses africaines sont en train d’apprendre de l'expérience politique récente burkinabé et sont en totale solidarité avec le peuple du Burkina Faso pour leur action historique ayant mis fin à un régime oppressif qui a duré 27 ans.
Unies dans la lutte Pan-Africaniste qui continue de rechercher le meilleur pour nos peuples, nous soutenons fermement ce que nos frères et sœurs Burkinabè ont maintenant accompli.
LES ORGANISATIONS SIGNATAIRES
1. All-Afrikan Students Union Link (Europe)
2. Black Activists Rising Against Cuts (UK)
3. Cercle de Reflexion Kwame Nkrumah (Belgium)
4. Don't Be Blind This Time (Switzerland)
5. Global Afrikan Congress (UK)
6. Grassroots All-Afrikan Women's Sisterhood of the Grassroots Women's Internationalist Solidarity Action Network (UK)
7. Humanitarian Organisation Icumbi (Russia)
8. Interim National Afrikan People's Parliament (UK)
9. Ishema Party (Scotland)
10. Kilombo Network (Ghana and UK)
11. Moyo wa Taifa Pan Afrikan Women’s Solidarity Network (UK)
12. Organising for Africa (UK)
13. Organisation Sociale Africa Union (Russia)
14. Pan African Institute for Development (Ghana)
15. Pan African Union (Sierra Leone)
16. Pan-Afrikan Forum (Ghana)
17. Pan-Afrikan Liberation Solidarity International of the Global Justice Forum (UK)
18. Pan-Afrikan Network (Europe)
19. Pan-Afrikan Reparations Coalition (Europe)
20. Peace and Love for African Youth (Ethiopia)
21. Zimbabwe Pan Africanist Youth Agenda (Zimbabwe)
18 Novembre 2014
Londres, Royaume Uni
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