Les résultats des élections américaines étaient annoncés très serrés et certaines prédictions donnaient même Romney vainqueur. Mais les minorités, les femmes et d’autres groupes n’ont pas voulu replonger dans les affres d’une administration républicaine affairiste. La reforme du système de santé a également eu son mot à dire.
Alors que l’on s’attendait à des résultats serrés, voire au retour des Républicains aux affaires, la victoire d’Obama est limpide. Près de 100 grands électeurs de plus que Mitt Romney et le gain dans la majorité des Etats. Les Etats clés n’ont donc pas ‘’swingué’’. Un vrai triomphe pour « Barack l’Africain » qui a dû batailler jusqu’à la dernière minute, faisant même tomber la chemise pour prendre le téléphone et inciter les électeurs indécis à aller voter.
Les Etats Unis viennent donc de mettre fin à un suspense qui a duré jusqu’au jour ‘’J’’ et, surtout, tourner la page d’une présidentielle qui a failli diviser le pays en deux blocs : entre les ‘’boursicoteurs’’, passez-moi l’expression et les trimeurs. Entre les Américains d’en haut qui ont choisi le camp républicain et ceux d’en bas qui n’attendaient, pour rien au monde, hypothéquer quelques privilèges que leur a consentis par l’administration sortante. Alors, on a bataillé ferme !
C’est à raison que dès la proclamation des derniers résultats lui donnant la possibilité de rempiler, Barack Husein Obama s’est empressé d’appeler Romney à travailler avec lui ‘’ pour faire avancer les Etats-Unis’’. Le président américain à également dit haut et fort que ‘’nous sommes une famille qui doit rester unie’’ comme pour apporter un soin radical à la fissure que la campagne à occasionnée et qui a vraiment mis en adversité ‘’deux Usa’’.
Obama a bien fait de recadrer la situation. Car les quatre prochaines années qu’il passera à la Maison Blanche, avec une Chambre des représentants dominée par les Républicains, risquent d’être épiques. Il lui faut donc toute la diplomatie nécessaire pour rassembler et centrer sa politique pour pouvoir mener à bien ses nombreuses promesses de premier mandat qui attendent toujours des débuts de solution. Il reste fort à parier que le premier président des Etats-Unis devra dépoussiérer ses rapports avec les Républicains qui ont été très tendues durant son premier mandat.
QUAND LES MINORITES FONT LA DIFFERENCE
Obama doit sa réélection aux minorités : aux hispaniques surtout, aux noirs, aux asiatiques et j’en passe, mais aussi aux femmes et d’autres groupes comme les lobbies homosexuels. En difficulté face à un Romney disposant d’arguments économiques solides et misant à fond sur un bilan quasi-négatif de son adversaire, Obama ne doit son salut qu’à la ruée de dernières minutes de ces catégories qui généralement votent à gauche. ‘’Grâce à Obama, j’ai droit à une couverture médicale’’, me disait dame basée à boston. ‘’Je n’entends pas la perdre et je vote et appelle à voter Obama’’.
Comme cette dame, de nombreux électeurs ont pris conscience de l’enjeu à la toute dernière minute. ‘’Nous ne pouvons laisser les Républicains revenir au pouvoir pour servir les riches de Wall Street et nous dépouiller des avantages que nous avons eus grâce à la persévérance d’Obama. Nous devons donc tout faire pour barrer la route à Romney’’, s’époumonait un Hispanique que les mesures d’Obama sur l’immigration ont permis à des membres de sa famille de régulariser leur situation aux Etats-Unis, après de nombreux années de peur d’expulsion.
Parmi les mesures salutaires d’Obama figurent en bonne placee la légalisation de la situation des homosexuels, la loi autorisant l’avortement et la couverture médicale universelle pour des millions des citoyens américains. ‘’Sans ces lois, qu’il a très souvent fait passer au forceps, Obama n’avait aucune chance de se faire élire face à un Mitt Romney qui avait tout misé sur le bilan économique médiocre du président’’, croit savoir John Barns, un sociologue américain qui estime que ‘’dans ces résultats inattendus pour l’hôte de la Maison Blanche, le social a écrasé l’économie’’.
LE SOCIAL CONTRE L’ECONOMIE
En somme, hormis la mise à mort de Ben Laden, le bilan de Barack Obama était à désirer au plan politique comme économique. La preuve, lors du premier face-à-face avec Romney il avait été mal à l’aise au point de laisser son adversaire prendre le dessus. Face à un adversaire qui avait fait monter les enchères en plaçant l’économie au cœur de la présidentielle, l’espoir était mince de convaincre autrement les Américains. Une posture qui a permis au candidat républicain de galvaniser ses troupes et de remonter dans les sondages.
Mais, en gardant l’angle sur ses acquis sociaux et en recourant à fond au levier de ‘’Commander in Chief’’, Obama a limité les dégâts à un moment crucial, la période entre les trois débats. La reforme du système de santé a ratissé large et Sandy est venu faire le ménage, lui permettant ainsi, toujours dans le registre social, notamment par sa solidarité et sa compassion remarquées vis-à-vis de ses compatriotes touchés à plein fouet par la catastrophe, de redresser le front. Les Américains en ont tenu compte et ont opté pour le social plutôt que l’économie. Ouf ! Qu’il vient de loin le premier président africain-américain aux Etats-Unis.
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** Mohamed Mboyo Ey’ekula est journaliste
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