Culture africaine et siècle de technologie : Diversite culturelle et communication interculturelle

Internet offre aujourd’hui des avantages de tous ordres dans le domaine de la culture, notamment en matière de promotion de la diversité culturelle et de la communication interculturelle. La méfiance des acteurs et animateurs culturels est cependant encore forte devant la faiblesse des contraintes légales sur le réseau Internet, ainsi que l’insuffisance de mesures correctionnelles et de protection contre le piratage. Mais il reste que pour Christy-Aurore Masamba les possibilités de mondialisation culturelle sont une belle opportunité.

A l’ère du 21eme siècle, le monde est une sphère de plus en plus petite dans laquelle les éléments sont interconnectés. Le numérique et la digitalisation ont favorisé ce rapprochement par une révolution des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication. Les NTIC. Le temps, l’espace, la succession des événements dans la chaine de l’histoire mondiale et au niveau des acteurs de la communauté internationale ont démontré l’importance de la préservation du passé de notre humanité, de nos diversités culturelles et de la coopération internationale. Il fallait ainsi offrir à la postérité une option susceptible de combiner la sauvegarde de la mémoire d’un people, la perpétuation de son expression culturelle intrinsèque et l’utilité des rapports interplanétaires a travers les outils de l’évolution technologique.

Désormais, au-delà des moyens de communication traditionnels d’information, le vent du modernisme a apporté un changement perceptible dans le cheminement de l’information. Un espace, d’échange d’idées, accessible a tous: Internet. En matière culturelle, le réseau Internet revêt le double rôle d’être à la fois : “ Un moyen de communication de masse favorable aux échanges interculturels et à l’émergence des diversités culturelles”, mais aussi un support pour l’aménagement de l’information et de la documentation. D’un autre point de vue, Internet représente un challenge en ce qui concerne la législation en milieu virtuel.

I. Les NTIC, outils d’échanges interculturels, de préservation et de distribution des données culturelles

Les NTIC sont aujourd’hui une réalité socioculturelle, psychologique et économico-politique a laquelle même les moins réceptifs sont tentes d’être soumis. Dès sa vulgarisation dans les années 80, Internet a provoqué un courant de pensée mitigé. En ce sens que certains y ont vu un apport aux métiers de l’information et de la documentation, tandis que d’autres y ont perçus une menace pour le secteur du copyright étant donné le vide juridique qui existait dans ce domaine a l’époque, notamment pour ce qui est du commerce via Internet.

Les nouvelles sources info-documentaires, tels que les forums électroniques, les revues électroniques, les images et documents multimédia, les sites web, les conférences en ligne, les livres électroniques, etc., sont des outils nécessaires à la communication interculturelle et à la vulgarisation de la diversité culturelle.

Par ailleurs, il n’est plus à démontrer que les technologies numériques sont un renforcement à certaines procédures de préservation du patrimoine culturel mondial. Les ports USB, les disquettes, les unités centrales d’ordinateurs, les mémoires électroniques, les bases de données informatisées sont tous des réceptacles de l’information et, par ricochet, des sources de préservation et promotion de la diversité culturelle.

La transformation des modalités de communication que nous apportent les NTIC, entre autres, via Internet, permet l’écoulement, sans limite de frontière, de l’information au niveau des acteurs culturels, des animateurs culturels et des amoureux de la culture.

Un des autres nombreux avantages de l’utilisation des NTIC est la possibilité de pouvoir réaliser des banques de données informatisées, des bibliothèques électroniques et des véritables centrales info-documentaires des plateformes au contenu numérique et des espaces de documentation interactifs.

A travers les NTIC, les institutions culturelles et scientifiques, les scientifiques et les acteurs de la culture peuvent collecter, numériser, stocker, diffuser et échanger des données culturelles. Ces différents processus contribuent à la valorisation des diverses cultures que nous découvrons de par le monde.

II. Le réseau Internet, cadre de promotion/vulgarisation pour les activités culturelles, scientifiques et linguistiques

Le réseau Internet avec sa floraison de surfaces interactives offre au monde un canal par lequel s’opère le brassage des cultures en temps réel et par plusieurs groupes différents. L’espace Internet permet une panoplie d’actions en faveur de l’émancipation de la culture :
- L’émergence des artistes et de leurs œuvres ;
- La valorisation de la diversité culturelle ;
- La vulgarisation des événements culturels ;
- La stimulation de l’interculturalité ;
- La dynamisation des savoir-faire traditionnels ;
- La sauvegarde des expressions linguistiques...

Cependant, il se pose la problématique de l’accès au réseau Internet. Citons à cet effet, les pays du tiers-monde. Bien qu’Internet facilite la distribution de l’information et des échanges interplanétaires, certaines couches sociales n’en bénéficient pas. Par exemple, en Afrique où on dénombre plusieurs cas liés soit à :
- Des problèmes électriques et de matériel informatique ;
- La méconnaissance de l’utilisation des NTIC ;
- Des soucis socio-économiques qui restreignent les opportunités d’accès ;
- Des politiques gouvernementales dans lesquelles non seulement l’alphabétisation n’est pas une priorité, mais en plus, l’initiation a l’informatique n’est pas prévue.

Dans le même ordre d’idées, le site web de la chaine BBC News a présenté, le 8 avril 2009, les résultats d’une enquête qui révèle les difficultés techniques de connections Internet auxquelles le continent se voit confronté. Sous le titre « Will Africa join broadband revolution », l’article dévoile que la majorité des pays d’Afrique sont reliés à Internet par des connections satellitaires pendant que les pays développés d’Europe, d’Amérique du nord et d’Asie utilisent depuis plusieurs années la technologie des fibres optiques avec plus de 500 câbles de fibres optiques sous-marins. En ce moment, l’Afrique dans toute son entièreté n’en compte que 10.

III. La protection de la propriété intellectuelle sur Internet

L’expansion de l’utilisation des NTIC a focalisé l’attention sur les difficultés d’application des règles juridiques sur Internet particulièrement en matière :
- Des œuvres multimédia ;
- Des photographies ;
- Des articles on-line ;
- Des bases de données ;
- Des logiciels.
L’utilisation du réseau Internet à généré le « commerce électronique » source de revenus pour beaucoup d’internautes. Néanmoins, les éditeurs traditionnels, les producteurs de musique ou d’œuvre audiovisuelles, les animateurs culturels, les promoteurs et acteurs culturels demeurent réticents à proposer leur œuvre sur le réseau et certains d’entre eux ne vivent même pas du produit de la vente de leur œuvre.

Cette méfiance des acteurs et animateurs culturels ressort du fait de la faiblesse des contraintes légales sur le réseau Internet et aussi de l’insuffisance de mesures correctionnelles et de protection contre le piratage (cybernétique) tout simplement. Nous distinguons deux catégories de droit en matière de propriété intellectuelle :
- La propriété littéraire et artistique (les droits d’auteurs ou œuvre de l’esprit) et les droits voisins ;
- La propriété industrielle (le droit des marques et les droits portant sur les brevets).

L’aspect juridique du réseau Internet ne paraît pas sécurisant pour le commerce électronique bien qu’il en soit un outil propice pour la vente de certains produits culturels que sont les livres et les DVD. Il faudrait pourtant noter qu’il n’existe pas de modèle économique approprié pour la redistribution desdits produits on-line.

L’émulation provoquée par le networking et le souci de la légalité des rapports que l’utilisation du réseau Internet suscite, engageront la communauté internationale à convenir d’un nombre d’accords axés sur le renforcement de la protection juridique des spéculations sur Internet mais aussi sur les aspects que présente la Culture elle-même. Car, en accord avec le dictionnaire Nouveau Petit Robert de la langue française de 2007, la Culture, au sens du thème général de la conférence, est l’ensemble des aspects intellectuels propres à une civilisation, à une nation.

« La culture n’est pas une marchandise. Elle n’est pas gratuite non plus. Néanmoins, les prix doivent être harmonisés et permettre une attractivité suffisante ». Cette déclaration prononcé le 21 janvier 2005 par Renaud Donnedieu de Vabres, ancien ministre français de la Culture et de la Communication, illustre assez bien l’importance de la culture, le refus de la marchandisation de la culture mais aussi le fait que les révélateurs de cette culture, à savoir, les artistes, animateurs culturels, promoteurs de la culture et autres éprouvent, dans un esprit de survie, le besoin de pouvoir vivre de leur art.

Deux conventions internationales, regroupant plus de 80 pays et ayant pour vocation de permettre une protection minimale et quasi planétaire des œuvres de l’esprit, ont été conclues:
- La Convention de Berne du 9 octobre 1889 placée sous l’égide de l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ;
- La Convention de Genève du 6 septembre 1952 organisée par l’UNESCO et visant à protéger les droits d’auteurs sur les œuvres littéraires, scientifiques et artistiques.

Le fait est que sur Internet, la plus grande difficulté réside dans le caractère transfrontalier du réseau face au morcellement des législations nationales. Par des conventions internationales et des accords entre Etats il y a possibilité d’harmoniser les principes de responsabilité et de droit applicables. Les normes internationales, les règles d’usage, l’autoréglementation et les pratiques contractuelles viennent s’ajouter au droit étatique pour appliquer une législation sur Internet. Les solutions sont donc d’ordre soient techniques (cryptographie), juridiques, politiques (coopération internationale) ou économique (autorégulation).

Quelques instruments juridiques internationaux de la protection de la Culture sont :
- La Déclaration Universelle de l'UNESCO sur la Diversité culturelle de 2001 ;
- La Convention de l'UNESCO sur la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel de 2003 ;
- La Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de mars 2007.

Ces instruments juridiques internationaux démontrent la volonté de la communauté internationale à vouloir léguer aux générations futures des valeurs culturelles traditionnelles et modernes en vue de promouvoir une civilisation mondiale multiculturelle.

IV. Conclusion

Internet, aussi connu pour être le plus grand réseau d’ordinateurs interconnectes, est un regard du monde sur le monde; il met a disposition des internautes des avantages tels que :
- S’informer et informer ;
- Rencontrer des individus et retrouver des connaissances ;
- Trouver des opportunités d'affaire, des produits et des offres de service;
- Faire des recherches ;
- Acheter et vendre des articles ;
- Voyager virtuellement ;
- Organiser des évènements.

Ces avantages appliqués au domaine de la culture sont favorables à la promotion de la diversité culturelle et à la communication interculturelle. Les concepts de diversité culturelle et de communication interculturelle appliqués à l’utilisation des NTIC impliquent plusieurs notions dont voici une liste non exhaustive :
- L’interculturalité qui suppose l’existence d’une relation entre les personnes qui appartiennent à différents groupes culturels ;
- La médiation interculturelle qui est l’aptitude à pouvoir communiquer avec des groupes de personne de culture diverses ;
- La communication interculturelle qui est la capacité d’organiser, planifier et gérer toute activité de communication de langues étrangères à l’aide d’outils de communication spécifiques multilingues et multimédias ;
- La compétence interculturelle qui est la capacité à pouvoir communiquer, avec succès, avec différents groupes culturels ;
- Le dialogue interculturel qui est un processus d’échange de vue ouvert et respectueux entre des personnes et des groupes de différentes origines et traditions ethniques, culturelles, religieuses et linguistiques.

Quatre siècles après le siècle de lumière, la technologie et la culture créent une dynamique de diffusion et de promotion transfrontalière. On parle aujourd’hui de ‘’mondialisation culturelle’’

Bibliographie

1. Intervention de Jean MICHEL, ENPC, Conseiller du Directeur de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussés, Consultant en management de l’information et documentation, 2005 ;
2. ‘’ Will Africa join broadbandrevolution’’, BBC News, 8 april 2009. www.bbc.co.uk;
3. Carine JEZEQUIEL, Alexandra LEMMENICIER et Ludovic BILIN, La protection de la propriété intellectuelle face aux nouvelles technologies de l’information et de la communication ; Université Paris Dauphine, Février 1999 ;
4. John LEVINE et Carole BAROUDI, Internet for dummies, 2005, 10ème ed. Wiley Publishing Inc;
5. ‘’ Oui à la circulation des œuvres, non à la culture’’. www.latribunedelart.com;
6. Conseil de l’Europe, 118ème session ministérielle, ‘’ Livre blanc sur le dialogue interculturel : Vivre ensemble dans l’égale dignité’’, Strasbourg 7 mai 2008 ;
7. Miquel RODRIGO ALSINA, ‘’ La communication interculturelle’’, 18 mars 2000. www.aulaintercultural.org;
8. Caroline OUELLET, Qui fait la loi sur Internet ? Censure ou liberté, droit et responsabilité, Les Presses de l’Université Laval, 1998.

* Christy-Aurore Masamba, Assistante chargée de la Coopération Internationale, Centre international des civilisations Bantu (CICIBA)

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