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Le phénomène dahalo dans le sud de l’Ile actuellement nous rappelle ce qui se passait à Madagascar pendant la période coloniale. Il s’agissait, à cette époque, des mouvements patriotiques ou nationalistes qui militaient contre les pratiques de l’administration coloniale.

Au mois de janvier de cette année 2012, dans le cadre de préparation de notre thèse en Histoire, nous avons eu l’occasion d’interviewer des personnes âgées dans la commune de « Marotandrano », district de « Mandritsara » et région de la Sofia, sur les événements de 1947. Des témoins sont encore en vie. En général, ces derniers qualifient le mouvement comme un acte de banditisme, de brigand qu’ils appellent « fahavalo », du fait qu’ils s’adonnaient à des pillages de zébus durant leur passage. Voici ce que comment Magnes Bernard à propos de ce mouvement : « Chaque village vécut désormais dans la crainte des rebelles auxquels il faudrait fournir sous la menace hommes et ravitaillement » . (1)

Devant le phénomène malaso actuel, beaucoup pensent que ces malaso ne sont pas des simples voleurs de bœufs, mais des rebelles.

Le nom de « Tokanono » a été exprimé maintes fois par nos interlocuteurs de ce temps-là (1947). Les uns disent que c’est le nom du chef et les autres disent que c’est le nom de talisman, « ody », et que le nom du chef est « Leringa ». Selon toujours les informateurs, la bande de « Tokanono » détenait une force magique, appelée « ody bala ». Quand l’armée coloniale tirait, les rebelles disaient « rano ! »(eau !), et le fusil n’éclatait pas. Toutefois quand les tabous (fady) n’étaient pas respectés, les balles pouvaient pénétrer les rebelles.

A l’heure actuelle, on parle aussi de « Tokanono » en tant que la femme accusée d’être magicienne ou « ombiasa » de fameux « Remenabila ». Est-ce qu’il s’agit d’une simple coïncidence ?

Durant les accrochages, de nombreux autochtones sont tombés par balle. Du côté de l’armée coloniale, des dizaines de morts furent enregistrés, dont le célèbre sergent Clère, très connu par les vieillards de « Marotandrano ».

Il est à souligner qu’à cette époque, le « tondro molotra », la dénonciation par simple indication de la bouche, suffit pour condamner à mort un individu. Voici ce qu’est mentionné dans l’ouvrage de Rabearison : « Todiarivo d’Anjiro avait, dit-on, donné à manger aux nationalistes ré voltés. Donner à manger à ces rebelles ? Quel crime abominable ! On le rechercha et ramena. Il fut jugé et condamné à mort. Son fils « Iadanitavola » apprit la triste nouvelle. Il se dit : « Je ne survivrai pas à cela ». Alors il rejoignit son père et ne le quitta plus ; il l’étreignit de toute la force de ses bras. Les Français tirèrent et la balle partit ; le fils et le père moururent en même temps. Un feu fut allumé et consuma ces deux chairs innocentes » . (2)

A nous de réfléchir sur les mesures déjà prises et ce qui devraient l’être. Les Malagasy méritent de vivre en paix.

NOTES
1) Magnes Bernard, Essai sur les Institutions et les coutumes des Tsimihety, Bulletin de Madagascar, n°89
2) Rabearison, les Tsimihety face à leur destin, imp FBM-DL, n° 2000-7-69, page 47

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** Christophe Rajaofera, Enseignant-Chercheur en Histoire de l’Université de Mahajanga. Extraits de travaux de recherche pour l’obtention d’un doctorat en histoire

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