Entre abus sexuels, trafics et voyeurisme macabre, la Monusco, mission des Nations Unies au Congo s’avère être un vrai gâchis. Juste bons à parader, il est difficle de dire pourquoi tous ces casques bleus qu’elle chapeaute sont sur le territoire congolais. Pourtant, ils sont venus garantir la paix, l’intégrité du pays et surtout protéger les populations civiles livrées aux massacres et exactions des troupes rwandaises sans qu’elle ne bouge quand elle ne détale !
Le renouvellement de son mandat avait été laborieux du fait du désamour que lui témoigne le peuple congolais. Pour la faire admettre de nouveau à ses hôtes, un lifting avait été nécessaire. Sa mission a été arrondie pour, avait-on soutenu à New York, la rendre plus efficace et vraiment ‘’utile’’ aux Congolais. Car sa première mandature durant, son rôle été apparu très ‘’trouble’’ et avait fait l’objet des vives critiques, surtout pour son incapacité à protéger les populations civiles victimes des massacres, viols et autres exactions.
La Monusco est surtout décriée par les Congolais parce qu’ils ne se font pas à l’idée que son déploiement demeure sans effet sur la sécurité et la paix. Pour beaucoup, sa mission cachait mal des arrières-pensées nourries par les grandes puissances, notamment les Etats unis, qui ne rêveraient que d’une chose : mettre la Rd Congo sous tutelle pour avoir la mainmise sur ses incommensurables richesses, objet d’une prédation sans précédent dans l’histoire de l’humanité depuis la décolonisation. La déstabilisation du pays qui continue malgré la présence des casques bleus est illustrative.
Mais la tare congénitale de la mission onusienne au Congo de Lumumba, la plus grande déployée par l’ONU dans le monde, c’est surtout sa passivité face aux invasions rwandaises répétées sur le territoire congolais avec leurs lots des massacres, viols et déplacements des populations civiles. Des agressions que la Monusco semble laisser faire et ne fait rien pour les repousser de manière à donner un vrai sens à sa raison d’être au Congo. Du coup, elle s’avère plus un gâchis qu’autre chose. Pourquoi donc avoir déployé autant des casques bleus incapables de quelque utilité si ce n’est de rendre la vie de leurs hôtes plus difficiles ?
Des casques bleus, il faut le relever, qui, en matière de prouesse au Congo, sont plutôt mal réputés. A plusieurs reprises, ils ont été éclaboussés par des scandales : viols, abus sexuels, détournements des mineurs et, aussi et surtout, trafics des manières précieuses et d’animaux. Ainsi, plutôt que de sécuriser les populations et de jouer aux soldats de paix, ils s’illustrent dans des actes qui heurtent la morale et le bon sens. Et se comportent vis-à-vis des Congolais en touristes aisés, les paies dodues de l’ONU aidant, et s’adonnent à toutes les flagorneries sans frais !
Malgré les errements de ses soldats, le commandement de la Monusco a, elle, bonne conscience. Chaque semaine et surtout grâce à sa puissante radio ‘’Okapi’’ qui colonise les ondes congolaises, il ne manque de faire des rapports qui vantent sa mission. Ainsi, auprès de l’opinion internationale, les casques bleus semblent utiles dans un pays où 40 femmes sont violées à la minute, selon Human Right Watch, au moins dix mille personnes tuées par mois et des autochtones congolais chassés de leurs villages et remplacés par des Rwandais du fait des conflits armés qui se déclenchent au nez et à la barbe de la même Monusco.
COMPLAISANCE AVEC LES CREATEURS DES GUERRES
La Monusco incapable d’assumer sa mission de garantir la paix au Congo, débordée de toutes parts, est surtout mal vue des Congolais pour ce qui apparaît comme ses accointances avec les ‘’créateurs des guerres en RD Congo, plus particulièrement à l’Est du pays’’, les Rwandais en tête. En moins de dix ans de présence onusienne, le pays ne compte pas moins des dix conflits armés qui, tous, partent du même pays : le Rwanda. CNDP et M 23, des supposées rébellions, toutes créées à partir du Rwanda et par des rwandais notoires comme Nkunda et Ntagada, sont un exemple.
Face à toutes ces dérives guerrières rwandaises, nommées indécemment rébellions pour maquiller la vérité, la Monusco s’est toujours mise en position passive. Comme si son mandat était de favoriser la prolifération des conflits armés au Congo, voire d’aider les voisins à l’agresser sans fin. Mais, c’est aussi comme si la Monusco était là pour aider à la matérialisation d'une idée que les Rwandais ne cachent plus : la balkanisation du territoire congolais que l’on s’évertue à vider de ses populations à chaque agression.
C’est dans ce contexte que l’on peut décrypter la posture de la Monusco depuis la survenue de la nouvelle agression rwandaise contre le Congo. Baptisée M 23, cette énième agression dont le chef d’orchestre est James Kabarabe, ministre de la Défense rwandaise et agissant au nom de Kagame, démontre à suffisance que les casques bleus font dans la complaisance. Car, non seulement ils étaient au courant de sa préparation et ont élaboré la liste de ses principaux instigateurs, tous des Rwandais, mais ils les ont laissés matérialiser leur œuvre criminelle et prospérer avant d’agir timidement.
Et d’ailleurs, n’eut été l’ébruitement du rapport des experts des Nations Unies épinglant Kigali dans cette énième agression maquillée du Congo voisin, les casques bleus auraient continué à jouer à leur passe temps favori : observer les dégâts qu’occasionnent ces actions militaires rwandaises avec des jumelles. Pas d’interposition, pas d’exigence de respect du territoire d’un pays souverain et pas non plus de protection des populations civiles dont les pertes se chiffrent aujourd’hui à 5 millions de morts, selon des estimations optimistes.
Dès lors, on est en droit de se demander que font les casques bleus au Congo et quelles sont les arrière-pensées qui sous tendent leur mission. Dans un éditorial plein de colère posté dimanche sur facebook, Mufoncol Tshiyoyo, président du mouvement politico-militaire congolais RAP, qui se bat contre l’occupation rwandaise de son pays, lâche : ‘’Nous informons l’opinion nationale congolaise que les récents évènements de Bukavu reflètent la situation réelle de l’Est du Congo et ce depuis l’entrée de l’AFDL en 1997. Le Kivu est dirigé depuis cette époque par la République du Rwanda’’.
Cette esquisse du président du RAP est aussi la raison du combat que mène l’APARECO, un mouvement politique qui prône la libération du Congo-Kinshasa de l’occupation rwandaise par les armes et surtout l’éviction de ‘’Joseph Kabila’’, présenté comme un imposteur, un Rwandais qui s’est bombardé Congolais par le mensonge. Des sentiments qui rendent encore plus précaire la posture de la Monusco que Mufoncol, dans son éditorial au vitriol, qualifie de ''force d’occupation associée aux troupes rwandaises et à la solde de la communauté internationale’’.
DES CONGOLAIS EXIGENT SON DEPART
De plus en plus, des mouvements congolais armés qui se sont créés suite au constat d’occupation du territoire congolais par le Rwanda, sujet tabou de la communauté internationale, ne rêvent que d’une chose : le départ des casques bleus du Congo pour en découdre avec les Rwandais. ‘’Les casques bleus nous empêchent de libérer notre pays. Chaque fois que nous prenons les armes, ils se mobilisent pour nous affronter alors que vis-à-vis des Rwandais, ils sont inactifs et laissent faire’’, accuse le Colonel Dona de l’Action pour la Reconstruction du Congo Zaîre, ARCOZ, un autre mouvement politico-militaire.
Ce sentiment est généralisé au sein de l’opinion congolaise. M.B, sociologue n’est pas assez dur pour décrier l’action des casques bleus. ’’Depuis qu’ils sont là – les casques bleus- la fréquence des viols des femmes congolaises connaît une hausse vertigineuse. En plus, ce qui heurte la conscience, c’est qu’ils observent les troupes rwandaises massacrer nos populations sans réaction’’, dénonce t-il. ‘’Ils doivent quitter notre pays et nous laisser nous-même défendre la terre de nos ancêtres’’, exige un autre Congolais, membre de la société civile, qui a requis l’anonymat.
A analyser les exacerbations du sentiment patriotique chez les Congolais et du dépit vis-à-vis des casques bleus, le risque est désormais grand que les Congolais, écoeurés par la complaisance de la communauté internationale à l’égard des agresseurs rwandais, n’adoptent la logique d’un combat frontal avec les Rwandais. Une hypothèse qui risque d’embraser à long terme la région des Grands Lacs que Kagame a, à force de vouloir jouer avec le feu, mis sens dessus sens dessous. C’est ça l’incongruité d’un mauvais voisinage.
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** Mohamed Mboyo Ey’ekula est journaliste
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