Faute de crédit et de prestige international, le régime d’Ali Bongo se lance dans une stratégie mondiale de communication. Tous les moyens y passent, au coût le plus fort, alors que les urgences sont ailleurs pour un peuple qui s’enfonce dans la pauvreté.
Le régime illégitime le sait. Il veut donc utiliser la passion des Gabonais pour le football en la détournant en sa faveur. Ii est impopulaire depuis son coup d’Etat électoral en 2009 lorsqu’il a été installé par Sarkozy-Guéant-Bourgi.
Comme Ali Bongo est l’homme le plus impopulaire du pays, y compris dans la province originelle d’Omar Bongo, le Haut-Ogoué, dont il ne parle même pas la langue, une vaste opération de communication est menée au niveau international pour rendre M. Bongo fréquentable. Ceux qui tirent profit de l’organisation de tels événements voudraient distiller l’idée selon laquelle c’est un homme « éclairé » et « moderne », alors que la répression est féroce et impitoyable et que règne une atmosphère de terreur envers ceux et celles qui s’opposent au régime. Les commandes d’armes se poursuivent notamment dans les derniers temps vers la Turquie. La vidéosurveillance de Libreville est surdéveloppée non pour lutter contre la délinquance, mais pour mieux surveiller les opposants. Des délinquants sont d’ailleurs utilisés pour agresser les opposants.
La dernière trouvaille est d’avoir fait venir le week-end du 3 et 4 août les équipes du Psg et de Bordeaux à Libreville, capitale du Gabon.
A l’aide du réseau des pays pétroliers, de l’Opep à laquelle fait partie le Gabon, et de ceux qui gèrent le Qatar, le Psg et Bordeaux, deux équipes françaises, viennent faire un tour au Gabon sans se soucier de ce qui se passe au Gabon. N’oublions pas que dans années 1970-80, le Gabon était considéré comme le « Qatar de l’Afrique ». Le Qatar est développé et le Gabon, avec seulement 1,5 million d’habitants, sombre dans le sous-développement. En 50 ans, le Qatar est devenu un des propriétaires du Psg tandis que le Gabon en est toujours au même point : le sous-développement le plus total et la croissance de 6% dont parle le régime ne profite qu’à 1 % de la population.
Un nouveau scandale d’État ? Le chiffre de 800 000 euros par match circule lorsqu’il n’y a pas d’eau courante à l’hôpital général d’Oyem ,dans le Nord du Gabon (province du Woleu-Ntem). Les structures de santé au Gabon sont dans un état de délabrement à tel point que les malades doivent venir à l’hôpital général de Libreville avec leurs médicaments.
Le putschiste livre une « interview » dans le Figaro le 3 août, journal qui a soutenu de bout en bout Nicolas Sarkozy. Disons que cette interview a dû être écrite par les nouveaux Thénardier du Gabon, M. Attias et l’ex-Mme Sarkozy, qui ont trouvé au Gabon un nouvel Eldolrado financier.
Dans « l’interview », on est horrifié de voir Bongo – ou ceux qui ont rédigé l’interview pour lui car il en est bien incapable – oser citer Senghor, alors que chacun sait que le clan Bongo a très peu fréquenté les établissements scolaires. Le savoir n’a jamais été leur passion. Ils n’ont jamais aimé la culture. Leurs diplômes ont été obtenus sur interventions partout dans le monde aux fins de leur donner un minimum de respectabilité. La forfaiture et la manipulation n’ont donc aucune limite.
De plus, le concept du« donner et du recevoir », chez Senghor, se fait dans le cadre du dialogue des civilisations des peuples du Sud et ceux du Nord. Utiliser cette citation n’a pas de sens dans le contexte d’une opération de promotion business, telle que le régime l’a mise en œuvre.
A nouveau, le conseil exécutif du Mouvement Civique du Gabon dénonce la gabegie financière, A la vue de ce spectacle, il est logique que la France n’ait pas retenu le Gabon, pays à revenu intermédiaire, au nombre des pays prioritaires de l’aide publique au développement. Pour autant, le peuple gabonais continue à souffrir. Pascal Cafin a annoncé que l’utilisation des crédits rassemblés pour le développement et la reconstruction du Mali sera vérifiable à partir d’un site internet. ll serait bon que cette disposition, faite pour combattre la corruption et les détournements de fonds, soit élargie au Gabon, notoirement connu pour la prédation, le gaspillage la captation des budgets publics. Il serait en effet indécent d’accorder la moindre aide à un pays capable de dépenser de telles sommes pour faire venir des équipes françaises de football, même si elles sont prestigieuses.
Il est inacceptable que le régime tente de récupérer les sportifs gabonais. On sait par exemple que Aubameyang, jeune prodige du football, est Français. Mais, il a accepté de mettre sa compétence au service du pays de son père. Ni sa formation en football, ni son éducation n’ont été assurés par le pouvoir, mais par ses parents. Son père est Pierre Aubame, ancien entraîneur national de l’équipe gabonaise et ancien international en Europe et en Amérique latine. Il est donc curieux que le régime tente de récupérer Aubameyang. C’est donc le talent individuel d’un jeune Français, avec une double culture, qui aime son pays le Gabon et qui a mis son talent au service du peuple gabonais , et ce malgré le régime.
Il en est de même dans d’autres domaines sportifs. Par exemple, le régime a décidé de« tuer » le cyclisme gabonais, qui, grâce aux efforts de Thomas Franck Eyaà, commençait à sortir de l’inconnu pour le porter à l’international.
Le ministre de la Jeunesse et des sports et quelques aigrefins de son ministère ont décidé, en complicité avec la fédération internationale de cyclisme, de l’écarter de la direction de la fédération, qu’il avait crée avec ses deniers personnels dans la plus grande solitude, pour placer un homme-lige, plus docile et prêt à partager l’argent du cyclisme avec ses maîtres et ses complices.
Le Conseil d’État, plus haute juridiction gabonaise, a donné raison aux arguments de M. Eyaà. Mais, au Gabon, contrairement à tous les pays du monde, un ministre peut s’opposer à une décision de justice. Et ce ministre continue de narguer le Conseil d’État. Où sommes-nous donc ? Quel est ce pays dans lequel un ministre peut s’affranchir des décisions des plus hautes juridictions ?
Le Gabon perd ses dernières libertés publiques en même temps qu’il décline au plan économique. Une bande d’escrocs, sous la coupe d’un « directeur de cabinet » béninois, son gourou vaudou, quasi illettré, met le pays sous coupe réglée. Des officines de barbouzes sont recyclées pour servir les intérêts mafieux de la Françafrique. Les Gabonais sont sensés assister en spectateurs au spectacle ou d’être heureux sur commande du régime qui leur offre les « jeux du cirque » à travers le sport business et ses filières internationales…
Autre contribution du régime à la destruction de la démocratie : l’anéantissement de la Cité de la démocratie, symbole des évènements de 1990, dans laquelle aurait dû être proclamé le nom du vainqueur à la présidentielle de 2009, Pierre Mamboundou ou André Mba Obame, à Libreville, qu’il veut transformer en… terrain de golf, sport totalement inconnu au Gabon. Il en existe un autre actuellement à Libreville (quartier Lalala fréquenté par l’élite locale et les Européens qui sont passionnés de golf).
Est- ce que l’urgence au Gabon était d’envisager un terrain de golf ? Que faut-il faire ? L’heure est à la révolte. « Indignons-nous pour notre pays ». Il faut que ce régime Bongo, de pure communication, soit chassé. Le peuple gabonais est patient et digne. Nous n’accepterons pas longtemps qu’on vienne nous marcher dessus au vu du monde entier jusqu’à devenir la risée.
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** Mengue M’Eyaà est présidente du conseil exécutif du Mouvement civique du Gabon (www. Mouvementciviquedugabon)
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