L’intervention militaire française a ouvert une nouvelle situation, pour le Mali bien évidemment, mais aussi dans les relations entre la France et le continent. Elle pèsera aussi, dans le débat futur, sur le livre blanc consacré à la défense nationale.
ORIGINE DE LA CRISE DU MALI
L’affaiblissement de l’Etat malien a permis aux djihadistes, notamment d’Aqmi, d’utiliser le territoire malien comme sanctuaire. Cet affaiblissement est lié à plusieurs paramètres :
POLITIQUE D’AJUSTEMENT STRUCTUREL
Cela a souvent été souligné, a juste titre, les politiques d’ajustement structurel menées au Mali ont considérablement affaibli les structures de l’Etat, dont certaines fonctions ont été remplies par des Ong, ce qui a contribué à délégitimer l’Etat aux yeux d’une population en proie aux dégradations de leurs conditions sociales. Le tissu économique a été privatisé, la santé et l’éducation ont été déstructurées.
CORRUPTION IMPORTANTE
La corruption est extrêmement forte parmi les élites du pays, notamment parmi le clan d’Amadou Toumani Touré (ATT), l’ancien président, qui a été renversé par le coup d’état. Cette corruption a touché tous les lieux de pouvoir et de décision qu’ils soient civils, politiques et militaires. Cette corruption a été nourrie par les différents trafics opérés dans le nord du Mali.
Ces trafics vont de l’essence, aux cigarettes, mais passent aussi par les trafics humains d’africains qui veulent rejoindre l’Europe en utilisant les passeurs ainsi qu’au trafic de drogues qui génère des sommes extrêmement importantes dont une partie arrose les décideurs maliens qui ferment les yeux sur l’utilisation du territoire malien : selon le dernier rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (Unodc), 18 tonnes de cocaïne auraient transité par l’Afrique de l’Ouest en 2010, après un pic de 47 tonnes en 2007. D’autres sources avancent une moyenne annuelle oscillant entre 40 et 80 tonnes. La valeur totale de la cocaïne ayant traversé depuis dix ans le Sahara avoisinerait les 15 milliards d’euros. (1)
L’ACCORD DE 2006
Dans le nord du Mali, après les mouvements de guérilla qui ont été mené par une partie des Touarègues, un accord signé à Alger en 2006 a eu notamment pour effet de démilitariser le Nord du pays. Ainsi les militaires, gendarmes et policiers étaient en nombre plutôt symbolique ce qui a favorisé, non seulement l’éclosion de différents trafics, mais aussi permis, dans les années 2004, aux djihadistes algériens du GIA, transformé en Gspc puis en Aqmi, de faire de l’extrême nord du Mali une base arrière.
LA POLITIQUE DE LA FRANCE
Les autorités françaises sont confrontées à une insécurité dans le Sahel préjudiciable à leurs intérêts, notamment au nord du Niger avec l’exploitation des mines d’uranium par Areva.
Malgré les pressions de Paris, Amadou Toumani Touré ne veut pas engager d’opération militaire d’envergure contre les djihadistes, du fait de la corruption, mais aussi de la faiblesse de l’armée malienne. Il analyse fort bien qu’un revers pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur la stabilité du pays. Le quai d’Orsay va donc soutenir le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla) fusion de Touarègues anciens de la légion islamique de Kadhafi et d’une partie d’un autre groupe, le Mna, qui s’était lancé dans la guérilla dans les années 2000. Pour Paris, l’idée est que le Mnla puisse sécuriser la zone sahélienne, ils avaient pour eux, la connaissance et du terrain et l’expérience des combats.
Mais cette stratégie de contournement de l’Etat malien par le MNLA va se révéler catastrophique. Le Mnla a eu son propre agenda et, dès le début, fait une alliance avec les djihadistes pour conquérir les principales villes du Nord du Mali et décréter l’indépendance du nord du Mali.
DEUX ELEMENTS MARQUANTS
Le premier élément marquant est bien sûr la conquête des deux tiers du Mali par le MNLA, en alliance avec les djihadistes qui prendront, quelques mois plus tard, le contrôle des principales villes en expulsant par la force les éléments du Mnla. C’est le début, pour les populations, d’un long calvaire imposé par des bandits, déguisés en musulman pour reprendre l’expression d’une femme de Tombouctou. Arbitraire, torture et viol sont les risques encourus par la population qui, au début, tentera de résister mais en vain devant les violences des djihadistes.
Cette attaque va provoquer un traumatisme dans l’armée malienne, partagé par la population, notamment avec l’exécution de plusieurs dizaines de soldats, prisonniers de guerre, à Aguelhok, fusillés ou égorgés par les rebelles du Mnla et des djihadistes. Ces attaques vont montrer aussi au grand jour la déliquescence de l’état malien et l’incurie de ses responsables. C’est dans ce cadre qu’une mutinerie éclate à Kati, une ville garnison située à une quinzaine de kilomètres de la capitale Bamako. Les mutins vont se diriger vers le palais présidentiel, ils ne rencontrent quasiment pas de résistance et se retrouvent au Palais, juste après que ATT se soit échappé in extremis. Le pouvoir vient de tomber, le responsable de la mutinerie, le capitaine Sanogo prend le pouvoir.
Rapidement ce coup d’état va rencontrer un écho favorable dans les milieux populaires et provoquer l’effroi des dirigeants maliens, mais aussi parmi les pays voisins du Mali et de la France. La peur est forte que ce coup d’Etat initie une dynamique populaire incontrôlable qui risque d’ébranler la sous région, aussi rapidement la Cedeao (l’organisme qui regroupe les Etats africains de l’Ouest), largement dominé par la France, vont tout faire pour casser cette rébellion et rétablir l’ordre ancien sous le prétexte de respecter l’ordre constitutionnel. Après moult efforts ils y arriveront en mettant Dioncounda Traoré, le président de l’Assemblée Nationale et l’Homme de ATT, comme président par intérim.
POURQUOI L’INTERVENTION MILITAIRE DE LA FRANCE ?
La question mérite d’être posée au regard des multiples débats qui ont eu lieu et les raisons évoquées peuvent modifier l’approche du positionnement politique sur cette intervention. Pour cela nous discuterons des arguments qui sont, soit peu convaincant, soit faux. Mais nous rappelons les deux raisons majeures qui expliquent l’intervention.
LA PROTECTION D’AREVA
Nous reprenons les chiffres d’un texte précédent : Le nucléaire en France, on le sait, est particulièrement développé : 78% de notre électricité provient du nucléaire. La fourniture d’uranium, des mines du Niger situées à proximité du Mali, représente entre 30 et 40 % du total de l’approvisionnement d’AREVA et 1/3 des centrales nucléaires tournent avec l’uranium nigérien. (2) D’autre part, le prix acheté par Areva au Niger est inférieur de 40% au prix du marché. D’autant que le pouvoir français compte sur le nucléaire pour réduire les émissions de gaz carbonique et tente de prendre, en ce domaine, le leadership mondial. »
LE ROLE HISTORIQUE DEVOLU A LA FRANCE DE STABILISATION ET D’ASSERVISSEMENT DES REGIMES
La France a un rôle particulier dans le dispositif impérialiste mondial celui d’assurer la stabilité politique des Etats africains francophones au profit du système capitaliste mondial. C’est ce qui explique d’une part le nombre d’interventions militaires (plus d’une cinquantaine depuis les indépendances formelles des pays africains) et, d’autre part, que la France peut intervenir militairement à plusieurs reprises dans des pays où elle n’a quasiment aucun intérêt économique. C’est le cas par exemple du Tchad. Il est important d’intégrer cette donnée car elle évite, au moins, deux écueils, celui de chercher à tout prix des intérêts économiques et ainsi risquer de survaloriser ces intérêts au détriment de la réalité et, le deuxième écueil, est celui de lire les interventions des crises avec le prisme du syndrome de Fachoda, c’est-à-dire une guerre ouverte entre la France et le monde anglo-saxon en Afrique.
DES ARGUMENTS PEU CONVAINCANTS
C’est ainsi que, parfois, des explications sont avancées pour l’intervention française en mettant en exergue les intérêts financiers de la France au Mali. Ils existent certes, mais ils sont faibles. En 2010, le Mali était en 165e position des pays partenaires de la France et, toujours à la même époque, les relations économiques entre la France et le Mali étaient estimées à 262 millions d’euros.
L’autre point, qui est parfois avancé, est la richesse du sous-sol malien ; dans le nord du pays, elle est seulement probable et si ces richesses sont avérées, leur exploitation n’aura lieu qu’à moyen terme. Ainsi il est difficile de croire que l’intervention s’est faite pour que la France soit en position dominante sur l’extraction de ressources qui pourrait commencer dans une dizaine d’années. !
DES ARGUMENTS FAUX
Une partie de la gauche africaine est convaincue que les attaques des djihadistes seraient le fruit d’une manipulation des Usa, outre que cela révèle une vision complotiste de l’histoire, elle est surtout factuellement fausse. Les Usa n’ont pas pour ambition de créer des Emirats dans le sahel, tout comme la France n’a pas le projet, comme cela a été dit, de redessiner les frontières des pays sahéliens dans un but de refaire une Organisation commune de la région sahélienne (Ocrs), projet de De Gaulle qui fut par la suite abandonné. L’impérialisme, qu’il soit américain ou français, n’a pas besoin de tout cela pour piller les sous-sols des pays sahéliens comme on peut le voir avec la France au Niger et en Mauritanie ou les Usa au Tchad et en Algérie.
UNE NOUVELLE SITUATION, UNE DEGRADATION DU RAPPORT DE FORCE
L’intervention française au Mali dégrade le rapport de force au détriment des forces anti-impérialistes pour plusieurs raisons :
1 - Elle légitimise aux yeux de la population française, aidée par un quasi consensus national, une intervention impérialiste à fortiori de l’ancien colonisateur. Cette légitimation est partagée aussi sur le continent africain. Ainsi aux yeux de la grande majorité il est normal que la France intervienne y compris dans des conditions légales très discutables, du fait de l’absence d’un mandat expresse de l’Onu sur un appel d’un président, élu par personne.
2 - Elle accentue la pérennisation de la présence militaire en Afrique ; à titre d’exemple on peut citer un extrait de l’interview de Fabius à un journal camerounais :
Comment la France va-t-elle assurer la sécurité dans le Sahel au moment où elle est en train de démanteler ses bases militaires ?
« Je ne sais pas où vous êtes allez chercher cette histoire de démantèlement. C’est bien la première fois que j’en entends parler. Nous sommes tout à fait présents au Tchad et dans beaucoup d’autres pays d’Afrique. Nous sommes même présents dans le Golfe. Heureusement que nous sommes présents. Sinon, je ne vois pas comment nous aurions pu mener cette opération, extrêmement efficace et saluée par tous les Africains, au Mali. »(3)
3 - Cette intervention renforce des dictatures africaines. La diplomatie française a besoin que son intervention militaire soit soutenue par l’ensemble des pays africains, ainsi les dictateurs vont s’empresser de soutenir cette politique néo coloniale pour, en retour, bénéficier de la mansuétude de la France. On peut prendre plusieurs exemples :
- Djibouti où le président Guelleh va à la session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad)(4). Le but de ce voyage inhabituel est de se solidariser avec la France au Mali, quelques semaines plus tard la diplomatie française approuve les élections législatives de la dictature djiboutienne par la voix de son ambassadeur, René Forceville, qui : « n’a constaté rien d’anormal quant au déroulement du scrutin législatif », malgré les morts et les emprisonnements d’opposants.
- Au Tchad, soutien sans faille de la France au régime Déby, qui fournit l’essentiel des forces africaines tant en nombre qu’en expertise au Mali. Lors de l’anniversaire de la disparition de l’opposant, Ibni Oumar Mahamat Saleh éliminé par les sbires de Deby, Paris s’est abstenu du moindre commentaire. Pourtant Saleh a disparu lors d’une opération militaire de la France pour soutenir le régime en place.
- En Côte d’Ivoire, Ouattara a accédé au pouvoir grâce aux blindés français, depuis la gestion du pays est clanique et ne respecte pas les droits de l’homme :
Un haut responsable de l’ONU a affirmé samedi à Abidjan que des cas de torture et de détentions arbitraires se sont produits récemment en Côte d’Ivoire, pays où l’armée est accusée d’avoir commis de nombreuses exactions en réagissant à une vague d’attaques (5)
Evidemment là aussi pas une seule critique du gouvernement français vis-à-vis de l’ex n° 2 du FMI qui préside la Cedeao et cautionne toutes les manœuvres françaises.
- Au Cameroun, à l’occasion de la détention arbitraire d’une franco camerounaise, la Chambre criminelle de la Cour de cassation a autorisé les enquêtes judiciaires contre le président Biya :
« Les faits de torture et de barbarie et ceux de détention arbitraire dénoncés par la plaignante peuvent comporter légalement une poursuite et, à les supposer démontrés, revêtent une qualification pénale ; qu’en se prononçant comme elle l’a fait, sans avoir vérifié par une information préalable la réalité des faits dénoncés dans la plainte et leur qualification pénale éventuelle, la chambre de l’instruction a méconnu les textes ».(6)
Cette situation inédite révèle l’étendue des violations des droits humains dans ce pays ; pourtant, lors de la visite de Biya chez Hollande ou celle de Fabius à Yaoundé, pas une seule critique n’a été émise contre cette politique, le Cameroun étant fournisseur de troupes à la force africaine au Mali. On est bien loin de la com. de Hollande lors de la conférence de la francophonie à Kinshasa où il refusa ostensiblement d’applaudir le discours de Kabila en signe de protestation du fait des violations des droits humains dans ce pays.
Cette liste est loin d’être exhaustive.
4 - L’intervention renforce le poids de l’armée, ainsi Hollande a déclaré que son budget ne baisserait pas, et ceci au détriment des besoins sociaux des populations en France. L’intervention renforce aussi le poids politique de la hiérarchie militaire dans la politique française en Afrique. Ce n’est pas un hasard si survient la démission forcée de l’ambassadeur de France au Mali, Christian Rouyer, au profit de la candidature de Gilles Huberson, ancien militaire proche des services spéciaux.
LA SITUATION AU MALI
Quelques éléments pour apprécier la situation au Mali après l’intervention française :
1 - Capacité des djihadistes à mener une guerre asymétrique qui conforte le pouvoir militaire. Une partie des djihadistes qui ont fui se sont éparpillés autour des grandes villes comme Gao et Tombouctou et mènent désormais une campagne de harcèlement contre l’armée malienne, la Misma et les forces françaises. Ces opérations confortent un sentiment d’insécurité dans la population et renforcent les tensions intercommunautaires avec des risques de dérapages et la poursuite d’exactions déjà commise par les soldats de l’armée malienne.
2 - Crise humanitaire. Les populations dans le nord font face à une crise humanitaire importante du fait des problèmes d’accès à l’eau et à la nourriture. Les prix des produits de première nécessité ont très fortement augmentés du fait des difficultés d’approvisionnement tant de Bamako, que de l’Algérie où les frontières sont fermées. Les paysans n’ont pas pu semer et les troupeaux ont été, pour la plupart, décimés. Moins de 20% des fonds humanitaires ont été collectés.
3 - Stratégie du Mnla à conforter sa position dans la région de Kidal Le MNLA, après avoir quasiment disparu, revient sur le devant de la scène grâce à la France. Sur le terrain les éléments du Mnla aident les Français et les Tchadiens à débusquer les djihadistes, en contrepartie le Mnla peut contrôler la région nord-est du Mali. Déjà le Mnla a mis en place des cartes de sécurité obligatoires. Cette situation est des plus problématiques car elle conforte une hypothétique représentativité de la communauté touarègue qui est loin d’être vérifiée, à fortiori pour l’ensemble des populations du nord du pays.
4 - Augmentation du poids de la religion Le poids de la religion s’est vérifié, notamment, lorsque les dignitaires religieux ont empêché l’adoption du code de la famille, plus favorable aux femmes. Ils sont les seuls à pourvoir organiser des rassemblements de plusieurs dizaines de milliers de personnes et deviennent une alternative face à la désaffection des populations vis-à-vis des partis et des dirigeants politiques.
5 - Dégradation des rapports de force pour la gauche La première défaite de la gauche a certainement eu lieu quand la France et la Cedeao ont réussi à imposer Dioncounda Traoré comme président par intérim, empêchant ainsi la population malienne de se prendre en main pour libérer son pays des djihadistes. Ainsi l’intervention française est apparue comme la seule solution contre les djihadistes et la gauche radicale a été politiquement laminée. Le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’Indépendance (Sadi), principale force de la gauche radicale, a connu une scission importante. De plus l’Etat de siège empêche les militants Sadi de défendre leurs positions.
6 - La perspective d’élection Paris a exercé de fortes pressions sur Bamako pour que des élections se tiennent le plus vite possible, elles sont prévues en juillet, date qui ne permettra pas un déroulement électoral dans de bonnes conditions, tant au niveau des listes électorales que du recensement des réfugiés et déplacés. Mais le but n’est pas de rendre le pouvoir aux maliens pour qu’ils puissent enfin décider de la destiné de leur pays, mais de légitimer le pouvoir en place qui a une longue tradition de fraudes électorales. Ce dispositif préparera le retrait militaire de la France qui maintiendra une force opérationnelle d’un millier d’hommes, éventuellement positionnés dans un pays voisin, et une force de l’Onu d’une dizaine de milliers de soldats. Un type d’architecture comparable à celui de la Côte d’ivoire avec l’Onuci et la Licorne.
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NOTES
1 - http://www.lexpress.fr/actualite/mali-la-guerre-de-la-cocaine_1233028.html
2 - http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-ouest/mali/article/mirage-humanitaire-dans-le-desert
3 - http://www.camer.be/index1.php?art=25268&rub=6:1
4 - La Lettre de l’Ocean Indien N°1350
5 AFP 01/12/2012 à 16:07
6 Chambre criminel de la cour de cassation du 20 mars 2013
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