Pour bon nombre de Malgaches qui ont encore gardé un peu de bon sens, l’on ne saurait ramener tous les problèmes du pays à la seule question du retour de Marc Ravalomanana à Madagascar et à sa participation à l’élection présidentielle. Mais il importe de garder à l’esprit que s'il ne s'agit pas d'une condition suffisante, elle reste nécessaire.
Depuis trois ans, le principal obstacle à la résolution de la crise est constitué par le clash entre les ambitions de Marc Ravalomanana de retourner à Madagascar pour y briguer le pouvoir, et la volonté obstinée d’Andry Rajoelina d’empêcher un tel scénario. Bien que la question concerne les 20 millions de malgaches, elle s’est cristallisée autour de ces deux hommes.
Les efforts de la médiation ont longuement porté sur un élargissement des débats afin que cette question délicate ne soit pas omniprésente et empêche toute avancée : d’où le choix, en avril 2009, d’élargir les négociations à quatre mouvances, puis ensuite aux onze entités invitées à négocier la Feuille de route. Si cette approche a effectivement permis quelques avancées, elle n’a pu évacuer le problème principal : la volonté de l’un de tenter de reprendre le pouvoir, le refus par l’autre d’une telle possibilité.
Cette question prend en otage toute la population, et dévalorise considérablement la vie publique aux yeux des citoyens. Pour bon nombre de Malgaches qui ont encore gardé un peu de bon sens, l’on ne saurait ramener tous les problèmes du pays à une seule question : « Marc Ravalomanana doit-il être autorisé à rentrer à Madagascar pour se présenter dans la foulée à l’élection présidentielle ? ». Impossible pourtant de s’intéresser à la politique malgache sans se voir aussitôt sommé de répondre à cette question, et se voir catalogué en fonction de la réponse comme foza ou zanak’i Dada. Il n’y a donc pas que dans les salles de cinéma que Madagascar triomphe en caricature.
Tenir un référendum pour régler la question ne serait pas illogique et aurait le mérite d’être clair, mais cela risquerait d’exacerber les positions au delà du supportable. Au nom de la communauté internationale, la SADC a donc choisi de cesser de tourner autour du pot et elle a choisi de miser sur une rencontre entre les deux hommes, en espérant que celle-ci puisse déboucher sur un accord entre eux sur le sujet. Il y a là malgré tout un aspect « quitte ou double » qui ne peut que donner des sueurs froides.
Pour tenter de maîtriser les questions d’ego, la SADC a demandé à Joachim Chissano de reprendre du service : il faudra au minimum avoir le statut d’ancien chef d’État pour parler d’égal à égal avec les deux protagonistes, et se permettre de parler vigoureusement si nécessaire. Mais en observant ce qui se passe au cours de cette semaine, l’on est en droit de se demander si la SADC a véritablement pesé un des risques de son approche : le passé récent nous a démontré à plusieurs reprises que l’agenda de l’ancien chef d’État mozambicain était très chargé. Sera-t-il véritablement en mesure d’organiser rapidement la réunion, avant que les surenchères ne se manifestent à nouveau ?
Les éventuels reports risquent fort d’exacerber les attentes à un niveau difficile à gérer. Pour les vingt millions de Malgaches, il faudra pourtant garder à l’esprit que le rapprochement sur le sujet de la candidature de Marc Ravalomanana sera une condition nécessaire, mais certainement pas suffisante.
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