La représentation permanente et résidente du Fonds monétaire international (FMI) fermera ses portes sous peu. C'est grave ! Au moins à deux titres. Pour la simple raison que c'est le gendarme des transactions et assurances mondiales en matière de finances et de circulations monétaires. C'est le garant de l'ordre financier mondial par son contrôle ou sa veille active sur les pratiques financières et monétaires dans les Etats membres.
Dès lors que le FMI quitte définitivement un pays - ce qui n'a pas été le cas en 2008 sous le régime Ravalomanana où il était question de suspension motivée par des déviances financières (achat de Force One two et autres) - il ne garantit plus les opérations financières et le mode de gouvernance des finances et du budget de ce pays. En d'autres termes, les institutions financières ou les organismes de développement internationaux ou continentaux n'auront plus la garantie que les investissements qu'ils envisagent de mettre en œuvre dans ce pays soient conduits dans les normes de l'orthodoxie finan-cière.
Si donc jusqu'ici, seules les aides budgétaires ont été suspendues, dorénavant tous les projets à venir, non encore engagés et dont les crédits n'ont pas encore été débloqués peuvent être considérés comme anéantis, évanouis. Tel par exemple tout ce qui relève de la Banque mondiale (BM), de la Banque européenne d'investissement (BEI), de la Banque africaine de développement (BAD), de la Banque arabe de développement économique en Afrique (BADEA), voire des institutions et organismes internationaux asiatiques dans le giron de l'ASEAN. Ne parlons plus des entités membres des "Club de Londres" ou "Club de Paris".
Est-on conscient du problème ? Car si jamais, le pays décide de recourir au service du FMI, il faudrait tout recommencer à zéro, c'est-à-dire, faire une demande d'admission. Il faudrait des années pour obtenir la réintégration car avant cette échéance, un audit est incontournable, tout comme l'examen devant le Conseil d'administration et devant l'assemblée générale du FMI.
Apparemment et bizarrement, cette décision du FMI de rompre avec le gouvernement de Madagascar intervient au moment où la présidence du G20 échoit au président français Sarkozy. Faut-il rappeler également que le patron du FMI (Ndlr : Dominique Strauss Kahn) est un Français ? Quand on sait que cette décision signifie que le G20 y est indirectement pour quelque chose car il s'agit de finances et de gestions dans le respect de l'orthodoxie financière dans le monde, on mesure la portée de cette rupture. En tout cas, toutes les banques de premier ordre ou les « AAA » sont informées et prennent acte. Car si le gendarme plie bagage, cela ne peut signifier ni plus ni moins, qu'il n'y a plus aucun respect de l'orthodoxie financière dans le pays abandonné.
Dans ce cas, quid des "mécènes" qui pourraient venir à notre secours ? Car plus d'uns persistent et signent que le pays ne peut pour l'instant se passer de l'aide des bailleurs de fonds qui sont donc attachés au FMI, Il est vraisemblable que les garanties que ces " mécènes " exigeront soient plus consistantes et plus importantes…
Quel cauchemar ! Herizo Razafimahaleo est bien décédé !
* Ce texte de RAW a été publié dans l’édition du mardi soir 28 septembre 2010 du Courrier de Madagascar
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