Chefs de file de deux mouvances politiques à Madascar, les anciens présidents Ratsiraka et Ravalomanana vivent un exil forcé que Fetison Rakoto Andrianirina trouve attentatoire à leurs droits et liberté. Et au moment où le pouvoir en place travaille à restaurer la confiance dans l’espace politique, le maintien des sanctions qui les frappe lui paraît paradoxal et injuste.
L'illicéité des actes et décisions du pouvoir de fait ne se compte plus et il en est deux qui sont particulièrement arbitraires : les interdictions frappant successivement les présidents Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka et leurs collaborateurs de revenir librement à tout moment dans leur propre pays, mais aussi d'y circuler sans entrave et d'y résider où bon leur semble, comme le dictent les dispositions de l'article 13 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme.
Nous appelons à la mobilisation des démocrates de tous les pays, et en premier lieu ceux de Madagascar, compte tenu de ce que le pouvoir de fait d’aujourd’hui, issu d'un changement antidémocratique et qui se maintient au moyen de toutes sortes d'avanies et d'actes répressifs, n'a jamais hésité à instrumentaliser tous les rouages étatiques et administratifs, y compris ceux devant assurer les rapports de Madagascar et des Malgaches avec le monde extérieur.
Le respect des droits du citoyen nous oblige à dénoncer ces mesures d'interdiction frappant deux personnalités ayant occupé la plus haute fonction de l’Etat, au moment même où la nécessité d'instaurer un climat de confiance réciproque et d'apaisement politique est dictée par la recherche de solution consensuelle et inclusive à la crise qui perdure.
Le maintien actuel de ces sanctions attentatoires aux droits fondamentaux qui frappent deux chefs de file incontournables de deux mouvances politiques pleinement représentatives du peuple malgache, outre qu'elles constituent la preuve d'une volonté du pouvoir de fait de les décapiter ou tout au moins de les priver de figures de proue dans la phase finale des négociations en cours, doivent par contre provoquer et justifier de la part de la communauté internationale une forme concrète, immédiate et efficace de sanctions contraignantes à l'encontre des mêmes dirigeants du pouvoir de fait, lesquels étant déjà sous le coup de sanctions individuelles et ciblées décidées par l'Union Africaine le 17 mars 2010 et confirmées le 31 janvier 2011. Toute velléité de blocage pour une sortie de crise, d’où quelle vienne, privant le peuple malgache de son droit de jouir un climat serein et apaisé, est aussi condamnable.
L'absence de mesures dans ce sens serait interprétée comme l'acceptation implicite d'une sorte d'impunité et d’indulgence face à des atteintes aussi graves aux droits fondamentaux, et constituerait un très mauvais message d'encouragement à des pratiques auxquelles s'habituent les régimes dictatoriaux. Pour ce qui concerne Madagascar, de telles mesures sont d'autant plus urgentes qu'elles doivent permettre d'ouvrir une nouvelle phase de véritables négociations dans un climat de confiance réciproque au moment où la médiation internationale désignée par la SADC doit réussir à finaliser une solution de sortie de crise réellement consensuelle et inclusive, restaurant ainsi le droit du peuple de Madagascar de disposer des dirigeants de son choix.
* Fetison Rakoto Andrianirina est président de l' association des «Victimes du Non-Droit »
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