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Avant Maputo, Addis-Abéba, Prétoria… en passant par Antananarivo et autres capitales passées (ou à venir), on pouvait dire : « Faites vos jeux ! ».
Mais depuis Prétoria 1, qui supposerait un Prétoria 2 dans 15 jours (et pourquoi pas dans six mois ou un an ; car la crise devait être résolue depuis le 9 août 2009, donc neuf mois sont passés sans qu’aucune solution ait été trouvée), on doit dire : « On ne joue plus ! » ; car l’heure est grave, trop grave et l’échec retentissant, écrit Rabemahoro Jacques

(Les négociations de) Prétoria confirment l’incapacité des dirigeants malgaches passés et présents à trouver une solution de sortie de crise. Tous les pronostics d’échec se réalisent et toutes les thèses de rejet ou de mise en garde, tel le « TSZ3R » (Tout sauf Zafy, Ratsiraka, Ravalomanana et Rajoelina), abstraction faite des autres thèses (Françafrique) sont vérifiées… Dois-je féliciter les pronostiqueurs et les émetteurs de thèses ? Je m’abstiens. Car pour le moment c’est indécent ! Par contre s’ils peuvent nous pronostiquer quelque chose de positif et d’autres thèses de sortie de crise, j’appellerai à l’ovation.

Et qu’est-ce qu’on attend maintenant pour crier haut et fort : « Madagascar aux Malgaches ! » ? La plupart de ceux qui ont participé aux négociations au côté du GIC, de l’OUA, de la SADC et d’autres initiatives comme celles de Pretoria… sont des Malgaches. Ces Malgaches-là ont échoué ; mais il resterait encore quelques 20 millions de Malgaches qui sont restés loin des projecteurs internationaux, des manifestations tananariviennes et de quelques autres agitations « autorisées »…

Ce sont ces 20 millions qui subiront au quotidien les conséquences des échecs et des sanctions internationales ; ils sont restés dans le silence ou maintenus sous silence depuis un peu plus d’un an par des dirigeants incapables qui leur ont promis monts et merveilles, tout en mettant à sac le pays et, pour finir, le mettre à genoux économiquement. Et encore il faut leur dire hâtivement ou naïvement « Merci Monsieur le président ! ».

Il est plus que temps de redonner la parole au peuple. Chaque malgache en ce moment doit répondre : «Me voici ! Ecce ! Me voici ! Inty Aho ! ‘Zaho ‘Zay ! ».

Toutes les critiques doivent être rangées, car l’heure est trop grave et le pays paiera cher chaque minute qui passe (non plus heure, jour, semaine ou mois et pas un an de plus encore pour les « moramora ») : « L’art est difficile, la critique facile ».

Laissez entrer en lice les nouveaux bâtisseurs d’un Madagascar nouveau. Les quatre chefs de mouvances ont fait leur temps ; ils sont arrivés au sommet (Pretoria) de leurs incompétences ; on ne peut plus rien attendre de nouveau de leur part : zéro plus zéro fera toujours zéro ; quatre zéros ajoutés entre eux feront un zéro pointé ; comme le mariage de deux misères ne feront jamais une prospérité. Le seul jeu auquel nous sommes en droit de jouer maintenant est un jeu à « somme non nulle ».

Enfin, cela fait un an que le pays est sans Constitution. Pour ma part, je dis : « Me voici ! » ; je peux aider à donner une nouvelle Constitution au pays, en tant que pionnier et fondateur de la Faculté de Droit de Fianarantsoa (1985 , alors jeune Docteur en Droit de la Faculté de Toulouse), où j’étais professeur de Droit Constitutionnel, au côté de certains juristes, actuellement hauts conseillers de la Haute Autorité de Transition (HAT). Doter un pays d’une Constitution n’est pas « l’amer » à boire (Tsy misy mangidy tsy andramana) ; et je ne peux pas être pire que mes « collègues et non moins amis », selon l’adage universitaire.

Il est du devoir de chaque Malgache d’apporter maintenant sa part de brique en disant aussi : « Me voici ! », et en taisant toute ambition personnelle ; c’est à mon humble avis, la voie du pardon, de la réconciliation, de la reconstruction nationale et du Fihavanana qui doit passer avant tout entre proches voisins de chaque village (Mpifanolo-bodirindrina), sans un détour forcé par Prétoria, Maputo, Addis-Abeba… « Aza Mitavandra Na Miandry Raha Ho Latsaka» (n’attendez pas que tout tombe du ciel ; chacun doit balayer devant sa porte…).

* Professeur Rabemaharo Jacques est docteur en Droit, professeur d’Economie et de Gestion (Toulouse)

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