Dans un pays comme le nôtre où la saison des pluies est prévisible, on ne construit pas (plus ?) les routes de manière à canaliser et évacuer l’eau. On tiptop, année après année, les mêmes trous créées par le même manque de drainage.
Dans les pays avancés, on ne dépend plus, pour sa survie, que de l’eau tombée du ciel. Au contraire, les rivières sont détournées et des kilomètres de canaux et digues construits pour arroser de vastes champs. De même, l’eau/la neige tombée du ciel est barrée, détournée ou captée, préservée dans des lacs artificiels et réservoirs pour la consommation humaine. Il est rare que l’eau tombée du ciel, s’écoulant dans les rivières et fleuves, ne soit pas exploitée à plusieurs reprises (pour l’irrigation, la consommation, l’électrification) avant d’être déversée, sous forme certes plus polluée, dans la mer. A Madagascar, l’eau se déverse intouchée, sauvagement, dans la mer, emportant avec elle la terre rouge que la végétation n’arrive plus à retenir.
Est-ce vraiment possible que les derniers travaux d’ingéniorat hydrologique d’inspiration purement malgache datent d’Andrianampoinimerina ? Que les grands chantiers de canalisation, de digues, de lacs artificiels datent de la période coloniale ? - Canal des Pangalanes (1896) et du canal Andriantany, mis à dur épreuve aujourd’hui (1914-1932). De même les lacs artificiels comme Mantasoa (1936), Mandroseza, Ivato, Ambohibao qui datent plus ou moins de la même période ? Que seule l’impulsion des bailleurs de fonds par la suite a amené de modestes améliorations (Marais Masay, Apipa et consorts)?
Et pourtant, l’abondance de l’eau se fait sentir de manière de plus en plus aiguë, si ce n’est que par la destruction qu’elle emmène : routes pulvérisées, rizières détruites ou ensablées, rivières et donc eau dite potable boueuses. Ailleurs, l’eau est rare, sinon inexistante, conduisant à des périodes de sécheresse et de disette, que les observateurs caractérisent avec une certaine nonchalance de récurrentes, presque normales… On y fait face avec les vivres et les citernes d’eau, sans le moindre souci de solution pérenne.
Dans un pays comme le nôtre où la saison des pluies est prévisible, on ne construit pas (plus ?) les routes de manière à canaliser et évacuer l’eau. On tiptop, année après année, les mêmes trous créées par le même manque de drainage. Les zones irriguées sont maintenant inondées, tandis que le reste du pays qui attend la pluie du ciel pour planter le riz prie que les intempéries caractéristiques du mois de février seront absentes cette année. Les déversements des collines d’Antananarivo vers la plaine et donc vers le canal Andriantany et vers la rivière Ikopa sont exacerbés par la croissance de la population, le remblai et les constructions sur tout mètre carré disponible, arrachant au passage toute végétation qui pourrait retenir les eaux (et les boues par la suite).
Le potentiel hydroélectrique est inexploité. Les rizières irriguées ne drainent plus et sont inondées. Le nord se trouve sous l’eau et la RN4 coupée. Le sud est dans la sécheresse et le kere. Et tout cela sans un vrai cyclone de grande envergure depuis quelques années. Il ne s’agit pas de réparer et tiptopper le peu qui existe, il faut construire du grand et du nouveau. L’urgence n’est plus à prouver, mais où sont nos ingénieurs ? Nos visionnaires ? Nos dirigeants ?
Ps : Je sors de mon domaine de prédilection. J’espère inspirer un (ou des) spécialiste(s) en la matière à se prononcer sur le sujet.
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** Sahondra Rabenarivo est juriste, membre de l'Observatoire de la vie publique (Sefafi) à Madagascar
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