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Pour le cinquantenaire des indépendances en Afrique francophone, la France, ancienne puissance coloniale, s’est engagée à jouer sa partition. Notamment par l’organisation d’un sommet officiel des chefs d'État Afrique-France à Nice fin mai 2010 et par la présence, le 14 juillet 2010, des chefs d’État des anciennes colonies et des régiments de leurs armées, qui défileront sur les Champs-Elysées. Pour Survie, il n’y a pas meilleures illustrations des liens qui fondent la Françafrique, à travers «une politique de soutien inconditionnel aux entreprises françaises aux dépens de la démocratie et des droits humains».

Ce 23 février, 5 ans après la loi portant sur le rôle positif de la présence française outre-mer, Survie lance la campagne « Libérons-nous de 50 ans de Françafrique » afin de rétablir certaines vérités sur ces 50 ans d’ « indépendances » et de relations franco-africaines. En déclarant « 2010, année de l’Afrique », Nicolas Sarkozy prend le prétexte du cinquantenaire des indépendances africaines pour célébrer « l’achèvement d’une rénovation profonde de nos relations avec le continent africain ».

En fait d’achèvement, la « rénovation profonde » annoncée par Nicolas Sarkozy reste un vœu pieux. Des promesses de campagne sur la rupture avec la politique africaine de ses prédécesseurs, il ne reste au contraire qu’une politique de soutien inconditionnel aux entreprises françaises aux dépens de la démocratie et des droits humains. Rien qu’en 2009, la France a légitimé les coups d’État malgache et mauritanien et les hold-up électoraux gabonais, tunisiens et congolais, renvoyant le vœu présidentiel à un simple discours incantatoire.

L’année 2010, avec les élections présidentielles à venir notamment au Togo, au Burkina et au Rwanda, offre l’opportunité d’entamer enfin la rénovation promise en adoptant une véritable politique de promotion de la démocratie et de l’État de droit.

La volonté française d’organiser des « célébrations concertées » du cinquantenaire des indépendances africaines sera marquée par un sommet officiel des chefs d'État Afrique-France à Nice fin mai et également par la présence, le 14 juillet 2010, des chefs d’État des anciennes colonies et des régiments de leurs armées, qui défileront sur les Champs-Elysées. Voir parader ces dirigeants et leurs armées, responsables pour certains de crimes contre leur propre population, constitue un symbole désastreux pour les peuples africains et une offense aux valeurs républicaines.

Afin de dénoncer ces manœuvres de camouflage et la perpétuation par Nicolas Sarkozy d’une politique inacceptable, l’association Survie prévoit d’axer la campagne Libérons-nous de 50 ans de Françafrique autour des thèmes suivants :

- L’histoire des relations franco-africaines de 1960 à aujourd’hui

- La perpétuation de la Françafrique, désormais décomplexée avec Nicolas Sarkozy [1]

- Les propositions pour une autre relation entre la France et l’Afrique

Le « Moi(s) contre la Françafrique » permettra de développer ces thèmes lors de projections, conférences-débats, concerts, théâtre, tables de presse, organisés partout en France du 23 février au 7 avril 2010 par les 25 groupes locaux de Survie. Au niveau national, la campagne s'articulera également tout au long de l'année sur d’autres temps forts comme le Forum Citoyen France Afrique en mai à Paris avec de nombreuses associations françaises et africaines ; la diffusion d’un appel pour la fin de la Françafrique ; un colloque à l’Assemblée Nationale en juillet sur le contrôle de la politique de la France en Afrique.

Plus d’information sur le site de la campagne : http://www.afrique2010.fr/

NOTE

[1] Lire notamment Nicolas Sarkozy ou la Françafrique décomplexée,
Samuël Foutoyet, éditions Tribord, 2009

* Stéphanie Dubois de Prisque est chargée de communication de Survie

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