Homme le plus puissant - et le plus violent- du monde, Obama a été fait vedette des commémorations de la Marche sur Washington et du Dr Martin Luther King. En fait, les évènements de la commémoration du « Rêve » ont envoyé de par le monde un message qui rappelle que la lutte historique pour la justice sociale et la paix des Noirs n’était rien de plus qu’un stratagème pour accéder à une proximité du pouvoir.
Juste avant de lancer une nouvelle guerre non provoquée afin de préserver l’empire, Barack Obama s’est arrêté au Lincoln Memorial pour être la vedette des commémorations de la Marche sur Washington de 1963. Il a été rejoint par les anciens présidents Jimmy Carter et Bill Clinton, les hommes qui ont le plus englué le Parti Démocrate dans le camp des ploutocrates en vue d’obtenir les moyens de financer la campagne électorale d’un milliard de dollar qui a amené Barack Obama au pouvoir. Ils prétendaient être là pour manifester un respect solennel au mouvement qui a eu raison de l’Apartheid officiel des Etats-Unis. La vérité est qu’ils sont venus s’approprier, à l’occasion, un cadeau de la classe mal dirigeante noire, qui croit que rien n’a de valeur aussi longtemps qu’elle n’a pas été bénie et accaparée par le Pouvoir.
Personne ne se souviendra de ce qu’Al Sharpton aboyait lors du rassemblement de masse sur le Mall. Il n’a pas dit un mot qui n’ait été servilement conforme aux discours de la Maison Blanche.Pas plus que dans son rôle de pitbull et de surveillant en chef de l’administration, Sharpton n’a permis à ceux qui demandaient à prendre la parole d’articuler un mot qui pourrait perturber ses maîtres – par contre, des piques contre le camp Républicains du duopole des ploutocrates étaient acceptables.
Les commémorations avaient simplement été pour les Démocrates un moyen de rassembler. Comme le rassemblement "One Nation" qui a été monté sur le Mall par les mêmes acteurs, juste avant les élections pour le Congrès du mi-mandat en 2010, ce ne serait rien de plus qu’une des nombreuses peccadilles de la classe mal dirigeante noire. Toutefois, les évènements de cette commémoration ont envoyé de par le monde un message qui rappelle que la lutte historique pour la justice sociale et la paix des Noirs, n’était rien de plus qu’un stratagème pour accéder à une proximité du pouvoir.
Les pierres tombales des martyrs du Black Freedom Movement - des milliers- ont été réduites en pavés sur le chemin d’Obama vers la présidence. Dans la vision accaparatrice et étroite de Sharpton, la grande lutte des masses, il y a un demi siècle, n’était rien de plus que la ruée des Noirs, par-delà le cordon de sécurité, afin qu’ils puissent boire avec l’élite. Pas de transformation sociale, juste un changement de couleur. Pas de paix dans le monde, juste un morceau du gâteau impérial.
Le problème, bien sûr, n’est pas la vulgarité et la corruption de Sharpton, mais la vision du monde qu’il partage avec toute la cabale des mal dirigeants noirs. Simplement dit, ils n’ont jamais été d’accord avec Dr Martin Luther King sur la nécessité d’une "révolution" qui soit "d’envergure internationale" et qui contraindrait les Etats-Unis à se "repentir de leur impérialisme économique moderne", comme le souligne l’historien Paul Street. Ils ne partagent pas le "rêve" de transformation sociale. En effet, ils n’ont aucune vision centrale autre que de voir des individus afro-américains largement représentés dans les structures du pouvoir aux Etats-Unis : des titans noirs à Wall Street, des généraux noirs et, le grand prix, un président noir.
De ce point de vue, le "rêve" de la classe des mal dirigeants noirs s’est réalisé en 2008. Barack Obama est le grand prix, la victoire raciale qui doit être défendue à tout prix, à n’importe quel prix. L’effondrement de l’économie des Noirs, l’éviscération de la constitution, l’incarcération massive de Noirs, les guerres américaines multiples et constantes contre des peuples plus faibles, rien de tout cela ne peut ternir ou miner l’incarnation du progrès noir : Barack Obama. Raison pour laquelle il est parfaitement logique, pour Sharpton et Ben Jealous, ainsi que leurs semblables, qu’Obama soit la vedette des commémorations de la Marche sur Washington comme personnification et symbole du "rêve". C’est le rêve de ceux qui ne veulent rien de plus que de devenir des partenaires à part entière de l’impérialisme américain.
Il est inconcevable que Dr King doive partager la scène avec un président qui, en ce moment même, prépare une attaque sauvage et illégale contre un pays souverain. La voix de Dr King a été censurée et son rêve vandalisé, remballé et présenté comme un cadeau à un agent des ploutocrates qui a une liste noire
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** Glen Ford est le rédacteur exécutif de Black Agenda Report où cet article a d’abord été publié – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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